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Billet de blog 27 mai 2024

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Bulletin mensuel des observations des expulsions dans le Dunkerquois - Mars 2024

Le 15 mars, une opération que l’État qualifie de “mise à l’abri” été organisée par la Préfecture du Nord. En réalité, les autorités ne laissent pas le choix : soit les personnes montent dans les bus pour aller vers un hébergement totalement inadapté à leur situation personnelle, soit la Police aux frontières les emmène en rétention.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis 2017, HRO a pour mission d’observer, documenter et dénoncer les violences d'État quotidiennes perpétrées à l'encontre des personnes en situation d’exil à la frontière franco-britannique*. Les entraves aux observations étant nombreuses, ces chiffres sont à prendre comme un extrême minima. 

Chiffres concernant les expulsions des lieux de vie informels :

  • au moins 182 personnes ont été expulsées de leurs lieux de vie
  • au moins 130 mineur.e.s non accompagné.e.s rencontré.e.s
  • destruction de la mosquée et des shops, lieux de sociabilisation des personnes exilées
Illustration 1
15 mars 2024 - Les forces de l'ordre et l'équipe de nettoyage en pleine saisie lors d'une expulsion dans le Dunkerquois (crédit image: @utopia56)

Les faits d’intimidation et/ou violences systémiques subies par les personnes exilées enregistrées par HRO :

Le dispositif policier déployé est de grande ampleur (une centaine d’agents de police équipés d’armes automatiques, de LBD, de drones...) et relève d’une stratégie de criminalisation des personnes exilées visant à justifier les violences quotidiennes qu’elles subissent. HRO en a documenté certaines des ces violences lors de la journée du 15 mars.

  • à 7h30, des personnes exilées quittent leur lieu de vie en courant à l’arrivée des forces de l’ordre. Elles n’ont pas le temps de récupérer leurs effets personnels. 
  • à 9h02, un CRS justifie d’inciter les équipes HRO à quitter le lieu de vie en disant : "c'est plus dangereux ici c'est sûr”.
  • à 9h28, les équipes HRO observent une destruction totale d’un des lieux de vie par la société de nettoyage mandatée par l’Etat. Un agent, muni d’une tronçonneuse, détruit tous les abris sous les yeux des personnes exilées vivant sur les lieux.
  • à 9h39, au moins une personne est arrêtée par la police aux frontières à l’entrée des bus.

Les équipes HRO n’ont pas pu observer plus  longuement la zone des bus car un périmètre dit “de sécurité” leur a été imposé afin de les tenir éloignés de l’opération de police.

  • à 9h40, les forces de l’ordre détruisent les shops qui sont des lieux de sociabilisation et de commerce au sein des lieux de vie, et la Mosquée. Des personnes exilées rapportent qu’un agent de police a mis des coups de pieds dans le Coran en riant. 
  • à 11h12, un CRS à moto menace un groupe d’au moins 30 personnes exilées accompagnées de bénévoles d’Utopia 56 de les gazer pour les éloigner des lieux de vie. 

Les faits d’intimidations et/ou d’entraves subies et enregistrées par HRO :

  • Le 6 mars, alors que deux membres HRO étaient stationnés dans un parking, un CRS a été extrêmement violent : il a utilisé la menace de la détenabilité pour inciter une membre HRO à arrêter de filmer et l’a bousculée tout en arrachant son téléphone des mains. Des signalements au procureur et à la Défenseure Des Droits ont été envoyés.
  • Le 8 mars, les agents de police ont une nouvelle fois contrôlé le véhicule des équipes HRO de manière abusive.
  • Le 15 mars les membres de l’équipe HRO qui documentaient l’opération de mise en bus ont subi 3 contrôles d’identité ainsi qu’un contrôle de véhicule. Lors de cette même opération, les équipes de l’association Utopia 56 ont vu leurs identités contrôlées à 2 reprises. Lorsqu’ils ont quitté les lieux, une personne exilée les a informés que les agents de police à moto ont gazé les poignées des portières de leur véhicule.
  • Le 14 mars, un contrôle de véhicule, ainsi qu’un contrôle d’identité, ont été effectués par des agents de la Police Nationale alors que l’équipe HRO était stationnée dans le parking d’un supermarché. Un agent a été particulièrement agressif et a refusé de justifier la base légale de ces contrôles. 

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