Les violences faites aux femmes témoignent d’une crise mondiale des droits humains. Un avenir égalitaire nécessite une mobilisation contre toutes les formes de violence et de discrimination.
Ensemble, la France et ses partenaires peuvent bâtir un monde où chaque femme vit en sécurité et avec des droits respectés, si les engagements sont suivis d’actes et de moyens financiers concrets, et si le fil conducteur reste ponctué de tous les engagements pris par la France dans tous les traités et conventions qui ont conduit à la construction de la France d’après-guerre, et lui ont permis aujourd’hui de prétendre à mettre en avant une diplomatie féministe et de vouloir se positionner en cheffe de file sur les droits des femmes et droits humains à travers le monde.
En France: un combat pour l’égalité et la sécurité
Une crise persistante des violences multiformes
En 2024, malgré des décennies de luttes féministes, les femmes en France continuent de subir des violences multiformes et systémiques. Une femme sur trois subit des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie, un chiffre qui souligne l’ampleur de la crise (ONU Femmes). Par ailleurs, 80% des femmes estiment être moins bien traitées que les hommes en raison de leur sexe et 37% disent avoir déjà subi des rapports sexuels non-consentis Ces réalités s’aggravent pour les femmes issues de minorités, qui subissent des discriminations et des violences accrues.
Inégalités économiques et écart salarial persistant
Les inégalités économiques continuent de toucher les femmes de manière disproportionnée. En moyenne, les femmes en France gagnent 15,5 % de moins que les hommes, et cet écart s’élargit en fin de carrière, avec des retraites inférieures de 40 % pour les femmes. Cette précarité accrue les rend plus vulnérables aux violences domestiques et aux situations de dépendance. La précarité économique représente une forme subtile et puissante de violence envers les femmes, souvent sous-estimée voire totalement ignorée, bien qu'elle soit profondément ancrée dans le cycle des violences. Tant que cette dimension ne sera pas pleinement prise en compte dans la lutte contre les violences faites aux femmes, tous les efforts pour les éradiquer demeureront insuffisants.
Discriminations à l’accès à la santé
En France, les femmes migrantes et racisées font face à de nombreux obstacles pour accéder aux soins de santé, exacerbant les inégalités déjà préoccupantes. Ces femmes, souvent confrontées à des discriminations médicales, rencontrent des barrières linguistiques, administratives et financières, ainsi qu'une méconnaissance de leurs droits qui complique l'accès aux services de santé. Pour celles en situation de grande précarité, comme les femmes enceintes et les mineures, ces difficultés sont encore plus prononcées. Le "syndrome méditerranéen" est un biais clinique qui pousse certains soignant.e.s en France à percevoir les patientes d'origine méditerranéenne comme exagérant leur douleur. Ce stéréotype, souvent inconscient, peut amener à minimiser leurs symptômes, ce qui nuit gravement à la qualité des soins et peut retarder les diagnostics.co
L’harmonisation européenne du crime de viol mise en échec
La France a récemment exprimé son opposition à la directive européenne visant à harmoniser la définition de la viol au sein de l'Union européenne. Cette directive, proposée par la Commission européenne, cherchait à établir une définition commune du viol fondée sur l'absence de consentement explicite, conformément aux normes internationales et aux recommandations des organisations de défense des droits humains.
Nous formulons cinq recommandations nationales:
- Augmenter les financements à hauteur de de 2,6Milliards (aujourd’hui environ 185 millions) pour les associations de terrain : Les organisations qui offrent soutien psychologique, physique, alimentaire et d’hébergement doivent disposer des ressources nécessaires pour protéger les femmes victimes de violences.
- Réduire l’écart salarial et promouvoir les femmes dans les postes de décision : Des actions concrètes doivent être entreprises pour éliminer l’écart salarial de 15,5 % et accroître la représentation féminine dans les postes de direction.
- Modifier la loi sur le viol pour intégrer la notion de consentement : Aligner la législation française avec les normes internationales en définissant le viol par l’absence de consentement explicite serait une avancée pour les droits des femmes et l’inscription du féminicide dans le code pénal en dehors de la sphère privée et conjuguale, pour en faire une infraction autonome, soit le meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme.
