HerveLeCrosnier (avatar)

HerveLeCrosnier

Enseignant chercheur à l'Université de Caen

Abonné·e de Mediapart

15 Billets

0 Édition

Billet de blog 2 octobre 2014

HerveLeCrosnier (avatar)

HerveLeCrosnier

Enseignant chercheur à l'Université de Caen

Abonné·e de Mediapart

Patrimoine, Musées et biens communs

Aujourd'hui, le Musée d'Orsay vous propose de constituer le patrimoine comme un bien commun. En effet, il demande, via le système de financement participatif Ulule, une participation pour la restauration du tableau de Gustave Courbet "L'atelier du peintre" .

HerveLeCrosnier (avatar)

HerveLeCrosnier

Enseignant chercheur à l'Université de Caen

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Aujourd'hui, le Musée d'Orsay vous propose de constituer le patrimoine comme un bien commun. En effet, il demande, via le système de financement participatif Ulule, une participation pour la restauration du tableau de Gustave Courbet "L'atelier du peintre" .
 

    J'adore Courbet, sa peinture, comme son engagement politique
    lors de la Commune de Paris. Je n'aurais aucun problème à
    verser quelque chose pour restaurer le magnifique tableau.

    Mais,... si les gens participent, il convient de rendre
    au public les usages secondaires de cette œuvre, qui
    rappelons le appartient au domaine public.

    De ceci, il n'est pas question dans la page de présentation
    de l'appel au financement participatif. Au contraire, il
    est bien précisé que :
-------------------------
Crédits Photographiques :

Gustave Courbet (1819-1877), L'Atelier du peintre, allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique et morale, Entre 1854 et 1855,
Huile sur toile, H. 3,61m x L. 5,98m ,
© RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
--------------------------

    C'est déjà fort de copyfraud de considérer que la RMN (Réunion
    des Musées Nationaux)  aurait un copyright sur Courbet... mais
    en plus demander une participation publique pour renforcer cet
    abus me semble inacceptable.

    Ajoutons que l’État va participer aux deux tiers de cette
    restauration de 600 000 euros au travers des réductions
    d'impôts. Au total, on cherche donc 200 000 euros, puisque
    l’État est déjà prêt à abonder du reste.

    Les réductions d'impôts sont une bonne manière de
    permettre aux citoyens d'orienter les dépenses publiques vers
    des œuvres d'intérêt général qu'ils soutiennent... en
    l'occurence, c'est compréhensible ici comme service de choix
    de la dépense publique par les citoyens. C'est justement une
    des bonnes méthodes pour passer du service public (qui
    choisi la répartition de l'impôt) vers un bien commun
    dans lequel les acteurs ont voix au chapitre.

    Mais la moindre des choses serait de rendre au public autre
    chose que des "cartes pass" à bon prix (une fois déduite la
    participation de 2/3 de l'État au travers des réductions
    d'impôts) et l'affichage du nom des donateurs sur Facebook.

    Comme ce genre d'opération va se multiplier, ne devrions-nous
    pas exiger que l'ensemble des droits sur les reproductions
    de ces œuvres aidées soient directement posées dans
    le domaine public ?

    Le Musée ferait mieux d'offrir des reproductions à tous les
    niveaux de qualité, des analyses de l’œuvre et des moyens
    de faire connaître ce chef-d’œuvre le plus largement possible ?
    On verrait certainement des soutiens découler de cette
    véritable "valorisation du patrimoine" qu'est l'usage
    collectif.

Hervé Le Crosnier
Caen, le 2 octobre 2014
Licence Creative Commons by

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.