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Billet de blog 3 avril 2016

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BARCELONA - L’Art Contemporain Vu par Hilde Teerlinck : Carlos Pazos

LE COME-BACK ETERNEL Ce fut un vrai plaisir de découvrir à la galerie DNA de Barcelone les œuvres récentes de l’artiste Catalan Carles Pazos. Il s’agit pour lui d’un retour à ces origines. L’exposition qu’il présente est composée de collages, installations et la projection d’un film.

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Illustration 1
Carlos Pazos - Naufragios Recientes

Cette dernière œuvre, intitulée ‘ARTISS !MA’ est sans doute la pièce la plus surprenante de l’exposition. L’artiste lui même la définit comme un « collage à lire ».  De fait, il s’agit d’un suivi de fragments de blockbusters dont les protagonistes parlent ou discutent pendant un certain moment sur l’art ou la littérature. Le film, d’une durée de deux heures et demi, est un assemblage de scènes parfois hilarantes où l’on passe de Woody Allen à Pedro Almodovar ou en passant par des films nostalgiques des années cinquante.

Cette œuvre pose des questions sur les droits d’auteurs. 
 Cela engendrerait certainement beaucoup de procès. Et l’artiste lui-même (conscient de cette possibilité) s’en moque, expliquant que ce serait la meilleure publicité qu’il pourrait imaginer.  Un cirque médiatique incroyable est alors prévisible.

Car voici sans doute le vrai secret et la charme de Pazos. Depuis le début de sa carrière il s’est vendu comme une vrai star, un personnage public et un dandy excentrique.

Illustration 2
Carlos Pazos - Naufragios Recientes

Les autres pièces de l’exposition ont un point en commun : le naufrage.  L’artiste le déclare avec humour : il se voit comme quelqu’un qui voyage de désastre en désastre, mais qui réussit toujours à survivre, malgré tous les accidents et toutes les péripéties rencontrées.

Dans l’exposition de la galerie DNA, il y a au moins six navires qui sont montrés comme des souvenirs d’une terrible tempête. Les raisons sont parfois évidentes : comme l’accumulation de bouteilles vides de Ricard à côté d’un bateau français dont on parvient vite à recréer une histoire archétypale d’un individu à la capitaine Haddock (compagnon de Tintin), connu pour se promener toujours ivre.

Un autre détail humoristique est ce que l’artiste a prévu pour les employées de la galerie. Le jour du vernissage elles portaient toutes un joli T-shirt avec l’inscription « Carlos Pazos Fan Club ».  De nouveau, un clin d’œil de l’artiste à ce rêve que beaucoup de créateurs partagent de se convertir en vraie ‘vedette’ est lancé.

Le reste des collages est plus graphique et nous rappellent le travail d’auteurs comme Joan Brossa (célèbre poète visuel catalan), Marcel Mariën (obscur mais illustre surréaliste belge), alors que les quelques installations (plutôt modestes pour le style de Pazos – qui aime parfois les coups de théâtre) nous renvoient aux ready-mades de Duchamp, Man Ray ou encore Salvador Dali. 

Sans doute l’air de Collioure doit avoir un effet sur l’esprit créateur de l’artiste.

En tout cas, je vous recommande vivement une visite de cette exposition.  Il est rare de pouvoir visiter des présentations qui font sourire grâce à leur intelligence et à des jeux intellectuels subtiles et amusants à la fois.

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