- Combattre les discriminations en santé et promouvoir un accès équitable : Sensibiliser les professionnels de santé aux discriminations systémiques est crucial pour garantir un accès égal aux soins pour toutes les femmes. Renforcer les formations continues sur la diversité culturelle et la prise en charge empathique dans le cursus médical. Ces formations doivent inclure une sensibilisation aux préjugés culturels et racistes.
Les violences faites aux femmes dans le monde, responsabilité internationale
Violences faites aux femmes migrantes : une crise humanitaire
Les femmes migrantes, contraintes de fuir leur pays pour échapper à des conditions de vie insoutenables, font face aux violences sexuelles durant leur parcours d’exil, jusqu’à 90% d’entre elles en sont victimes. Cette violence ne s'arrête malheureusement pas aux frontières, une fois arrivées en Europe, elles continuent de vivre des violences physiques, psychologiques et sexuelles, souvent exacerbées par leur situation socio-économique.
Quand la peine de mort renforce les discriminations de genre
En 2023, au moins 24 femmes ont été exécutées en Iran, un chiffre qui atteint son plus haut niveau de cette dernière décennie. Les condamnations à mort pour les femmes incluent des crimes tels que l'adultère, souvent puni par lapidation, ainsi que le meurtre. De nombreuses femmes exécutées avaient été victimes de mariages forcés ou d'abus, ce qui met en évidence les discriminations de genre profondément enracinées dans le système judiciaire iranien.
Respect du droit international humanitaire pour protéger les femmes et les enfants
En Palestine, les violations du droit international humanitaire (DIH) sont nombreuses et inacceptablesinnacepatables, dont le non-respect des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution. Ces principes, inscrits dans le DIH, visent à protéger les civils des conséquences des hostilités. Toutefois, les attaques sur des zones densément peuplées, comme Gaza, causent des pertes civiles alarmantes, y compris parmi les femmes et les enfants. À Gaza, les femmes et les enfants représentent « près de 70 % » des morts selon un rapport du 08/11/2024 de l’ONU.
Nos recommandations pour un impact international de la France en tant que cheffe de file d’une diplomatie féministe et ambassadrice des droits humains.
- Protéger les Femmes Migrantes : La France et ses partenaires européens doivent créer des centres d’accueil sécurisés en Europe pour les femmes migrantes, former les agents d’immigration aux violences de genre et renforcer le plaidoyer au niveau international pour prévenir les violences sexistes et sexuelles.
- Condamner les Exécutions Discriminatoires : La France doit dénoncer fermement les discriminations de genre dans la peine de mort et elle doit intensifier son action diplomatique et ses alliances internationales, en collaboration avec les ONG et États abolitionnistes, pour promouvoir un moratoire global et l'abolition de la peine de mort, en soutenant l’éducation aux droits humains, l’assistance juridique aux pays en transition, et en conditionnant ses aides au respect des droits fondamentaux, tout en restant exemplaire dans son engagement pour la dignité humaine et les droits des femmes et des filles en vertu de la convention d’Istanbul dont elle est signataire.
- Assurer le Respect du Droit International Humanitaire (DIH) : La France doit intensifier son plaidoyer pour le respect des lois humanitaires dans les zones de conflit, en particulier pour la protection des femmes et des enfants. Elle doit également encourager des enquêtes internationales sur les violences contre les civils, en s'appuyant sur ses partenariats avec l'Union européenne et les Nations Unies.
- Renforcer la Diplomatie Féministe : La France pourrait initier une coalition internationale pour promouvoir les droits des femmes dans les contextes de conflit et de migration, augmenter les financements dédiés et mettre en place des outils de suivi et de redevabilité pour garantir des progrès concrets en coopération avec l’Union européenne et les Nations Unies.
Premier·es signataires :
Humanity Diaspo Présidente Charlotte Kan
Humanity Diaspo Directrice exécutive ONG Mme HAMRA Rana, Médaille de l'Égalité Femmes - Hommes
JOUANNET Jean-Marc, Membre du haut Conseil à l’Egalité femmes - Hommes
Moulin de pont rû, Alan Caillaud, Co-directeur
Sunshine Evelyne NAOUSSI, Présidente
Académie des Futurs Leaders, Alice Barbe, Directrice
Excision parlons-en ! Ramata KAPO, Présidente, Médaille de l'Égalité Femmes-Homme
Fédération GAMS, KOITA Oumou, Présidente
ALFALFAZ, GALPIN Christèle , Présidente