Libre expression dans un climat pesant
L'équipe présidentielle s'est mise en porte à faux avec beaucoup d'institutions, Sénat, police, gendarmerie, armée, et j'en passe. C'est l'armée qui est essentielle dans le dénouement de ce qui commence à apparaître comme une crise de régime, analogue à celle de 1958. Bien entendu il n'y a pas la guerre d'Algérie, mais elle est tellement présente à l'arrière plan du rapport de l'armée aux institutions civiles, et j'ai l'impression, très subjective certes, qu'une grande partie de l'armée vit la situation actuelle comme un abandon réitérant le grand abandon de l'Algérie. Macron étant le maillon faible dans la continuité républicaine, on peut très bien se retrouver avec un coup militaire suspendu, pour mettre en place une politique de "salut national". Sans De Gaulle pour suturer la faille. La gauche est très faible, les socialistes discrédités, l'attente d'ordre et de changement à la fois latente dans une grande partie de la population et très confuse. La droite nationaliste, LR et FN peut mettre en veilleuse son ultra libéralisme foncier quelque temps. Elle est la seule force qui puisse profiter de l'inapplicabilité du programme Macron, qu'il ait été élu ne change rien à inapplicabilité de son programme. Ce n'est pas une opinion ou un désir, c'est un fait. Il dispose toujours de son " bloc bourgeois", du premier tour mais dont la composante bourgeoise n'est pas stable. Elle peut virer 'salut public' en un rien de temps. Le ralliement du PS repeint par Glucksmann et de EELV réorienté par Jadot n'y changerait rien. Tout cela craquerait sous les forces profondes qui vont bien au delà du corps électoral qui s'exprime. Quant à la gauche, elle serait la mouche du coche, sautillant à défendre la République avec Macron et Hollande en travers de la gorge. Bien entendu la condition du coup, c'est le chaos, et là il y a les impondérables, les accidents, les causes adjacentes qui produisent les points de bascule. Macron est une crapule intelligente pour les affaires de fric mais c'est un nullard politique, il est en train de se faire rouler dans la farine, instrumentaliser par plus fort et plus puissant que lui. Strazione, strazione, v'là le clairon qui sonne ... Quoi c'est pas beau la musique ?
Hervé Sciardet