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Hind Ayadi

Présidente et fondatrice de l'Association Espoir et Création, militante associative dans les quartiers populaires

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Billet de blog 17 mai 2024

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Pour qu'un enfant grandisse, il faut tout un village

Dans la récente annonce faite par Gabriel Attal à Viry-Châtillon, le Premier ministre met l'accent sur des mesures renforcées pour lutter contre la violence scolaire, avec comme seul prisme le restrictif. Cependant, ces mesures risquent d'accroître la stigmatisation des élèves en difficulté scolaire, souvent liée à des problématiques sociales plus larges.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis toujours, les associations de quartier jouent un rôle crucial dans la cohésion sociale, surtout après les premières émeutes urbaines des années 80, les révoltes de 2005 et encore récemment celles de 2023. Ces structures ont souvent  été perçues comme le dernier rempart contre la marginalisation des jeunes des  quartiers populaires. Elles ont servi à instaurer une forme de paix sociale, en  offrant des alternatives et des soutiens.  Aujourd’hui ces associations font face à des défis majeurs, incluant une réduction  des financements et un essoufflement général des bénévoles comme des  travailleurs sociaux, menant à la fermeture de certaines d'entre elles. Selon le  rapport annuel de la Fonda, les subventions allouées aux associations ont diminué de 30% en moyenne depuis 2017, mettant en péril leur capacité à servir  efficacement les communautés les plus fragiles. Pour remédier à cette situation, il est impératif de reconsidérer le rôle et  l'intégration des associations de quartiers dans le milieu éducatif. Les solutions  pourraient inclure une meilleure allocation des ressources aux associations qui  travaillent directement avec les écoles, en leur permettant d'offrir des  programmes périscolaires, des ateliers de développement personnel et  professionnel, et des activités qui renforcent les compétences sociales et civiques  des jeunes. Cela contribuerait non seulement à soulager les enseignants et les  équipes pédagogiques mais aussi à prévenir l'exclusion et à promouvoir une  approche plus inclusive et moins punitive de la discipline scolaire. 

La réintégration des associations de quartiers dans le paysage éducatif requiert  une reconnaissance de leur valeur ajoutée non seulement comme prestataires de services, mais aussi comme partenaires stratégiques dans la formation des jeunes  citoyens. Leur présence dans les écoles pourrait devenir un élément central d'une stratégie plus large pour combattre l'échec scolaire et social, en renforçant les  liens entre l'éducation formelle, la vie associative et la communauté. Par exemple,  des programmes comme "École ouverte" en France ont démontré des succès  notables en intégrant des activités associatives dans le curriculum scolaire, améliorant à la fois l'engagement des élèves et leurs résultats scolaires. En conclusion, alors que le gouvernement envisage des réformes pour lutter  contre la violence et améliorer l'éducation, il est crucial de ne pas négliger les  acteurs qui ont historiquement contribué à la stabilité et à la résilience de nos  quartiers. Investir dans la vie associative de proximité, c'est investir dans un avenir où l'éducation est véritablement inclusive et émancipatrice. Nous devons donc  veiller à ce que les politiques publiques soutiennent et valorisent le rôle vital des  associations dans notre tissu social et éducatif. 

Et nous devons travailler ensemble. Nous, associations de quartier, connaissons  parfaitement les problématiques auxquelles sont confrontés les jeunes. Nous  vivons avec eux, parfois, nous avons vécu des trajectoires similaires. Nous nous  sommes organisés pour faire face et pour leur apporter un cadre éducatif, pour les  accueillir, les encadrer, les accompagner. Notre rôle est essentiel, notre place  privilégiée. Ces jeunes, pour beaucoup, nous les avons vu grandir, évoluer, ce qui facilite nos échanges. Pour eux , nous sommes des visages familiers, des grands  frères et sœurs. Nous connaissons aussi leurs parents qui sont les premiers à venir  frapper à nos portes lorsqu'ils sont confrontés à des difficultés intra-familiales ou  éducatives, lorsque le dialogue est rompu. Aujourd'hui, notre travail est devenu de  plus en plus compliqué pour toutes les raisons citées au fil de ce communiqué́. Nous sollicitons des moyens supplémentaires à la hauteur des besoins pour  mener des actions concrètes avec les établissements scolaires. Le manque de  moyens humains et matériels ne nous permettent pas d’agir de manière suffisante et efficace. 

Il est également nécessaire que nous, associations de proximité, soyons associées  au débat, que nous soyons au coeur de ces discussions, que nos expertises soient écoutées, entendues, pour réfléchir et construire ensemble à un plan d'action empreint de cadre, de bienveillance, de tolérance, de respect et d'éducation. 

C'est une priorité pour vous, c'est une priorité pour nous. 

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