Hippolyte Varlin (avatar)

Hippolyte Varlin

Abonné·e de Mediapart

75 Billets

1 Éditions

Billet de blog 2 février 2018

Hippolyte Varlin (avatar)

Hippolyte Varlin

Abonné·e de Mediapart

Si jamais Dieu n’existe pas… ou Maxime Ginolin au front.

A priori, l’hypothèse est une de nos compagnes en Occident, timide puis plus affirmée, depuis Voltaire et ses premiers soupçons au moins. Or le mérite de cette œuvre est-il ici de réactiver le philosophe… ou de le déclasser ? De s’acharner sur des croyants souvent relégués… ou de les interpeler ?

Hippolyte Varlin (avatar)

Hippolyte Varlin

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Si Jamais Dieu n'existe pas - Max Rage © magicjackproduction

Ainsi, si la tolérance à laquelle invitait audacieusement l’homme des Lumières a peu à peu été supplantée par l’idéal « d’indifférence » envers les pratiquants, ou non, de telle ou telle religion, avant d’être appelée à la rescousse pour protéger tels et telles fidèles montré.e.s du doigt dans des sociétés où les vieux démons resurgissent, la question que pose le cri intense de Maxime Ginolin est d’emblée celle des douleurs racontées par les monothéismes. Crainte, châtiments, sang versé des innocents, sacrifices, cette panoplie de violences « littéraires » érigée en absolu.  Et il ne s’arrête pas là : il abhorre les infernales saignées du fait des guerres et autres famines, qui siècle après siècle, éprouvent et la foi en l’homme et la foi en Dieu. Des hommes si "imparfaits" qu'il imagine mal être l’œuvre d'un être parfait. Pointant au passage, de sa voix indignée et poignante, les discriminations envers les femmes et les gays fondées par les livres « sacrés ». Car il sait la lame féroce de la religion lorsqu'elle cautionne l'exclusion et que les bourreaux s'en revendiquent. Rien de moins que des crimes contre l'humanité. Mais où donc est Dieu ? Une question qui rythme un flot d’images qui, même si cela étonne aujourd’hui, a édifié des générations de spectateurs appelés à taire leur raison, en lien avec les fils soyeux du temps, en lien avec un long passé. Un passé que notre artiste n’aborde pas en inquisiteur, soit dit en passant.

Alors, Voltaire réactivé ou déclassé par ce chant et son clip ? Voltaire indispensable, toujours et encore, forcément. Le philosophe considérant cet élan vers l’horloger pressenti et que ses contemporains ou ancêtres nomment de telle ou telle façon, et adorent dans tel ou tel jargon, n’a rien à craindre. Outrecuidance de Maxime Ginolin envers le sentiment religieux de ses concitoyens, alors ? Non, assurément. Il n’est pas de ces « ayatollahs de la laïcité » qui font la chasse aux expressions de la foi pourtant reconnues par la Déclaration onusienne des droits de l’homme. Inimaginable pour quiconque lui consacre un peu d'attention : un être empathique, généreux, bienveillant. Qui sans doute adorerait pouvoir croquer la vie à pleines dents... si elle n'était pas si blessée. Nulle intolérance basse et lâche, donc. Mais il crie son aversion pour les douleurs qui lacèrent le monde présent. Et s’adresse aux hommes et aux femmes. Pour qu’ils et elles cessent de baisser les yeux, voire de les fermer, ou de sonder les cieux… alors que rien ou presque ne va aux alentours et qu’il s’agit de se mettre en mouvement. De la tête aux pieds, en passant par les mains et le cœur.

Maxime Ginolin pose finalement la question qui est celle des temps présents : faut-il figer son regard dans le miroir pour avancer ? Faut-il changer le paradigme de nos sociétés que certains voudraient sacraliser comme « chrétiennes », par exemple ? Faut-il persévérer dans des modes de pensée qui laissent le monde basculer vers sa fin ? Une fin, celle de l’humanité, désormais envisageable et envisagée. Maxime Ginolin, homme de cœur et de raison, prend ici un risque : se heurter à l’obscurantisme. Car il n’enfonce pas une porte ouverte, non, il est l’audace du jour : penser le respect de tous. Mieux ! Penser le respect de tous les êtres sentients. Car l’homme est antispéciste et ainsi végane. Abolir la violence sous toutes ses formes, toujours et partout.

Nous le remercions et seront à ses côtés face à la noirceur du monde, en route vers les lumières aussi. Nous, incontestablement, car Maxime Ginolin est, parmi d’autres étoiles et foules d’anonymes, l’homme d’une révolution inespérée. Faire d’une utopie la réalité est donc chose engagée.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.