Je fais partie de ceux (les « cons » ai-je lu dans quelque billet récemment publié sur Mediapart) qui hésitaient entre les listes d'EE et du Modem jusqu'à ce que la pitoyable allusion de F. Bayrou à la braguette de DCB me décide à voter pour Europe Ecologie. Sans enthousiasme, mais aussi sans regret.
Ceci dit, si F. Bayrou est à l'évidence moins glorieux et même moins digne qu'il ne voudrait le faire accroire, il n'est ni ignoble, ni infâme. Il me semble qu'il ne vaut à titre personnel ni beaucoup plus, ni beaucoup moins, que les autres leaders politiques qui se sont hissés, ont tenté de se hisser ou espèrent encore sérieusement se hisser et se maintenir durablement aux sommets de l'Etat, exercice qui apparaît exiger des qualités exceptionnelles et non moins de défauts.
Et surtout, quelle que soit la sévérité du jugement porté sur sa calamiteuse fin de campagne ou, plus généralement, sur les ambiguïtés de ses références et de son parcours, il reste dans sa contribution politique de ces dernières années deux choses que ne peuvent ignorer ou a fortiori mépriser celles et ceux qui (là encore comme moi) ont le coeur et les tripes à gauche, mais qui sont las des contorsions du PS et ne croient pas ou plus aux niaiseries archéo- ou néo-trotzkystes, communistes ou bas du front de gauche.
La 1ère relève du sens du combat à mener: Abus du pouvoir est, je crois, un ouvrage stimulant pour travailler à une refondation du pacte républicain, redonner chair et sens au triptyque « Liberté, Egalité, Fraternité », en tout cas un remarquable Manifeste contre l'arrogance des nantis et des puissants, ce qui n'est pas rien et ne va pas de soi, y compris à gauche (il suffit pour s'en convaincre d'observer la suffisance, les boursouflures, et le menton avantageux de nombre d'éléphants et d'éléphanteaux, espèce qui bien entendu ne s'épanouit pas que rue Solférino).
La seconde relève des contours de la coalition susceptible de vaincre le sarkozysme et les forces apparentées: si l'on veut réunir les conditions effectives d'un renversement de majorité présidentielle et législative, il va de soi qu'il faut prendre en considération ce que représente socialement et culturellement le Modem et cesser d'y voir un partenaire de progrès démocratique et social moins légitime que le PCF dont l'audience électorale est devenue (hors fiefs municipaux) marginale et qui a maintenu la filiation et le label « communiste » (après bientôt un siècle d'expériences qui, avec d'excellentes intentions, d'héroïques vertus et tous les certificats de « gauche » qu'on veut, ont abouti au mieux aux prisons politiques de La Havane, au pis aux charniers de Phnom-Penh).