En ce temps-là, le règne de l'argent n'était qu'un scandale.
Juste un scandale. Rien qu'un scandale. L'affaire du nouveau yacht du roi des Belges est, à ce titre, exemplaire, et, somme toute, assez banale. Dans nos contrées, il semble bien que le règne de l'argent soit une affaire entendue, bref, un scandale. Un scandale, ce n'est pas grand-chose, mais ça fait toujours plaisir. A qui ? Aux journalistes, par exemple, qui, en le dénonçant, font la preuve de leur courage. Un scandale passe, comme une mauvaise fièvre. Un autre scandale suit, qui, à son tour, passe. C'est la routine. On s'offusque, on dénonce, on se scandalise soi-même. Le règne de l'argent est, selon les spécialistes des débordements en tous genres, particulièrement scandaleux lorsqu'il se manifeste par des dépenses somptuaires et illégitimes, pratiquées par de mauvais sujets, sans morale aucune, et dont on ne peut imputer la responsabilité au bon vieux système capitaliste, qui, de son côté, fait ce qu'il peut pour se maintenir ; ces mauvais sujets, qu'il faut ou faudra, un jour ou l'autre, réprimander sévèrement, ne méritent pas le nom de capitalistes. C'est le discours officiel, venu du centre des débordements, et que relaient, avec complaisance, la plupart des médias.
En ce temps-là, qui voyait le désert ?