Changements ou révolution?
Les choses changent dans l’Église catholique et romaine. Un Argentin y a pris le contrôle politique et surtout éthique. Il donne un coup de balai à un immeuble de grande beauté rehaussé par les œuvres d’art des plus grands artistes de la Renaissance italienne. Ses locataires sont tout surpris de constater qu’il est possible de nettoyer les écuries d’Augias. Cette tâche démentielle a même surpris par son ampleur et ses dimensions Héraclès en personne qui dès le premier soir tomba raide de fatigue, d’inanition et d’épuisement.
On lave à grande eau
Tel n’est pas le cas du Pape François qui n’a pas souhaité détourner les eaux du Tibre pour laver à grande eau les sols en marbre de St Pierre mais redonner une santé et une leçon d’hygiène aux membres de la Curie. Ces dignes successeurs des premiers Chrétiens étaient tout remués de constater la beauté et l’éclat des écuries ainsi lavées de tous les péchés accumulés depuis tant d’années et se réjouirent de savoir que dorénavant, ils pourraient se réunir dans un environnement si merveilleusement décoré.
Leçons de la Chapelle Sixtine
On y découvrait l’alliance de l’homme avec Dieu et, dans une annexe, le parcours de l’homme dans son itinéraire devant son Dieu. Il peut osciller entre la chute dans les flammes de l’enfer et la montée vers le paradis aux côtés de Dieu. De cet extraordinaire édifice, le dernier Pape venu de la lointaine Argentine et qui n’est pas nécessairement un footballeur, a pris possession du Vatican et de la Curie romaine. Il le fait plus par l’esprit que par des chaussures Adidas et davantage par un esprit d’organisation aussi solide que les fondations de la basilique que par les bruits de couloir et les négociations entre cardinaux pour choisir un nouveau Pape en tant que de besoin.
Les choix
Les collaborateurs du Pape sont étonnés de la vigueur de la foi de leur nouveau chef et plus encore de la politique qu’il entend mener à la tête de cette organisation de renommée mondiale touchant plus d’un milliard d’âmes confrontées à des conflits, des dissensions internes et des problèmes multiples touchant aux questions théologiques, à la foi et plus encore à la justice des hommes. Le pape François vient d’établir un " catalogue de quinze maladies " pour définir ce qui se passe à la curie. Il en donne toutes les caractéristiques d'une secte citant " La maladie du blocage mental ", " la maladie de l'indifférence au monde extérieur ", " la maladie des cercles fermés ", " la maladie de divinisation des chefs ", " la maladie de tout cumuler ", " la maladie de la zizanie comme Satan ".
La révolution théologique
Le pape souhaite réaliser une révolution théologique dont l’enjeu est de remettre le message de Jésus aux mains d'une élite institutionnelle pour le salut des hommes et une révolution grégorienne suivie d'une autre révolution, en réaction : la révolution franciscaine qui consiste en l'exact opposé, celui de disposer d’une institution qui ne peut être qu'au service de l'Evangile. N’oublions jamais que François est un jésuite. Il fait partie de la Compagnie de Jésus qui a traversé un demi-millénaire, certes auréolée de vrais et faux mystères, de soupçons et d’intrigues mais portée par la foi et l’énergie.
Une compagnie ou un commando?
A ce titre, ils ont joué avec application, opportunisme et obstination des rôles variés depuis ceux d’agents du papisme, d’éducateurs des élites et d’acteurs d’une croisade inlassablement recommencée pour la plus grande gloire de Dieu. Cette énergie farouche pourra-t-elle modifier, sinon révolutionner les structures et le fonctionnement de l’Église au profit de cette avant-garde, compagnie d’élite dont les audaces – et celle qui se déroule devant nos yeux n’est pas la moindre – marquent en profondeur l’histoire de notre civilisation.