En apprenant que Ségolène Royal démentait avoir fait pression sur les organisateurs des Francofolies pour qu'ils déprogramment Orelsan, j'ai eu la honte, rougi entièrement à l'intérieur et, comme je l'avais tenue sur ce site pour responsable de cette mise l'écart (cf le billet intitulé "L'interdiction d'Orelsan"), je me suis dit que je devais adresser des excuses aux abonnés et organisateurs de Mediapart mais aussi (un comble lorsqu'on connaît son expertise en mea culpa !) à S. R. elle-même.
Ceci dit, avant de lui avoir fait porter le chapeau dans un billet qui la mettait moins en cause, elle, que les faux-culs de l'UMP, j'avais essayé de vérifier les allégations de Jean-Louis Foulquier et celles-ci m'avaient paru confirmées par quelques articles du Net et notamment cet extrait prélevé sur inrocks.com:
"D’abord, l’entourage de Ségolène Royale a démenti toute implication de la présidente de région dans cette déprogrammation. « La présidente de la région assume ses combats jusqu’au bout, si elle était intervenue auprès des organisateurs, elle l’aurait dit », a dans un premier temps déclaré le directeur de cabinet de Ségolène Royal à L’Express.
Mais voilà, samedi 4 juillet, dans le quotidien Sud-Ouest, Ségolène Royal dit autre chose : « Je l'avais déjà fait au mois de mars (NDLR : contacter les organisateurs en vue d’une déprogrammation d’Orelsan). Je ne sais pas ce qui les a conduits à reprogrammer ce rappeur. En tant que femme et présidente de la région Poitou-Charentes, je n'ai absolument pas envie de sponsoriser sur mon territoire une personne qui vante les violences faites aux femmes. Même si je n'ai pas à me mêler des choix artistiques, j'assume, et je me réjouis qu'il ne chante pas ses paroles de haine et de meurtre aux Francofolies » (Ségolène Royal fait ici référence aux paroles de Sale Pute, une vieille chanson d’Orelsan que celui-ci ne joue pas sur scène). "
Bref, je ne sais que penser. Dans tous les cas je regrette de n'avoir pas utilisé une formulation plus prudente ("Ségolène Royal aurait contribué à obtenir..." plutôt que "Ségolène Royal demande et obtient...") et prie les lecteurs du billet "L'interdiction d'Orelsan" d'excuser mon manque de réserve. Ceci dit, il ne me semble pas que ça change d'un iota l'essentiel:
1) la chanson d'Orelsan est d'une obscénité triviale
2) dans la mesure où elle est une fiction narrative et non un appel délictueux à la violence, ce n'est pas à la classe politique de juger de l'opportunité de sa présentation au public adulte, a fortiori du droit de l'auteur à proposer aux Francofolies d'autres chansons;
3) l'UMP (Mgr Frédéric Lefebvre en tête) en prenant la défense d'Orelsan, après avoir stigmatisé et cherché à pénaliser judiciairement les rappeurs exprimant la rébellion des cités, fait preuve d'une hypocrisie et d'une mesquinerie consternantes.
PS Le nouveau Ministre de la Justice ne se grandit pas en comparant sans un mot de réserve "Sale pute" aux stupra de Rimbaud).