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Billet de blog 17 octobre 2009

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Héros et salauds. Résultats du sondage (1)

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Les résultats de ce sondage ne représentent que les appréciations des abonnés qui ont jugé utile de rendre hommage ou au contraire de stigmatiser des personnalités physiques ou morales ayant exercé une influence publique depuis la mort de Staline.

Une bonne vingtaine d'abonnés ont participé au vote, certains désignant cinq noms (le maximum) pour chacune des quatre rubriques proposées (héros internationaux, salauds internationaux, héros nationaux, salauds nationaux), d'autres citant un moins grand nombre de personnalités, positives ou négatives, comme la possibilité en était offerte. Un seul vote d'abonné a été non comptabilisé parce qu'il citait les personnalités importantes en mêlant héros et salauds. Outre les votes proprement dits, des commentaires parallèles ont attiré l'attention sur des figures plus anonymes de l'héroïsme ou de la honte; on y reviendra in fine. Ce premier billet présente exclusivement une synthèse des votes à dimension internationale.

En ce qui concerne les héros (ou « indispensables ») internationaux, le plus grand nombre de suffrages s'est porté sur N. Mandela (12) et M. L. King (10). A l'exception de Aung San Suu Kyi (5) aucune autre personnalité ou association n'a recueilli plus de deux voix.

Ont obtenu, par ordre alphabétique, deux voix: Amnesty International, le Dalaï Lama, A. Davis, M. Gorbatchev, Médecins Sans Frontières, R. Menchu, A. el Sadate, mère Teresa. On notera que MSF, créée en France, a également bénéficié d'une voix parmi les héros nationaux.

Il faut relever que quelques personnalités hors champ chronologique (n'ayant pas exercé d'influence après 1953) ont été citées une fois mais que l'une d'elle, le Mahatma Gandhi, a été cité cinq fois!

S'il fallait dégager les valeurs auxquelles les votants ont rendu hommage à travers les personnalités choisies, on pourrait semble-t-il assez clairement souligner:

  • le combat contre le racisme, à travers les grandes figures du combat pour l'égalité des droits civiques entre blancs et noirs aux Etats-Unis (M. L. King, A. Davis) et contre l'apartheid en Afrique du Sud (N. Mandela);

  • le combat pour la paix avec l'admiration témoignée pour Gandhi, mais aussi la nomination de Sadate, du Dalaï Lama, et, dans une certaine mesure, les voix portées sur deux symboles de transition pacifique, Gorbatchev et Mandela;

  • le combat pour l'abolition des dictatures, a défense des libertés et l'instauration de la démocratie incarné par San Suu Kyi, par Amnesty International (et son soutien aux militants incarcérés et parfois torturés pour simple délit d'opinion favorable aux droits de l'homme), et aussi, dans une certaine mesure, par Gorbatchev;

  • l'œuvre de solidarité humanitaire envers les plus vulnérables à travers l'action de Médecins Sans Frontières et celle de Mère Teresa;

  • enfin la lutte pour la défense des peuples aborigènes représentée par l'amérindienne, R. Menchu.

On peut ajouter que parmi les personnalités qui ont recueilli une voix, plusieurs symbolisent le souci du dialogue et du processus de paix israélo-palestiniens, comme D. Barenboïm ou I. Rabin, et la lutte pour les droits des femmes: Clara Campoamor (Espagne), Shirin Ebadi (Iran), Malalaï Kakar (Afghanistan), W. Maathai (Kenya).

