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Billet de blog 16 août 2025

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C R O I R  E    E  N    L’ H O M M E Vers une rationalité généreuse

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

          La grande aventure de la science telle que Alain Aspect nous la révèle si lumineusement dans « Si Einstein avait su » (Odile Jacob 2025, cité AP)) nous montre que si les chercheurs n’avaient pas poursuivi avec ténacité l’effort pour constater, comprendre et expérimenter nous en serions encore à l’âge du caillou. Nous aurions certes évité la perspective d’une proche calcination, mais au prix de quel renoncement. Nous aurions surtout appris que chaque réponse ouvrait une nouvelle question et la tentation d’un renoncement. Ainsi Planck découvrait une formule féconde pour expliquer une loi de la thermodynamique mais se satisfaisait de l’explication même si celle-ci le plaçait devant un tel abîme qu’il la qualifiait « d’acte de désespoir » (AP, 35). Albert Einstein heureusement osait affronter l’abîme et faisait encore progresser la connaissance jusqu’à ce que lui-même craque Il ne pouvait pas comprendre qu’il y ait  encore plus rapide que la vitesse de la lumière (AP, 17). D’autres que lui ouvriront de nouveaux horizons à un questionnement fécond ; comment se fait-il qu’il en soit ainsi ?

          Il est des questions auxquelles la science ne peut apporter de réponse. A Napoléon qui lui demandait quel était le rôle de Dieu dans le fonctionnement de la mécanique céleste dont l’astrophysicien venait de donner une explication Laplace répondait qu’il n’avait pas besoin de Dieu. Napoléon aurait pu répliquer qu’une aussi belle mécanique exigeait l’existence d’un grand horloger. Laplace n’aurait pu répondre qu’en une autre qualité que celle de scientifique car la réponse échappe à la science.

          Ce blog s’est efforcé de répondre à une telle question : comment se fait-il qu’une telle mécanique existe ? Résumée très schématiquement la réponse  consiste à dire que plutôt que d’inventer un grand horloger qui existe en vertu d’un comment que nous renvoyons à un « il EST » il paraît plus rationnel de constater que la mécanique terrestre existe et que c’est elle qui  EST. S’il y a  bien nécessité d’un existant un premier, non précédé, sans commencement, un toujours la façon de le dire  est de dire qu’il est. Distinguer être et exister est la bonne manière.

          Comment se fit-il  que l’univers existe, et le genre humain en fait partie, est une question analogue à celle que se sont posés tous les scientifique qui ont ainsi fait progresser la connaissance. L’expérimentation de ce qu’est être échappe cependant au mode d’expérience scientifique. Elle suppose un minimum d’adhésion à la conception proposée,  une prise de conscience de chaque humain du fait qu’il est appelé à croître en être, donc en liberté. Celle-ci est malheureusement malmenée par des siècles de mollesse intellectuelle, d’illusionnisme crédule, de relâchement moral, de suffisance mandarinale et de comportements serviles. Cela paraît irrémédiable, le serait pour ce qui existe, ne l’est pas pour ce qui est.

          Ceux qui ont capturé la liberté et ont pris le pouvoir en ce monde se laissent guider par ce que Ayn Rand nomme l’égoïsme rationnel. Le Réel vers lequel nous conduit l’authentique raison est tout le contraire de l’égoïsme, il est générosité. Une pensée qui ne démissionnerait pas l’établirait et apporterait (..aurait apporté !) par là un puissant remède à notre impuissance. L’expérimentation de ce qu’est être oblige à se poser la question que se pose le scientifique : comment se fait-il que exister suppose être. Mais nous venons de le constater, le mode d’expérimentation est différent, il s’agit de se transporter vers des contrées que l’on ne peut explorer mis qu’il convient d’extrapoler, suivant une démarche dite transcendantale.

          Le transcendantal ne transcende pas, n’est pas au dessus de nous, article de foi,  il part de nous.  « Si on le nie, alors le sens et la cohérence de nos actions et pensées disparaissent » : il constitue «  la clé de voûte » de notre existence, de notre « coexistence » avec les autres humains. il part de nous, « si on le nie, alors le sens et la cohérence de nos actions et pensées disparaissent » : il constitue «  la clé de voûte » de notre existence, de notre « coexistence » avec les autres humains (Pierre-Henri Travoillot, Philo-mag juin 2019). Nous n’existons qu’en étant, nous ne sommes qu’en existant.

NOTA :

 Au moment où j’écris ce texte la Lettre de ce dimanche 16 août 2025 de la Revue le Grand Continent  nous berce des paroles d’un sage de ce monde nous le décrivant tel qu’il pourrait être, nous invitant à le faire tel tout en décrivant les forces contraires qui, sans autres apports que ces paroles lénifiantes, paraissent inéluctables, le sont à l’échelle où le sage parle. Cette lettre conclut par le vœu pieux : Non pas assister, impuissants, à l'affaiblissement des forces démocratiques mais contribuer à raviver ce qu'il en reste.

Je n’ai aussi que des écrits, et qui ne sont même pas lus, pour déplorer une impuissance partout proclamée et devenue réalité. Mais je n’écris pas à l’échelle d’un monde qui, incontestablement, va disparaître, ne pouvant qu’inviter à éviter « trop de larmes et de sang ». Je tente de concevoir un Réel qui, par définition triomphera, et qui nous situe animés par une puissance libératrice qui fera de la liberté, et donc de la démocratie, le lieu terrestre de notre splendeur. Il s’agit, en soubassement de l’existence de retrouver l’étance, restituant à ce terme sa plénitude étymologique.

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