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Billet de blog 31 mai 2018

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De la monarchie et des postures

En ces heures où la République est sommée de réactiver ses racines monarchiques, scrutons ce classique parmi les classiques qu’est le portrait en pied le plus fameux, et à priori le plus improbable aussi, d’un certain roi Soleil en 1701.

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Eh oui, qu’allait donc chercher Louis XIV sur cette toile, du petit haut de ses 63 ans, dans une tenue que jamais personne ne lui avait connue jusqu’ici ?

Illustration 1

Officiellement, il revint à Hyacinthe Rigaud la mission d’adresser au roi d’Espagne, Philippe V, une représentation de son royal grand-père. Et là, c’est en connaisseur que l’artiste dressa à la fois un portrait psychologique et politique, et ainsi, le canon des portraits à venir. Et ce, jusqu'à imprégner les dorures de l'insoupçonnée Ve République et de ses mairies. Le résultat fut tel que seule une copie dut être adressée au petit-fils, reproduction qui resta, elle aussi, en France. Alors, pourquoi une telle aura, une telle postérité, alors qu’il manque anneau, éperons, tunique et dalmatique ?

C’est que la présence du souverain y semble si puissante, incarnation de la monarchie de droit divin, mais aussi de l’absolutisme qu’il veut porter à son sommet. Et implacable, comme répondant à sa nièce, Marie-Louise d’Orléans, qui l'avait imploré à genoux, sur le seuil de la chapelle royale, de ne pas lui imposer l’union avec le sinistre Charles II d’Espagne : « Madame, ce serait une belle chose que la reine catholique empêchât le roi très chrétien d’aller à la messe ». Il alla à l’office, elle devint reine d’Espagne.

Ne céder en rien...

Sa seule volonté faisait donc autorité : mis à part la lourde épée et le collier des chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit saluant le guerrier, ou l’imposant manteau fleurdelisé disant la royauté biblique (la fleur de lys ornait l'entrée du temple de Salomon), Louis XIV ne porte ni la couronne, ni la main de justice et le sceptre, à l’envers, ne sert… que de canne. Sacrilège. Et tournant qu'il convient d'envisager. Quant aux jambes, alertes, elles exécutent un pas honorant le danseur de ballet que fut jadis Louis-Dieudonné.

Entre le trône, à l’écart, et Thémis, ultime évocation des Olympiens auxquels le roi, jeune, s’associait à l’envi, sur l’estrade et sous le dais d’apparat, il est. Et offense que de lui tourner le dos, même encadré…

Du sacré d’hier à l’actuel ?

On notera que le monarque avait investi Versailles pour fuir Paris, et que Paris exigea le retour du monarque à Paris. Sous un autre règne. Pour faire l’Histoire à son tour.

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