Inédit, grave, inacceptable
Comment accepter que dans un régime dit démocratique, le
pouvoir politique se retrouve en quelques heures détenteur de
toute l’histoire, des correspondances, des échanges de mails, des
noms et adresses de militants appartenant à un mouvement
politique républicain ?
Comment dès lors ne pas penser qu’une perquisition, mobilisant
une centaine de policiers au siège du principal mouvement
d’opposition et aux domiciles d’une quinzaine de ses dirigeants et
collaborateurs n’ait pas été instrumentalisée par le pouvoir
politique ?
La centaine de policiers mobilisés, équipés de gilets pare-balles
craignaient–ils de se voir mitraillés par des tireurs d’élite insoumis
postés aux fenêtres … ?
Comment ne pas s’inquiéter devant la toute puissance du parquet
(et donc du Ministère de la Justice) dans une affaire où aux dires
même de la Procureur de la République : « nous n’en sommes pas
encore aux indices graves et concordants » pour ordonner une
instruction judiciaire !!
Comment ne pas penser que ces mesures disproportionnées et
arbitraires n’aient pas pour objectif de déstabiliser et d’abattre un
homme, un mouvement politique.
Comment ne pas s’étonner que la plupart des grands médias
aient omis de mettre cette grave atteinte aux libertés
démocratiques au centre de leurs articles d’information et
commentaires ?
Nous avons été impressionnés par la pugnacité dont a fait preuve
Jean-Luc Mélenchon en diffusant sur les réseaux sociaux la
perquisition en cours à son domicile, en tentant de surmonter son
humiliation, avec une très forte émotion.
Sa déclaration au seuil du mouvement de la France Insoumise, sur
le caractère sacré des représentants du peuple ne nous a pas
gênés, elle était de circonstance.
Sa grandiloquence est contestée. Mais c’est la façon d’être de cet
homme, on peut détester ou peut-être en sourire ou ne pas
comprendre les références historiques. Mais, cela change du
langage codé de nos gestionnaires et autres manieurs de langue
de bois.
C’est réconfortant pour certains, insupportable pour d’autres, de
voir ensuite un homme politique de notre temps donner de sa
personne et de sa voix, au coude à coude avec ses amis députés,
pour forcer le passage et avoir accès au local de son mouvement
qu’on voulait lui interdire de façon illégitime.
Comment comprendre que nous avons entendu à longueur de
journée des débats à n’en plus finir centrés principalement sur le
comportement de JL Mélenchon !!
Fallait-il par tous les moyens masquer le fond de cette affaire,
c’est-à-dire une grave atteinte aux libertés démocratiques ?
Nous ne sommes pas d’accord avec Jean-Luc Mélenchon lorsqu’il
lance aux journalistes de la cellule d’investigation France Info/Inter
qu’ils sont des abrutis. Cela ne correspond sûrement pas à la
réalité. Ce sont des gens intelligents. On doit supposer que leur
enquête à charge sur Madame Chikirou était déjà prête et qu’il
manquait seulement le bon créneau pour la diffuser.
Quoi de mieux en effet que le lendemain des perquisitions ?
Dire que ces journalistes sont des menteurs ou des tricheurs ne
pourra être acceptable qu’une fois les preuves apportées que les
surfacturations n’existent pas.
Les chauds énervements de Jean-Luc Mélenchon nous choquent
bien moins que ceux, glacés, d’Emmanuel Macron qui répond
agacé qu’il suffit de « traverser la rue pour trouver un emploi » ou
qui s’emporte sur « le pognon de dingue » dépensé dans le
secteur social.
Au total, sans donner notre assentiment à tout ce que dit ou fait
Jean-Luc Mélenchon, nous comprenons sa colère, respectons son
courage politique et voulons manifester notre solidarité.
Hervé Bokobza (Montpellier) - Olivier Jospin (Nyons)