hernando calvo ospina (avatar)

hernando calvo ospina

Journaliste, écrivain et réalisateur

Abonné·e de Mediapart

192 Billets

0 Édition

Billet de blog 30 juillet 2025

hernando calvo ospina (avatar)

hernando calvo ospina

Journaliste, écrivain et réalisateur

Abonné·e de Mediapart

Où est passé ce que l'OTAN a volé ?

En jouant le rôle du cynique, j'ai dit et répété : je pourrais être d'accord avec les invasions militaires des États-Unis et de leurs partenaires de l'OTAN, qui après avoir tué des millions de personnes se sont emparés des richesses incalculables de pays comme l'Afghanistan, l'Irak, la Libye, la Syrie, le Yémen, la Somalie...

hernando calvo ospina (avatar)

hernando calvo ospina

Journaliste, écrivain et réalisateur

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Oui, étant cynique, je répète, je pourrais être d'accord, mais où sont les milliers, de milliers et de milliers de dollars qui ont été spoliés dans ces pays et d'autres au cours des 30 dernières années, pour ne pas remonter plus loin ?

La question est valable pour une raison simple et concrète : la pauvreté dans les principaux pays de l'OTAN, à commencer par les États-Unis, ne cesse d'augmenter. Plus ils envahissent et tuent, sous prétexte de porter la démocratie et les droits humains, plus d'êtres dorment et meurent dans leurs rues froides. Des décès qui ne sont mentionnés que dans les statistiques annuelles de certaines organisations et brièvement repris par les grands médias : elles ne se vendent pas mais ils dérangent.

Pour écrire sur la pauvreté aux États-Unis, il faut du temps et de l'espace, car il y a beaucoup de matériel : 340 millions d'habitants, dont près de 40 millions vivent dans la pauvreté, soit environ 12% de la population. Sans compter les « conditions critiques », ou misère absolue, de plusieurs millions d'autres dont on ignore le nombre exact, mais qui vivent dans la rue, dans le métro, où ils peuvent, ou bien où on les laisse. Malgré le fait d'être le principal voleur de richesses au monde, la pauvreté et la misère dans la première économie mondiale sont très élevées comparées aux autres pays riches. Cela s'explique principalement parce que les États-Unis ont une plus grande inégalité économique et sociale, avec un filet de sécurité sociale bien moindre que d'autres nations développées.

Cette fois-ci, je veux aborder la pauvreté qui galope sans frein dans de nombreux pays européens, une pauvreté qui semblait sous contrôle jusqu'à ce qu'il y a quelques jours on apprenne que la France, membre important de l'OTAN et l'une des principales économies mondiales, est au bord de la faillite selon son propre Premier ministre.

Cela m'a surpris car le gouvernement du président Macron est décidé à investir 5% du PIB dans les armements, supposément pour se défendre contre la Russie, alors que ce pays n'a jamais montré l'intention d'attaquer l'Europe, après l'Ukraine. La France n'est pas seule à devoir faire cet investissement multimilliardaire : Trump a exigé que tous les membres de l'OTAN le fassent, car les États-Unis ne pouvaient plus les "protéger". Et une grande partie des armes à acheter viendra du complexe militaire étasunien . Un coup de maître pour l'économie étasunienne. Les Européens ont tenté de protester, mais cela ne reste que des gesticulations.

La pauvreté en France et dans d'autres pays européens n'est pas nouvelle, même si elle continue de surprendre. Le troc de faveurs sexuelles d'étudiantes en université contre une chambre à vivre n'est plus un scandale. La prostitution d'étudiants, hommes et femmes, pour survivre non plus. Il est devenu normal que même les universitaires fassent la queue pour quelques repas quotidiens. Il est presque normal d'entendre que de nombreux travailleurs avec leurs familles doivent dormir sous des tentes ou dans leurs véhicules, car cela a cessé d'être un sujet dans les médias, puisqu'il déplaît au public.

Ce ne sont plus seulement des Syriens, des Afghans ou d'autres nationalités envahies et déstabilisées par l'OTAN qui demandent l'aumône ou lavent les pare-brise aux feux rouges : peu à peu, Allemands, Italiens ou Français leur font concurrence.

