10h30, arrivée à l'Université de sciences sociales de Budapest et rencontre avec André, responsable du syndicat étudiant Haha. Retour sur l'histoire de Hongrie et notamment l'histoire des luttes sociales dans le pays.
(c) Bruno Klein - fedephoto.com
Pour André, le problème de la Hongrie tient à la non appropriation par la population de la démocratie due pour beaucoup à une expérience très neuve de celle-ci. C'est cette situation qui a mené Orban au pouvoir. Face à une gauche gouvernementale corrompue, Orban est apparu comme un recours national à un problème bien plus large qu'il n'y parait. L'absence d'Europe politique et de citoyenneté européenne pousse la Hongrie à l'isolement. Orban invoque pour la Hongrie une certaine resistance et indépendance vis à vis de l'ancien gouvernement qui a enfoncé le pays dans l'austérité, notamment en brandissant l'étendard de l'Union Européenne. En Hongrie comme en France, les jeunesses souffrent de cette absence d'Europe politique et sociale. Créer des ponts entre celles-ci apparait donc encore plus nécessaire pour inventer l'Europe de demain. Néanmoins, tout ça évolue fortement, notamment sous l'impulsion de la jeunesse qui elle, a presque toujours connue la démocratie et qui est bien décidée à la défendre face au pouvoir en place. Elle s'organise, crée des réseaux, invente des nouvelles formes de militantisme. C'est elle qui est en train de construire la Hongrie de demain!
André nous explique aussi que le recul des libertés en Hongrie est réel et du essentiellement à une stratégie de conservation du pouvoir par le FIDESZ. Là encore, il nous est permis de rapprocher cette expériences avec d'autres réalités en Europe. On se rend dès lors compte d'un vrai glissement des droites de gouvernement en Europe vers des thèses à tendance nationalistes et populistes. Si on ajoute à ça la montée de l'extrême droite sur tout le continent (le score du JOBBIK est par exemple aujourd'hui estimé à 20%), un climat inquiétant est aujourd'hui en train de s'installer.
Sur la question syndicale, là aussi les structures traditionnelles ont beaucoup perdu en légitimité, d'où la nécessité de parfois les dépasser pour créer des réseaux de lutte. Voilà aujourd'hui la volonté de Haha. La question de l'organisation et de la mobilisation des étudiants dans l'action collective est là aussi une question centrale. Il n'est par exemple pas possible d'organiser dans une Université hongroise une AG, lieux d'expression des luttes connues en France et servant de lieux de rencontre de tous les étudiants pour s'organiser. Le partage des expériences apparait ici comme passionnant.
Enfin, sur la loi des Université, celle-ci apparait vraiment comme une coupe énorme dans le budget de l'Education (17%). Ces coupes ne sont d'ailleurs pas justifiées et ne sont pas du tout cohérentes. Du coup, recul d'un tiers des entrées à l'Université en Hongrie cette année. Avec une baisse drastique du nombre de bourses financées par l'Etat, l'Université sera encore un peu plus réservée à une certaine élite.
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Les échanges sur tous ces sujets mais aussi sur beaucoup d'autres (organisation des étudiants, rapports de forces dans les syndicats...) furent très intéressant mettant en lumière beaucoup de points communs mais surtout permettant à chacun d'apprendre de l'autre. undefined