En ce qui concerne les salauds (ou anti-héros ou « superflus ») internationaux, la « palme » est revenue à W. Bush (cité 7 fois), peut-être pour une part en raison de sa politique intérieure d'amputation des droits sociaux, de restriction des libertés, de conservatisme ou même de retour au passé dans le domaine des mœurs, certainement pour sa politique extérieure arrogante, belliqueuse, chauvine. En témoigne d'ailleurs le fait que ses deux collaborateurs les plus impliqués dans le choix d'envahir l'Irak et plus généralement dans sa politique au Proche et au Moyen Orient, D. Cheney et R. Rumfeld, ont recueilli chacun trois voix. Cependant le degré élevé de la répulsion à l'égard de W. Bush a été aussi probablement favorisé par le fait qu'il a été une des incarnations d'un capitalisme mondialisé sans régulation. La condamnation de ce modèle est explicitement suggérée en effet par les citations de personnalités telles que M. Thatcher ou J.M. Barroso (2 voix chacun) ainsi que par celle, exceptionnelle, d'un théoricien: M. Friedman (1 voix)

En-dehors du trio Bush-Cheney-Rumsfeld, les noms les plus cités ont été presque toujours ceux de dictateurs ou plus largement des gouvernants autoritaires ayant exercé et/ou exerçant encore une répression brutale contre une fraction des populations soumises à leur pouvoir, en premier lieu le plus sanguinaire, Pol Pot (5 voix). On relève ensuite V. Poutine (4), S. Hussein (2), Kim Il Sung (2), R. Mugabe (2), A. Pinochet (2) auxquels il faut peut-être ajouter le colonel Kadhafi (2) bien que celui-ci ne soit peut-être pas plus stigmatisé pour ses pratiques dictatoriales que pour ses provocations internationales, à commencer par la commande d'attentats sanglants contre des civils. Dans cette catégorie de dictateurs et apparentés ont reçu une voix: M. Ahmadinejad (Iran), I. Amin Dada (Ouganda), T. Bagosora (Rwanda), F. Duvalier (Haïti), le général Franco, les dirigeants de la junte birmane et on peut ajouter qu'un exécutant, le pire tortionnaire de la dictature argentine, le lieutenant Astiz, a également été « crédité » d'une voix.

Derrière Bush, Pol Pot et Poutine, à égalité avec D. Cheney et R. Rumsfeld, on trouve avec trois voix chacun la figure emblématique du terrorisme associé au fondamentalisme religieux, O. Ben Laden, et le dirigeant de droite européen incarnant le plus effrontément le populisme le plus démagogique et le plus vulgaire, la confusion cynique des intérêts privés et des choix politiques, l'offensive sans vergogne contre les droits sociaux, les libertés de la presse, l'indépendance de la justice: S. Berlusconi.

Enfin deux dernières personnalités ont reçu plus d'une voix – deux chacune – B. Netanyahou et...J. Ratzinger, le pape Benoït XIII. La désignation de Netanyahou n'est pas mystérieuse: elle renvoie très probablement à l'étroite alliance de la droite israélienne avec la politique extérieure de W. Bush et surtout au fait que le premier ministre israélien symbolise la dévalorisation du processus de paix, le privilège accordé à la force, le choix de poursuivre l'implantation de colonies sionistes en territoire palestinien, de réduire délibérément l'aire arabe de Jérusalem, d'exclure pratiquement l'existence d'un Etat palestinien viable. Celle du pape Benoît XIII est plus inattendue: on peut supposer qu'elle témoigne d'une indifférence à ses positions dans le domaine social (présentées sur ce site dans un billet de patrick rodel) et est surtout fondée sur son dénigrement, jugé parfois criminel, du préservatif comme moyen de prévenir le Sida, en particulier en Afrique. Mais il n'est pas exclu qu'elle témoigne plus largement d'un rejet de la tutelle idéologique religieuse ou para-religieuse sur la vie sociale (ce qui n'exclut pas une considération pour les personnalités religieuses engagées au service des humbles ou des opprimés: après Mère Teresa, ont été cités parmi les héros Mgrs Oscar Remero et Desmond Tutu, une voix chacun). En tout cas, outre la stigmatisation de la violence nouée au fondamentalisme islamiste (les 3 voix attribuées à Ben Laden, déjà signalées, une voix attribuée aux « djihadistes »), on relève une voix donnée à l'imam Khomeini, une voix aux « religieux intégristes de tous bords » et une voix au fondateur de l'Eglise de scientologie Ron Hubbard.

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