Extrait :
"Ancien professeur de lettres à Lamballe, le très secret Marcel Dirou a laissé derrière lui une oeuvre totalement méconnue. Au décés du Carantécois, en 2009, 2.500 peintures et dessins ont été découverts. La plupart ont été acquis par le Briochin Hervé Le Roch qui cherche désormais à faire connaître cet artiste ignoré au talent insoupçonné."
Ronan Tanguy, 2.500 oeuvres sorties de nulle part !, Le Télégramme, Vendredi 30 mai 2014.
""Un homme solitaire."
Mais qui était vraiment Marcel Dirou ? Au fil de ses recherches, Hervé Le Roch a découvert, en partie, qui se cachait derrière ce personnage énigmatique. "Il n'avait ni femme, ni enfant, ni permis de conduire. Il était très solitaire et très discret", révèle le collectionneur briochin en évoquant le peintre indissociable de Carantec.
Son père déporté.
"Son père, Jean-Louis, fut premier adjoint au maire de la commune. Durant la Seconde Guerre mondiale, alors qu'il faisait des faux papiers, il avait été dénoncé en 1942, l'année de naissance de son fils Marcel. Il avait alors été déporté. Avant de mourir en 1945", décrit Hervé Le Roch, en ajoutant qu'une rue de Carantec porte le nom de Jean-Louis Dirou.
"Sa souffrance nous rend parfois mal à l'aise."
Selon le passionné d'art, c'est la disparition de son père qui a entraîné le goût de la peinture chez Marcel Dirou, enfant surprotégé qui a été élevé par sa mère (décédée en 2003) et ses deux tantes. "Il a constamment recherché à découvrir l'histoire de son père. C'est cette souffrance ressentie au cours de son enfance qu'il exprime dans ses toiles. Elle nous rend parfois mal à l'aise. Mais c'est la peinture qui l'a sauvé."
Sa mère savait-elle ?
Marcel Dirou, dont le premier dessin remonte à 1969, à l'époque où il se trouvait en Tunisie, rentrait très régulièrement de Lamballe à Carantec voir sa mère. "Savait-elle qu'il peignait ? Difficile à dire. Quand les gens lui demandaient où était son fils, elle répondait toujours qu'il était en haut en train de lire ou d'écouter la radio", raconte Hervé Le Roch.
Une seule toile avec une femme.
Une seule toile représente une femme. Elle est assise dans un canapé, seule. "Je pense qu'il s'agit de sa mère", conclut le collectionneur."
Ronan Tanguy, Marcel Dirou, fils de résistant carantécois, Le Télégramme, Vendredi 30 mai 2014.
L'invisibilité, ce mystère.
Cela dit, non, 2500 oeuvres ne sortent pas de nulle part et ne viennent pas de nulle part.
Rappelons que, de son vivant, Vincent Van Gogh ne vendit qu'une oeuvre. Ce qui fit dire au psychiatre François-Joachim Beer qu'il était un très mauvais gestionnaire.
Rappelons que Jeff Koons est un bon gestionnaire.
Rappelons que François Pinault est un homme d'affaires.
Rappelons que le capitalisme et le marché de l'art ne sont pas tendres avec les artistes.
Comprenons que les artistes se cachent (autant que faire se peut).