humaro (avatar)

humaro

sociologue parfois

Abonné·e de Mediapart

54 Billets

1 Éditions

Billet de blog 2 mai 2009

humaro (avatar)

humaro

sociologue parfois

Abonné·e de Mediapart

QUE DEVIENNENT LES FRUITS D' UNE PRODUCTIVITE CROISSANTE?

humaro (avatar)

humaro

sociologue parfois

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Parmi les bonheurs offerts par Mediapart, il y a la chance de pouvoir y découvrir régulièrement des

exposés clairs sur des questions délicates. Je ne résiste donc pas au désir de soulever un problème

qui me turlupine depuis pas mal de temps, en espérant que des membres un peu plus initiés

veuillent bien se donner la peine d'apporter un éclairage et (pour avoir moins honte d'intervenir avec

mes questions pour les nuls) que cet éclairage puisse être un peu utile à d'autres que moi. Je lance

donc candidement la question comme une bouteille à la mer:

Lorsque les dirigeants de pays comme la France ou l'Allemagne appellent au relèvement de l'âge de

la retraite, ils indiquent en général que ce processus est inévitable en raison de l'allongement de la

durée de vie et de la dégradation du rapport entre le nombre des actifs et celui des non actifs.

L'argument n'apparaît pas a priori déraisonnable mais on peut se demander pourquoi l'entretien de

l'allongement de la durée de vie n'est pas compensé par les processus permettant qu'un même

nombre d'actifs produise beaucoup plus de biens et services qu'hier. Autant que je sache, pendant

que la durée de vie s'allonge:

– la population active de pays comme la France ou l'Allemagne se renouvelle: elle devient non

seulement en meilleure santé mais aussi et surtout plus instruite, plus qualifiée,

tendanciellement plus ouverte aux savoirs et savoir-faire internationaux;

– les technologies se modernisent de façon de plus en plus rapide, accélérant la production et

la transmission d'informations, offrant des possibilités inouïes d'accroissement de la

productivité dans de nombreux domaines;

– d'immenses réserves de main d'oeuvre rurale des pays du Tiers-Monde sont transférées dans

le champ de la production industrielle mondiale et permettent l'approvisionnement en divers

biens à meilleur marché des consommateurs de France, d' Allemagne etc. (que ce transfert

s'opère souvent brutalement dans les pays producteurs, qu'il soit parfois associé à des

dommages écologiques, qu'il entraîne en Europe des difficultés dans les secteurs les plus

traditionnels de l'économie et donc des augmentations locales et temporaires du chômage,

tout cela ne fait guère de doute; mais, aussi graves soient-elles, il s'agit me semble-t-il de

questions d'un autre ordre que celle initialement posée).

Lorsque je cherche à comprendre pourquoi ces transformations permettant des augmentations

considérables de productivité ne suffisent pas à compenser l'allongement de la durée de vie, les

hypothèses qui me viennent (naïvement) à l'esprit sont celles-ci:

1) une part croissante de la richesse produite est accaparée par une étroite minorité de rapaces,

qu'il s'agisse de banksters à la Madoff ou de propriétaires et managers utilisant jusqu'à leur

extrême limite les possibilités d'exploitation qui leur sont légalement accessibles;

2) une part croissante de la richesse produite est à certains égards un gaspillage: elle se traduit

moins en amélioration effective des conditions de vie qu'en invasion du marché par des

objets peu ou pas utiles, la multiplication de gadgets ultra-sophistiqués, l'accélération de

remplacements fondés non sur l'usure mais sur des jeux de mode, etc.;

3) une part croissante de la richesse produite est détruite par le désordre du marché, la

multiplication des crises d'offres ou de demandes, le fait que les explosions de « bulles »

dans un secteur donné deviennent plus fréquentes et/ou plus « pandémiques »;

4) une part croissante de la richesse produite permet une amélioration effective des conditions

de vie (en qualité des services de logement, de transport, etc., en respect des normes

d'hygiène et de santé ainsi que des impératifs écologiques, en offre de nouveaux produits

culturels ou en extension de l'offre à des sous-populations qui n'y avaient auparavant pas

accès); mais l'amélioration du niveau de vie des classes d'âge existantes entre en

concurrence avec l'entretien d'un niveau de vie convenable d'une nouvelle classe d'âge, d'un

« quatrième âge», apparu avec l'allongement de la durée de vie et regroupant une part

croissante de la population.

Ces quatre explications ou certaines d'entre elles rendent-elles compte de façon décisive,

marginale ou nulle de l'incapacité des sociétés les plus « développées » à entretenir

l'allongement d'un temps libre?

Y a-t-il d'autres explications qui les complètent ou s'y substituent?

Dans ce domaine, observe-t-on au moins une part de consensus chez les économistes ou eston

face à des clivages radicaux associés aux divergences d'écoles et d'affinités idéologique?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.