SURREALISM AND BEYOND

Début novembre j’étais invitée au vernissage de l’exposition ‘SURREALISM AND BEYOND’ au Musée Boijmans Van Beuningen à Rotterdam.

L’exposition montre une sélection excentrique et éclectique  du commissaire/artiste belge invité Erich Weiss, qui mélange des chefs-d‘œuvres de la collection du musée, (entre autre des pièces de grandes figures comme Man Ray, Marcel Duchamp, Francis  Picabia) avec le travail de figures d'ombre du mouvement surréaliste. Il s’agit de Marcel Jean, Toyen, Otto Tschumi, Marc Eemans, Paul Nougé, Yves Laloy, Marcel Mariën, Joan Brossa – des artistes intéressants qui sont toujours restés un peu en marge.

Souvent parce que leurs œuvres ne plaisaient pas vraiment au public bourgeois de l’époque, ou parfois aussi parce qu’ils préféraient justement cette place de ‘enfant terrible’ ou de ‘outsider’.

Cette exposition, cependant - dans le style des «salons» surréalistes (à Paris, Bruxelles ou Londres) sur lesquels  elle s’est inspirée -  va encore un peu plus loin. Le commissaire a décidé (comme l’indique le titre choisi pour le projet : & BEYOND) d’inviter des artistes contemporains, dont le travail montre une claire influence de la part de cette avant-garde illustre.  Ainsi naît un dialogue unique entre leurs créations et celles de leurs modèles et  prédécesseurs.  Sans doute cela conduit parfois  à des confrontations tendues. Mais nous savons tous que la vraie beauté est prédestinée a être ‘convulsive’ selon la fameuse phrase de André Breton …  (1)

Les artistes participants sont les suivants  -(Je me permets de mettre la liste quasi complète) : André Breton (avec des publications comme ‘La Révolution Surréaliste’ ); Joan Brossa (un artiste/poète catalan méconnu – qui présente des ‘objets/poèmes’) ; René Magritte (avec un fabuleux portrait de Paul Eluard) ;  Toyen  et Marcel Jean (des lithographies exceptionnelles), Wim Delvoye (avec une sculpture représentant un Christ en bronze tordu comme un ‘Pretzel’), Otto Tschumi (une vrai découverte) ; Fiona Bennett (une modiste qui fabrique des chapeaux à la Shiaparelli), Marcel Mariën (avec quelques collages et objets et aussi son film scandale ‘L’imitation du Cinéma’ ; Gavin Turk (avec des hommages à Magritte – notamment a sa ‘Période Vache’ ; Scott King (avec un tableau kitsch représentant des ‘Tubular Bells’ flottants au dessus de la Mer du Nord ; Conroy Maddox (l’un des surréalistes anglais malheureusement méconnu par le grand public) ; Biel Capllonch (un jeune artiste Espagnol – auteur de l’invitation de l’exposition) ; Leo Copers (avec deux sculptures inquiétantes) ; Christian Andersson (auteur d’un livre/objet) ;  Paul Nougé (avec sa série de photos célèbre ‘La subversion des images’) ; Friedrich Schröder-Sonnenstern, Joseph Crépin, Yves Laloy (tous les trois avec des travaux qui frôlent le ‘outsider art’ ou l’art naïf ; Man Ray (plusieurs objets) ; Marc Eemans (enfant maudit du mouvement surréaliste – présent avec un dessin bouleversant) ; Kurt Schwitters (un collage) ; Francis Picabia (le portrait de Arthur Cravan et une composition abstraite) ; Robert Gober (une installation composée de papier peint et de plusieurs sculptures en cire) ;Marcel Broodthaers (avec une installation peu connue), Andro Wekua (quatre dessins/collages de la série ‘Wait to wait’) ; Marcel Duchamp (avec deux objets/collages) ; Unica Zürn (un petit dessin fragile mais sublime), Gerrit Thomas Rietveld (une sélection de meubles de la collection du musée) ; Marcel Breuer (une table) ; Nisse Strinning (une armoire), Georges Hugnet (coéditeur de la revue ‘Plastique’) et finalement Joe Rees / Target Vidéo (avec une vidéo de ‘The Cramps’ filmé lors d’un concert dans un hôpital psychiatrique).

Le résultat de cette confrontation (genre ‘salon’) est une exposition surprenante et dense.  Des œuvres d’artistes emblématiques sont mis à la même hauteur que des pièces d’auteurs méconnus.  Cela mène le visiter à regarder chaque création avec plus d’attention et j’ai pu remarquer que grand nombre du public était agréablement surpris de découvrir certains artistes.

 Je crois également qu’il faut saluer l’audace de la direction du musée d’offrir une telle carte blanche, qui peut probablement ouvrir les esprits.  Car c’est une exposition qui s’inscrit parfaitement dans le parcours et les ambitions du Boijmans Van Beuningen, un musée qui  depuis des années a pris le choix de défendre l’importance (et pourquoi pas l’actualité) du mouvement surréaliste. 

Si vous êtes de passage à Rotterdam, ne manquez pas d’aller voir cette exposition fraîche et expérimentale.  En plus vous pouvez profiter de votre visite pour découvrir deux autres expositions excellentes : Fra Bartomeo et l’artiste contemporain Olaf Nicolai (dans ‘Sensatory Spaces’).

Hilde Teerlinck

Retrouvez les visites d'Hilde Teerlinck sur mediapart.

Surrealism and Beyond jusqu’au 29-01-2017

Au Musée Boijmans Van Beuningen

Museumpark 18, 3015 CX Rotterdam, Pays-Bas

 (1) ‘La Beauté sera convulsive ou elle ne sera pas’ (André Breton) – ‘L’amour fou’ 1937