La droite et l'extrême droite, comme l'histoire l'a toujours montré, profitent de cette situation pour faire grandir la phobie des étrangers, les accusant d'être responsables des maux économiques et du chômage. Aux États-Unis, comme je l'ai écrit dans un article précédent, les Chinois furent persécutés et assassinés de la moitié du XIXe siècle jusqu'au XXe siècle avancé, parce qu'ils volaient le travail des « blancs ». En Europe aussi, pendant des siècles, les Juifs étaient persécutés et expulsés en masse. Hitler n'a pas inventé cette persécution. Depuis des siècles, les Arabes sont aussi persécutés et tués pour la même raison. On tire même en haute mer sur les Les Africains, qui viennent chercher ce que les Européens leur ont volé pendant des siècles, pour empêcher leurs embarcations d'atteindre les côtes européennes. 

Il faut arrêter l’immigration pour que l'économie s'améliore, dit-on à la Maison-Blanche et l'Union Européenne le répète. Mais qui fera le travail que les migrants accomplissent pour quelques pièces ? Sans eux, ces nations riches s'effondreraient totalement, car leurs fondations ne tiennent pas : elles sont basées sur le vol, y compris celui des bras humains. Un vol commencé avec les premiers Africains esclaves vers les « nouvelles terres », alors que les Européens colonisaient violemment d'autres nations développées de ce continent. Sans parler du vol, en quantités inimaginables, des trésors d'Amérique latine et des Caraïbes. Sans ce vol sanglant, aucune révolution industrielle ni capitalisme n'auraient pu avoir lieu. Sans ce vol, la majorité des Européens auraient disparu au XVIe siècle, alors que la faim régnait partout.


Le système, basé sur le vol et la mort, détruit aujourd'hui des millions de citoyens européens. On le voit dans les rues de tant de villes, où l'on entasse jusqu'à des familles qui dorment dans des cartons en plein hiver terrible. Quelques exemples :
Italie. Près de 60 millions d'habitants. En 2023, 22% de pauvres ou "exclus sociaux". En 2024,  23,3%, soit près de 14 millions de personnes.

Allemagne. 83 millions d'habitants. La "machine industrielle" de l'Europe a fini l’année 2024 avec 15,5% de sa population dans la pauvreté : une hausse de 1,1 point par rapport à 2023 (14,4%). Près de 13 millions de pauvres l'an dernier, sans espoir que cela s’inverse.

France. Presque 70 millions d'habitants. De 14,4% de pauvres en 2022 à 15,4% en 2023. Et récemment annoncé : 19% en 2024. Des chiffres presque semblables à ceux de la Colombie avec la même quantité d'habitants !

En 2024, l'Espagne a atteint un indice de misère en Europe bien au-dessus de ceux du Portugal et de l'Italie. La détérioration économique est aussi visible dans les indicateurs sociaux : elle est désormais le triste leader de la pauvreté infantile dans l'UE, avec 14,7%, soit près d'un million d'enfants en situation précaire. Et 26,5% de la population.

Les pays européens avec le plus haut pourcentage de population dans la pauvreté ou la misère sont la Roumanie (32%), la Bulgarie (30%), l'Espagne (27%) et la Grèce (26%).

L'Union Européenne compte près de 450 millions d'habitants. Parmi eux, 21% sont dans la pauvreté ou la misère. Soit un cinquième.

Aucun dirigeant de l'Union Européenne ne parle d'investir dans le social, au contraire : la fermeture d'hôpitaux, de classes, les coupes dans la culture et l'éducation augmentent rapidement. Tous, absolument tous, parlent du 5% du PIB à retirer des poches et des retraites des citoyens pour investir dans des armes achetées aux États-Unis : pour se protéger d'un fantôme russe qu'on leur a fait croire la « bête » de Washington.

Et je ne cesse de me demander : où sont, à quoi servent ces richesses pharaoniques que l'OTAN a volées dans tant de pays durant ces 30 dernières années ?

Fuente original del articulo:  Hernando Calvo Ospina analiza el manejo financiero irregular de la OTAN

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.