Le 15 octobre dernier l'artiste palestinien Khaled Jarrar a politisé le vernissage de la Fiac en estampillant d'un tampon «State of Palestine» les authentiques passeports des passants (consentants) sur le parvis de Pompidou.
Ancien membre de la garde rapprochée de Yasser Arafat, c'est après avoir été blessé à Ramallah en 2002 que Khaled Jarrar s'est consacré entièrement à sa carrière artistique. «Pour moi, l'art est plus fort que le pouvoir et l'armée. Il permet de montrer une réalité sociale». Par la création du tampon et du timbre de l'Etat palestinien espéré, l'artiste s'empare des symboles de l'existence et du pouvoir des états. Le passeport comme reconnaissance de l'existence, le passeport comme élément de liberté et contrôle (liberté de circulation, contrôle des frontières).
Si le graphisme est secondaire (un oiseau vectorisé sur Illustrator pour le tampon / un oiseau photoshopé avec le filtre «hisoélie» pour le timbre), les performances de l'artiste sont lourdes de sens. En délivrant ces tampons «State of Palestine» l'artiste reprend symboliquement le pouvoir attribué aux autorités israéliennes qui contrôlent les check points. Et par la même occasion, il fait un bras d'honneur artistique à ces autorités qui seront un jour ou l'autre confrontées à ces passeports devenus oeuvres politiques.
Les photos des passants-participants, on les retrouve sur la page facebook du projet «Live and work in Palestine» (des photos au 5D trop souvent cadrées en biais) . Via internet, Khaled Jarrar reste en contact avec les participants pour connaître les conséquences liées à la présence de ce tampon dans leurs passeports: certains se sont fait fouiller sévèrement aux portes d'Israël, d'autres remarqueront simplement un étonnement dans le regard des gardes-frontières israéliens.
Etonnement qui trahit les inquiétudes de certains, matérialisées par la récente victoire diplomatique de l'Autorité palestinienne à l'Unesco: il est de plus en plus certain qu'un jour la Palestine tamponnera.
> Khaled Jarrar est représenté par la galerie Polaris. Il y fera sa première exposition personnelle française courant 2012.