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Billet de blog 4 juin 2017

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La France et les études post-coloniales

Les Post-Colonial Studies sont studia non grata en France alors qu'elles sont très présentes, et ce depuis longtemps, dans le monde anglo-saxon. Pourquoi ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

"Sur le voile, la France est en dehors du monde : archaïque dans sa focalisation et son incapacité à reconnaître et régler son héritage colonial. Les femmes qui portent le foulard sont considérées comme la figure par excellence de l’opprimée à libérer ; elles sont essentialisées et infantilisées. En plus d’être clairement raciste et paternaliste, ce discours — qui est aujourd’hui celui du « sens commun » en France (pour reprendre l’expression bourdieusienne) — enferme les femmes et les jeunes femmes qui portent le foulard dans leur étrangeté et leur aliénation. D’autant plus lorsqu’il est suivi d’une législation contre-productive. On exclut de l’école et du travail, principaux lieux de socialisation, des femmes et des jeunes femmes au prétexte de les libérer. La Grande-Bretagne a aussi son passé colonial et son propre racisme : je ne veux absolument pas l’ériger en modèle. Néanmoins, il est clair que lorsque l’on porte le voile, ou que l’on veut exprimer et pratiquer toutes formes de religiosité, elle est un espace de vie plus accueillant. Le monde académique anglo-saxon est aussi plus intéressant pour parler des questions de religion, de racialisation et de féminismes alternatifs. En France, les études post-coloniales sont, par exemple, encore à leur stade d’émergence — alors qu’elles sont considérées, ailleurs, comme des acquis."

Zahra Ali : « Décoloniser le féminisme »

https://www.revue-ballast.fr/zahra-ali/

« L’objet «islamophobie» complète le dispositif de fermeture de la réflexion, car son objectif vise à mettre en cause la culture «blanche néocoloniale» dans son rapport à l’autre – source d’une prétendue radicalité – sans interroger en retour les usages idéologiques de l’islam. Il complète paradoxalement l’effort de déconstruction de la République opéré par les religieux salafistes, main dans la main avec les Indigènes de la République et avec la bénédiction des charlatans des «postcolonial studies» – une autre imposture qui a ravagé les campus américains et y a promu l’ignorance en vertu, avant de contaminer l’Europe. »

Gilles Kepel – «Radicalisations» et «islamophobie» : le roi est nu

Pourquoi cette phobie des Postcolonial Studies ?

Par refus de "reconnaître et régler son héritage colonial", comme le dit Zahra Ali.

Et par peur d'assister à la "déconstruction de la République", comme le dit Gilles Kepel.

Il n'existe pas non plus de "Jacobinism Studies" ! Bien que le jacobinisme soit l'idéologie qui règne en France, aucun auteur français, depuis Taine et Le Bon, n'a à ma connaissance écrit un livre ou publié un article sur le jacobinisme.

Avouer que les Postcolonial Studies menacent la République, c'est avouer que la république (française) est coloniale dans son essence. 

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