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Billet de blog 18 mars 2010

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"La constitution de l’être" de Marie Claude Defores et Yvan Piedimonte

Un livre essentiel

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nouvelle édition 2016

Le livre est bien là, sans s’en octroyer le terme.

Il y a comme un sentiment tragique et excitant que sa lecture nous engage à en réaliser l’issue, là où les auteurs nous y convient : en parité de créateurs. Notre supposé-savoir, éther éperdu des incandescents de la psychose, mais aussi - c’est essentiel - fondement de l’être éthique, est intimement prié d’en être.

La prise de conscience signera, dans les interlignes du verbe, ces alliances inspirées par ailleurs. Nous sommes libres - terrible et exaltante responsabilité. Libres de faire don de connaissance, tout comme ceux-là qui au roman « préfèrent la poésie, la philosophie car ils creusent plus loin dans le réel » (1).

Créer le présent.

Pour qui le désire, il y a une sacrée place dans ce par-chemin de La Constitution de l’être. Reste à se saisir de cet inconnu : l’Autre de la rencontre. De notre initiative, de son effectif advenir aux confins de ces feuillets-là, rien ne peut-être dit.

Étrange expérience de soi au contact du clair subtil de ces lignes, sous haute tension humaine.

La joie vive n’en éprouve pas moins, au cours des étapes de lecture, les somnolences du sommeil insondées, inavouées et inavouables. L’impensable de l’impensé.

Déchirante expérience que cette liberté foudroyante, contactée le temps d’un prologue, lorsque l’être se satellise de tant de frémissements éperdus, si peu incarnés. Là pourtant, devra se soutenir la lente et délicate articulation de pensée faite d’Autre. Prendre son temps, au sens propre. Prendre ce temps, là où les auteurs partagent l’incantation d’un long cheminement de curiosité désirante, de rigueur et de bienveillance.

Troublante impression pour qui cherche le verbe mortifère de l’automate. Inconfortable sentiment d’addiction en ne trouvant nulle ligne de savoir incorporable, savoir conservatoire, propriété des arcanes impuissantes de patriarches auto-élus descendant de convenances dogmatiques.

Ici, une belle place pour l’apprenti-sage, aucune pour le dressage. Ces lignes sont consignées d’une plume fait d’éprouvés et de pensées courageusement rencontrés, « porteurs d’une réalité vivante » (2).

Telle est aussi là l’épreuve de ce livre : risquer !

Se risquer à contacter l’errance lorsqu’elle dit-simule jusqu’à notre propre disparition désirante. Questionner l’errance dans la jouissance même de ses paradis fiscaux, où l’humaine réalité est comme possédée d’un relationnel s’abîmant dans l’échangisme affectif. Capitale question que l’être consommé, mateur ou maton. Fait d’arme d’un cynisme mercantile où le bon vivant n’est autre que l’amant insatiable du conformisme. Mafia au cœur du vivant, inversant et désarticulant l’advenir de l’être en ses références symboliques.

« N’y a-t-il pas le risque, en inférant un modèle de fonctionnement à partir de l'observation du pathologique, de confondre la réduction de la réalité humaine avec la réalité humaine, la morale sociale avec l'éthique, et le moi corporel avec le sujet ? »(3).

L’Autre du chapitre suivant est encore là.

Il nous rappelle de sa plénitude. Il nous réanime dans cette capacité de souffrance. Sa voix de tendre fermeté épelle, soupir après soupir, larme après larme, colère après colère le désarroi vis-à-vis d’une présence si particulière qu’est cette poussière de mémoire, cristal en advenir, au cœur de l’intime : l’Image Inconsciente du corps.

Cette image là est celle d’un ressenti-boussole ou d’un rêve inspiré. Résonance subtile et substantielle à la fois, d’où s’articulent distinctement l’âme, le corps et l’esprit.

Tel est l’ouvrage. Questionnant la réalité de notre désir d’être constitué de liberté, rencontre constituante de l’identité.

Être vivant. Être vivant dans l’être de l’humain.

(1) Personne de G. Aubry, Mercure de France.

(2) La constitution de l’être de MC Defores et Y Piedimonte, Bréal

(3) ibid.

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