Depuis toujours, les associations de quartier jouent un rôle crucial dans la cohésion sociale, surtout après les premières émeutes urbaines des années 80, les révoltes de 2005 et encore récemment celles de 2023. Ces structures ont souvent été perçues comme le dernier rempart contre la marginalisation des jeunes des quartiers populaires. Elles ont servi à instaurer une forme de paix sociale, en offrant des alternatives et des soutiens. Aujourd’hui ces associations font face à des défis majeurs, incluant une réduction des financements et un essoufflement général des bénévoles comme des travailleurs sociaux, menant à la fermeture de certaines d'entre elles. Selon le rapport annuel de la Fonda, les subventions allouées aux associations ont diminué de 30% en moyenne depuis 2017, mettant en péril leur capacité à servir efficacement les communautés les plus fragiles. Pour remédier à cette situation, il est impératif de reconsidérer le rôle et l'intégration des associations de quartiers dans le milieu éducatif. Les solutions pourraient inclure une meilleure allocation des ressources aux associations qui travaillent directement avec les écoles, en leur permettant d'offrir des programmes périscolaires, des ateliers de développement personnel et professionnel, et des activités qui renforcent les compétences sociales et civiques des jeunes. Cela contribuerait non seulement à soulager les enseignants et les équipes pédagogiques mais aussi à prévenir l'exclusion et à promouvoir une approche plus inclusive et moins punitive de la discipline scolaire.
La réintégration des associations de quartiers dans le paysage éducatif requiert une reconnaissance de leur valeur ajoutée non seulement comme prestataires de services, mais aussi comme partenaires stratégiques dans la formation des jeunes citoyens. Leur présence dans les écoles pourrait devenir un élément central d'une stratégie plus large pour combattre l'échec scolaire et social, en renforçant les liens entre l'éducation formelle, la vie associative et la communauté. Par exemple, des programmes comme "École ouverte" en France ont démontré des succès notables en intégrant des activités associatives dans le curriculum scolaire, améliorant à la fois l'engagement des élèves et leurs résultats scolaires. En conclusion, alors que le gouvernement envisage des réformes pour lutter contre la violence et améliorer l'éducation, il est crucial de ne pas négliger les acteurs qui ont historiquement contribué à la stabilité et à la résilience de nos quartiers. Investir dans la vie associative de proximité, c'est investir dans un avenir où l'éducation est véritablement inclusive et émancipatrice. Nous devons donc veiller à ce que les politiques publiques soutiennent et valorisent le rôle vital des associations dans notre tissu social et éducatif.
Et nous devons travailler ensemble. Nous, associations de quartier, connaissons parfaitement les problématiques auxquelles sont confrontés les jeunes. Nous vivons avec eux, parfois, nous avons vécu des trajectoires similaires. Nous nous sommes organisés pour faire face et pour leur apporter un cadre éducatif, pour les accueillir, les encadrer, les accompagner. Notre rôle est essentiel, notre place privilégiée. Ces jeunes, pour beaucoup, nous les avons vu grandir, évoluer, ce qui facilite nos échanges. Pour eux , nous sommes des visages familiers, des grands frères et sœurs. Nous connaissons aussi leurs parents qui sont les premiers à venir frapper à nos portes lorsqu'ils sont confrontés à des difficultés intra-familiales ou éducatives, lorsque le dialogue est rompu. Aujourd'hui, notre travail est devenu de plus en plus compliqué pour toutes les raisons citées au fil de ce communiqué́. Nous sollicitons des moyens supplémentaires à la hauteur des besoins pour mener des actions concrètes avec les établissements scolaires. Le manque de moyens humains et matériels ne nous permettent pas d’agir de manière suffisante et efficace.
Il est également nécessaire que nous, associations de proximité, soyons associées au débat, que nous soyons au coeur de ces discussions, que nos expertises soient écoutées, entendues, pour réfléchir et construire ensemble à un plan d'action empreint de cadre, de bienveillance, de tolérance, de respect et d'éducation.
C'est une priorité pour vous, c'est une priorité pour nous.