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Billet de blog 18 mai 2022

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Merci à Monique Le Roux, loupé de Médiapart

reproduction partielle article de Monique Le Rouxsur Vinaver et Garran paru dans En attendant Nadeau

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Gabriel Garran ne parcourra plus les rues de son cher troisième arrondissement. Il n’entrera plus au 345, rue Saint-Martin, où était inscrit son nom de naissance, celui de son père mort en déportation, Gersztenkorn. Il ne fréquentera plus « Le Plomb du Cantal », porte Saint-Martin, où nous avions longuement préparé, à l’été 2005, l’hommage à notre ami Noël Kuperman, dit « Napo », célébré au Centre dramatique national d’Aubervilliers. Il retrouvait à cette occasion le plateau si familier de ce théâtre de la Commune qu’il avait dirigé pendant presque vingt ans. Il l’avait inauguré en 1965, ouvrant, avec le soutien du maire communiste André Karman et de son adjoint à la culture Jack Ralite, le premier théâtre permanent en banlieue, inspiré du TNP de Jean Vilar.

Gabriel Garran devenait ainsi le précurseur d’un vaste mouvement, le théâtre hors les murs (de la capitale), selon le titre d’un livre de Philippe Madral. Dans la salle aménagée par René Allio, il innove par sa programmation et ses mises en scène, en majorité d’auteurs contemporains, de Max Frisch avec Andorra à l’ouverture à Arthur Adamov avec Off limits. Gabriel Garran s’était entouré d’une jeune équipe dont les membres, ainsi formés, connaitront ensuite un beau parcours : Josyane Horville, future directrice du théâtre de l’Athénée, Michel Bataillon, futur collaborateur de Roger Planchon au TNP de Villeurbanne, « Napo », directeur technique de plusieurs grands plateaux, du théâtre de Chaillot au Berliner Ensemble.

« Napo » appartenait à l’une des premières vies de « Gaby ». Fils d’un homme mort en déportation, enfant juif caché, il rencontre à la Commission centrale de l’enfance le moniteur Gabriel Garran, qui en devient ensuite le directeur pédagogique adjoint. David Lescot a fait un beau spectacle sur ces colonies de vacances créées par les Juifs communistes après la Seconde Guerre mondiale, destinées à l’origine aux enfants des disparus : La Commission centrale de l’enfance (2008). Déjà Gabriel Garran faisait partager à ces jeunes gens une passion des mots qui ne l’a jamais quitté.

L’homme de théâtre n’a cessé d’écrire : deux pièces, le livre Géographie française(Flammarion, 2014), très belle évocation de son expérience de jeune réfugié dans la France occupée, et, jusqu’à la fin, des milliers de poèmes, certains publiés en recueil par Riveneuve-Archimbaud. Surtout, après son départ d’Aubervilliers, il fonde le Théâtre international de langue française, implanté au pavillon du Charolais de la Villette, où il fait découvrir de nouvelles écritures. Puis, à partir de 2004, il poursuit la même entreprise avec le Parloir contemporain, accueilli en divers lieux, par exemple par la Parole errante à la Maison de l’arbre de Montreuil, créée par Armand Gatti, dirigée par Jean-Jacques Hocquard. Un souvenir parmi tant d’autres : celui, inoubliable, de sa mise en scène de Je serai abracadabrante jusqu’au bout, d’après le journal de Mireille Havet.

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