Comme avant-hier et comme dans deux jours, la police judiciaire, accompagnée de traducteurs et d'agents de nettoyage envoyés par la préfecture, ont forcé au moins 79 personnes à déplacer leurs tentes et leurs effets personnels de quelques mètres sur la voie publique pendant une quinzaine de minutes, avant que tout le monde ne se réinstalle exactement au même endroit quand les forces de l'ordre rejoignaient leurs véhicules.
Ces expulsions policières, violentes par nature, s'accompagnent systématiquement d'arrestations arbitraires et déloyales, et de saisies illégales : les personnes qui étaient absentes au moment des expulsions cet après-midi ne retrouveront pas leur tente ni leurs affaires à leur retour ce soir car les agents de nettoyage les ont saisies et détruites sous les ordres de la police. Elles devront dormir sans aucun abri. Au moins quatre personnes exilées ont été arrêtées cet après-midi.
Ces expulsions, organisées sous couvert d’une enquête pénale de flagrance sans cesse renouvelée, sont illégales car aucune décision de justice ni aucun arrêté ne les autorise, privant ainsi les personnes concernées du droit à un procès équitable et des garanties légales entourant les expulsions. Les autorités qui décident de ces expulsions s’assoient également sur l’instruction du Gouvernement du 25 janvier 2018 qui prévoit la réalisation d’un diagnostic social afin de proposer des solutions d’hébergement et d’accompagnement adaptées et durables aux personnes survivant dans des lieux de vie informels. Aucun diagnostic social n’est jamais réalisé à la frontière franco-britannique.
Ces expulsions conduisent à un épuisement physique et mental des personnes exilées qui se trouvent déjà en situation de précarité extrême. Au moins 29 personnes sont mortes en 2023 et déjà 6 personnes depuis le 1er janvier 2024* à cause de cette politique publique de harcèlement destinée à créer un environnement hostile pour les personnes exilées en recherche de protection, dont les expulsions quasi-quotidiennes des lieux de vie informels ne sont qu’un pan.
Toutes ces pratiques policières sont constitutives de traitements inhumains et dégradants au sens de l'article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme, la France doit donc y mettre fin sans délai.
Communiqué de presse du Mercredi 31 janvier 2024