Il ne faut pas lire Les Inrocks le soir. Ça peut vous mettre dans des états... Dans le numéro d'aujourd'hui une interview de Jimmy Page. Rien de vraiment spécial, si ce n'est cette courte annonce... qu'il y aurait des extraits du concert donné par Led Zep à l'Olympia en 1969 dans la « ré-édition » qui paraîtra la semaine prochaine des magiques premiers albums.
Quoi, ce concert mythique, diffusé à l'époque par les « musicorama » d'Europe 1, que j'avais enregistré, le micro de mon magnétophone à cassettes collé sur le haut parleur de mon transistor, un petit truc qui tenait dans la main. Son plus pourri tu meurs... mais quel concert. « Black Mountain Side », Page tout seul sur son tabouret dans un délire de guitare qu'on croirait du sitar. Et cette version terrible de « How Many More Times »... la voix de Plant, la batterie de Bonzo. Combien de fois ai-je pu ré-écouter cette cassette, qui a finie usée jusqu'à la corde, certainement cassée puis recollé, puis rembobinée à la mano.
Et me voilà grosjean comme devant à penser que je vais finir par verser mon obole à l'industrie pour acheter une nouvelle fois la ré-édition, pour écouter encore ces morceaux... même si, n'étant pas dans le secret des dieux du rock-journalisme je ne sais pas encore s'ils seront vraiment dans le CD... oups pardon, il y a une version vinyl qui aura ma préférence évidemment.
Quand je pense que Laurent Chalumeau, qui a pourtant bon goût en général dans son livre d'époque expliquait la naissance de Led Zep par le fait que les « blancs » ne savaient pas swinger, balancer, avoir le soul... Mais cette voix-caresse, cette guitare en flammes... laisse tomber le swing, concentre toi sur le jus de citron qui coule le long de la jambe dans cette merveille perverse du second album.
C'est plus fort que moi, penser à Led Zep c'est comme revivre. Y'a que Hendrix et Dylan qui me font les mêmes frissons dans la colonne vertébrale.
J'ai vu une vidéo d'une de leur tournée sur le retour... La voix de Robert, et surtout le plaisir si intense et manifeste d'un Page de plus de soixante ans qui rejoue les airs/hymnes de sa jeunesse... et qui sourit. Un visage qui dit simplement le plaisir. Le voir d'un seul coup rajeunir et s'amuser avec les cordes. Loin des retrouvailles laborieuses, juste le sentiment que cela valait le coup de pousser les notes, tirer les cordes et faire résonner la voix et la guitare, certainement pour la cent millième fois pour eux, pour la cent millième fois pour moi... et alors ? Juste ce sourire de plaisir qui répondait à mon sourire de plaisir.
Dans son uchronie fabuleuse, « Le temps du Twist », Joel Houssin nous fait vivre un monde dans lequel un voyou du futur venait briser la guitare de Jimmy Page à quinze ans... qui par dépit devenait peintre. Un acte entraînant le monde sur une tout autre trajectoire, dans laquelle le MC5 serait un groupe de folk.
Mais non, dans notre monde à nous, les cordes (vocales/de guitare) ont pris le pouvoir, et c'est pour toujours que je continuerai à vibrer sur... non, pas de titre, ce serait forcément trop restrictif... bref sur tous les morceaux des trois premiers albums. A toute heure du jour et de la nuit.