France, Europe et vie.
Trois mots du printemps électoral du président-sortant-candidat à Villepinte.
Rien n’a changé. Rien. Nicolas Sarkozy était réactionnaire et ultra droitiste il y a 30 ans, il l’était en 2007 et continue de l’être après son discours de Marseille et celui de Villepinte. Je l’entends, ou plutôt je l’imagine : « mais RV’, est-ce être réactionnaire et ultra comme vous dites que d’aimer son pays, la France ? Non ! Nous sommes bien d’accord. Et pour ce qui est de l’Europe, permettez-moi… ».
Dans son discours de Villepinte, Europe, sur une échelle de 1 à 10, ne se trouve qu’à 3, l’exact niveau de préoccupation dont le programme de l’UMP de 2012 fait état à son égard. Le mot était totalement absent du discours de Marseille. On ne change pas, on prend le programme et on le met en « vie » jour après jour. On avance. C’est le rouleau compresseur devant lequel tout doit disparaître. La liste est déjà impressionnante. Frédéric Nihous, Christine Boutin et Hervé Morin. Pour ceux qui me restent en mémoire.
Il y a quelques jours, quand on lui demandait s’il ne trouvait pas que la campagne de Nicolas Sarkozy se droitisait, Jean-Pierre Raffarin a simplement répondu : « il doit d’abord réunir tout son camp dans un premier temps, toute la droite, pour rassembler tous les Français autour de lui».
Le discours de Villepinte vaut tous les programmes. D’autres suivront. Ils permettent une adaptation aux circonstances, alors que projets et programmes sont par définition des espaces bornés. En terme comptable, le discours de Villepinte se place juste après le texte programme de Marine Le Pen qui est le plus gros consommateur de mots ; il est aussi cinq fois plus lourd que celui de Marseille, et six fois plus encore, si on le compare au projet de François Hollande. En outre, la forme en question représente parfaitement la personnalité du président-sortant-candidat qui veut qu’on le ressente comme un homme pragmatique.
Et Vie. Putain de mot. Faut oser ! C’est autre chose que Europe. Et ça, c’est tout chaud, tout nouveau, dans la bouche de Nicolas Sarkozy. L’enfant qui est né n’est pas loin des caméras. Attention, scoop ! Le mot revient près de quarante fois. En comparaison, écologie, contraception, précarité, ou encore ceux que privilégiaient les classes populaires dans une enquête d’opinion de février, à savoir, insécurité, protection sociale, santé ou pouvoir d’achat, ont à peine atteint les 2 occurrences.
32143 mots lancés à la foule de Villepinte, et pas un qui soit dédié aux droits de l’Homme. Il n’y a que emploi qui atteint 10 occurrences. Loin, malgré tout, du résultat obtenu par le mot vie, 38, ou France, 75, et Europe, 61. C’est davantage vers Christine Boutin qu’il se tourne, plus que vers Marine Le Pen. C’est du lourd. Jean-Pierre Raffarin l’a dit. Il faut rassembler. Mais entre nous, quelle perversité ! On est loin du débat que nous, Hommes du commun, nous souhaitons.
Alors, quels mots pour demain ?
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