« Pour le parfait flâneur, pour l’observateur passionné, c’est une immense jouissance que d’élire domicile dans le nombre, dans l’ondoyant, dans le mouvement, dans le fugitif et l’infini. » (1)
Le Palais de Tokyo, en partenariat avec la Fondation Pierre Bergé, a choisi cette année d’inviter le visiteur de la Biennale de Lyon à découvrir de nouveau une sélection de jeunes artistes français ou résidents en France. Au détour d’un parcours conçu comme une « promenade », les spectateurs pourront flâner à travers l’espace d’une gigantesque friche industrielle à l’abandon, située tout près de la Sucrerie.

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Au cours des dernières années, l’endroit a manifestement été le terrain de concours de paintball, en attestent les impacts colorés qui ornent toujours les murs intérieurs de l’usine, preuve vive de ce passé plutôt agité. Néanmoins, en choisissant ce lieu extraordinaire, l'ambition de Hilde Teerlinck et de son équipe est d’entrainer le public dans une toute autre aventure ; plus onirique, poétique et littéraire.
Par l’implantation dans ce paysage post-industriel d’œuvres aussi variées que des installations, des projections vidéo, des sculptures, nous ouvrons le champ des possibles et désirons offrir une chance unique de s’y balader paisiblement, tout en en appréciant pleinement toute la portée sensitive. Les impressions seront sans doute très diverses, différentes d’un moment à l’autre et parfois, Hilde teerlinck l'espère, surprenantes.
Plongé au cœur d’une ambiance chargée de suspens, atmosphère électrique, une attente spécifique se dessine. Chaque promeneur se retrouvera amené à déambuler parmi la foule, parmi les inconnus, dans un cadre exceptionnel, entouré par une quantité d’objets identifiés et pourtant difficiles à définir. S’impose alors l’impératif de « dégager de la mode ce qu’elle peut contenir de poétique dans l’historique, de tirer l’éternel du transitoire » (1).

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Il s’agit d’une recherche libre entre des propositions très diverses -une dizaine de points de vue divergents-, avec parfois des connotations et réflexions clairement urbanistes ou architecturales. Grâce à cette appréhension du paysage et de la nature dans toutes leurs spécifiés, une attention se porte sur l’environnent et incite à une prise de conscience écologique. Certains discours ne cacheront également pas un ton plus critique ou socio-politique. Plusieurs artistes choisiront de créer des installations in situ autour de problématiques liées à l’espace, mettant ainsi l’accent sur le caractère atypique et impressionnant du lieu d’exposition. D’autres nous surprendront avec des performances éphémères, comme celle de Marie Luce Nadal, réalisée en direct et avec des insectes ; une action définie comme « une expérience inédite de dressage pour l’homme » par l’artiste elle-même.
Car c’est bien là que réside le vrai rêve du ‘parfait flâneur’ ; au centre de l’action, présent et absent à la fois, méditatif et observateur :

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« Être hors de chez soi, et pourtant se sentir partout chez soi ; voir le monde, être au centre du monde et rester caché au monde, tels sont quelques-uns des moindres plaisirs de ces esprits indépendants, passionnés, impartiaux, que la langue ne peut que maladroitement définir. L'observateur est un prince qui jouit partout de son incognito. » (1)
(1) - Extrait de ; Charles Baudelaire, « Le peintre de la vie moderne », dans Le Figaro, 1863
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