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Billet de blog 21 novembre 2016

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L'actualité vu par Hilde Teerlinck: Opera-House de Dominique Gonzalez-Foerster

Comme titre Dominique Gonzalez-Foerster a choisi ‘OPERA HOUSE’ – car son intervention se résume comme une scénographie subjective, une espèce de ‘Opéra domestique’. La pièce s’inspire directement des anecdotes qui entourent l’arrivée de la famille Sonneveld (propriétaires de la maison) à leur nouvelle résidence familiale.

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Illustration 1
Beatrix Ruf, Dominique Gonzalez-Forster et Erich Weiss © ©NI

J’ai eu la chance de connaître l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster en tant que directrice artistique du Pavillon Mies Van der Rohe à Barcelone, où je l’avais invité de réaliser une installation spécifique pour ce bâtiment emblématique.  Cette exposition, intitulée ‘TROPICALE MODERNITE’ fut ensuite illustré dans un petit catalogue édité en collaboration avec JRP Edition Genève (avec des textes de moi-même : Hilde Teerlinck, Dominique  Gonzalez- Foerster et Jens Hoffmann).

Cette année j’ai eu la chance de voir plusieurs nouvelles créations de la même artiste. Elle a eu une exposition rétrospective au Centre Pompidou à Paris et à sa galerie Esther Schipper à Berlin, ainsi qu’au théâtre De Singel à Anvers. 
Sans doute ses interventions en Brésil (Inhotim), Mexique (Casa Baragan), Guggenheim New York, Tate Modern Londres ou Vienne sont également connues du public en général.

A Rotterdam elle a été invité par l’artiste/commissaire Belge Erich Weiss pour réaliser une intervention dans la Maison Sonneveld, une maison de 1933 classifié par le UNESCO comme une ‘Iconic House’.  Cette installation multimédia forme part d’une série initié cette année par l’artiste Mexicain Santigo Borja, suivi par Eva Rothschild (UK/IRL).

 Comme titre elle a choisi ‘OPERA HOUSE’ – car son intervention se résume comme une scénographie subjective,  une espèce de ‘Opéra domestique’. La pièce s’inspire directement des anecdotes qui entourent l’arrivée de la famille Sonneveld (propriétaires de la maison) à leur nouvelle résidence familiale.

Illustration 2

Dominique Gonzalez-Foerster a installé stratégiquement plusieurs objets dans les chambres et  a créé une bande de son  spécifique, utilisant les haut-parleurs intégrés dans les murs, pour convertir cet endroit muséal en un espace qui se convertit en un lieu théâtral permettant aux visiteurs une exploration active de l’espace. Pour cela elle se base sur des morceaux de opéra du XX° siècle, diffusés par moyen d’une technologie moderne et sophistiquée.

Ainsi le public a la chance unique d’expérimenter ce que ce changement d’un milieu traditionnel à une maison ultra-moderne a dû signifier pour les membres de la famille et leurs employés. Le choix de ce changement était l’idée de Albertus Sonneveld, le père de  famille et directeur de la fabrique de tabac Van Nelle à Rotterdam.  C’était un homme d’affaires, un self-made man qui avait voyagé souvent en Etats-Unis pour des raisons liés à son travail.  Là-bas il avait vu tous les inventions du monde moderne et avait analysé les premiers bâtiments modernistes.

Sa femme Gésine et ses filles Puck et Gé n’avaient que connu leur ancienne maison (assez déprimante) du XIX° siècle au centre ville. Lors de leur déménagement Mr. Sonneveld a donc décidé de laisser tous les meubles dans l’ancien immeuble et a commandé des meubles modernes et un nouvelle ‘décoration’ aux architectes de la nouvelle villa. Il faut donc s’imaginer l’arrivée de la famille avec seulement des livres et quelques vêtements dans une seule valise. Au rez-de-chaussée le père a fait installer un studio pour ses filles, où elles pouvaient lire et étudier et écouter de la musique. Pour cela elles disposaient d’un système de son  multifonctionnel intégré dans leur sofa et connecté avec les autres chambres de la maison. Gonzalez-Foerster explore dans son installation ce fait divers en diffusant la bande de son choisie par elle  à travers toute la villa, ainsi  créant une opéra ‘intérieure’ intimiste. En plus pour le preview elle a organisé une performance unique (soprano/piano) de la pièce de Poulenc (avec texte de Cocteau) : ‘La voix Humaine’ (une composition pour voix et téléphone, l’un des objets fétiche de Mr. Sonneveld).

Illustration 3
La Voix Humaine © © NI

La pièce ‘OPERA HOUSE’, créée spécialement pour la Maison Sonneveld, peut se connecter à d’autres projets de l’artiste : M.2026 une opéra fragmentée, qui a eu lieu aux différents endroits partout dans le monde.  Cela rappelle aussi sa collaboration avec Ari Benjamin Meyers  (T.451 – une performance itinérante basée sur le film de Truffaut ‘Fahrenheit 451’). Découvrir cette nouvelle installation de Dominique Gonzalez-Foerster, qui combine –comme d’habitude chez elle – multiples références : musique, scénographie, littérature, fiction et théâtre fut pour moi une surprise agréable.  La Maison Sonneveld est sans doute pour elle une ‘scène’ idéale’ pour créer l’art qu’elle sait si bien faire.  En plus son intervention pose ce monument de l’architecture en plein dans un contexte actuel et contemporain.  Il est juste à regretter que j’ai du apprendre que cette installation sera probablement la dernière d’une série initié avec succès depuis quelques anneés.

Hilde Teerlinck

Hilde Teerlinck est critique d’art et commissaire d’expositions.

Opera-House de Dominique Gonzalez-Foerster

Exposition du 13-11-2016 au  06-03-2017  

Sonneveld House, Jongkindstraat 12, 3015 CG Rotterdam, Pays-Bas

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