Dans le JDD du 28 Juin 09, un interviewer pose à Son Altesse la question suivante:
"Dès 2005, vous appeliez de vos voeux un capitalisme éthique. Qu'avez-vous fait de votre longueur d'avance?"
Réponse d'Albert de M.:
"Prévoir cette évolution, c'était déjà beaucoup".
Il y a là, en plein paradis fiscal, une candeur délicieuse. Sa Majesté lentissime, qui vient d'expliquer qu'à 51 ans il n'est pas encore prêt au mariage et à la paternité - "Cela se fera le moment venu" - aurait pu jouer la carte du "Il faut du temps au temps". Mais non, le prince Albert reconnaît sans rire, sans honte, sans regret, qu'il n'a rien fait. En 2005 il avait déclaré dans un moment d'effervescence rhétorique, peut-être après avoir abusé de la bière, qu'il fallait marier le capitalisme et la vertu, construire "un modèle de société et une société modèle", et il considère qu'il n'y a rien à fabriquer de plus. En avoir parlé "c'est déjà beaucoup". N'allons pas lui demander en plus de mettre les principes en pratique - sa contribution est peut-être visionnaire mais certainement définitive.
Alors que la plupart des Chefs d' Etat s'entourent de publicitaires et autres "communicants" pour occulter la distance entre ce qu'ils disent et ce qu'ils font, un tel aveu, une telle innocence, une telle sincérité dans le mensonge officiel mériteraient éventuellement quelque récompense. Une "noix d'honneur" de Mediapart?
 
                 
             
            