Depuis 2016 la ville de Barcelone forme partie d’un groupe sélecte de villes considérées comme ‘capitales de la littérature’ par l’UNESCO. Comme endroit pour célébrer les actes les plus notables dans ce cadre le CCCB (Centre de Cultura Contemporanea) s’est converti en véritable ‘headquarter’ d’activités très diverses.

Récemment ils ont organisées deux rencontres exceptionnels dans ce contexte.D’abord un rencontre entre le cinéaste/écrivain Werner Herzog et Paul Holdengräber (The New York Public Library LIVE program).
Werner Herzog est un cinéaste extraordinaire, connu par tous pour des films excessifs mais formidables comme ‘Aguirre, Colère de dieu’ ou ‘Fitzcaraldo’. Souvent les critiques l’ont surnommé ‘le cinéaste de l’impossible’. Il est célèbre pour ses rapports conflictifs avec ses comédiens (notamment Klaus Kinski) et pour des risques et problèmes rencontrés lors de ses tournages. Ses deux films célèbres furent filmés dans la fôret amazonienne, dans des endroits hostiles et difficiles d’accès.
Lors de sa conférence Herzog a parlé de ces expériences, en expliquant qu’il a presque toujours filmé avec un style presque documentaire, en intégrant souvent des imprévus et des accidents au cours du tournage dans le montage final. En parlant de Kinski il a expliqué l’anecdotique que l’acteur voyait la fôret Amazonienne comme un environnement hautement érotique et que lors d’un de ses délires il a même essayé de copuler frénétiquement avec un arbre.
Sinon il a montré quelques fragments d’un nouveau film (2009) – avec Nicolas Cage comme protagoniste : ‘ Bad Lieutenant / Escale à la Nouvelle-Orléans’. C’était comme assister à une masterclass, où le cinéaste expliquait tous les techniques, chorographies, instructions et astuces qu’il avait appris aux acteurs. A un certain moment on se croyait vraiment former part d’un public privilégié du fameux ‘Actor’s studio’.
Pour finaliser Herzog a parlé de son intérêt pour la relation entre les humains et la nouvelle technologie en analysant de une manière surprenante notre dépendance des téléphones mobiles par exemple. Il expliquait notamment notre nécessité d’avoir un GPS pour circuler en ville. Quelque chose qui aurait été impossible lors de la réalisation de ses films en Amazonie.
L’autre rencontre/conférence était programmé pour le jour suivant. Il s’agissait d’une lecture de poésie de la part de la chanteuse PJ Harvey. Polly Jean Harvey est une auteure-compositrice de rock alternatif, née le 9 octobre 1969 à Yeovil (dans le comté de Sommerset au Royaume Uni). Le titre de son recueil de poèmes était « The Hollow and the Hand’ (« Le Vide et la Main »).
Certains de ces poèmes sont basés sur des expériences personnelles ou des voyages : “I wanted to smell the air, feel the soil and meet the people of the countries I was fascinated by.” (« Je voulais sentir l’air, toucher la terre et rencontrer les gens des pays qui me fascinaient »). Comme public nous sommes confrontés avec cette mise-en scène de souvenirs, souvent raconté en temps réel. La performance – car PJ Harvey a une présence et un aura sur scène impressionnante – était à la fois un espèce de ‘understatement’ mais gardait tout au long de la séance un suspense incroyable grâce au talent de l’auteur.
“An old woman stands/ in the middle of a track./ She holds two silver keys/ behind her back”. Ainsi commence le poème Zagorka, et la femme agée se trouve devant la porte fermée d’une église à Kosovo: “We ask but she won’t let us in./ Both keys move into a fist.” Des mots simples, sincères mais efficaces.
Ce qui devient clair tout de suite c’est que faire de la poésie n’est pour PJ Harvey pas justement le caprice d’une star du rock. C’est un engagement personnnel, ambitieux et sérieux. Ainsi ces deux personnages invités se ressemblent : ce sont des individus extra-ordinaires qui défendent des statements explicites.
Hilde Teerlinck