J’ai un blog Mediapart. Et non, il n’y a rien d’intelligent dedans. Absolument rien. Chaque phrase existe pour exister. Chaque paragraphe est là parce que j’ai décidé qu’il devait l’être. Parfois j’écris des mots qui semblent avoir un sens, mais en réalité ils se perdent dans le vide complet et total, et je souris comme si j’avais accompli quelque chose de grandiose. Le vide me regarde en retour, et il ne s'en préoccupe pas vraiment. Mon blog Mediapart je l’ai appelé le Hyblog pour que ça commence comme mon pseudo Hypothese404.
Je regarde parfois mon Hyblog et je me demande pourquoi je continue. Et puis je me rappelle : le vide a sa beauté. Le silence peut être rempli de phrases inutiles. Moi, dans mon royaume de mots qui ne servent à rien, je suis une souveraine comblée, une reine de l’inutile mou, une architecte du chaos plat, une prestidigitatrice de l’absurde sans conséquence. Chaque lettre qui apparaît est un petit geste futile, chaque phrase publiée est une victoire dérisoire de l’inutilité.
Les lectrices et lecteurs — s’il y en a — arrivent, lisent, puis partent. Et c’est parfait. D’ailleurs, ils semblent parfois plus satisfaits du vide actuel du blog que de ce qu’il y avait avant. Pourquoi ? Peut-être préfèrent-ils l’absurdité tranquille, le néant assumé. Moi, je continue à écrire pour le plaisir d’écrire, pour la satisfaction étrange de publier des choses qui ne changent rien, pour la gloire tranquille de remplir l’espace avec des phrases sans aucun intérêt. Et parfois, le vide me répond par son silence total, ce qui est la meilleure des approbations.
Bref, j’ai un blog Mediapart. Mon Hyblog. Il pourrait contenir des idées, des réflexions, des révélations. Mais il contient mes phrases fades, mes mots flasques, mon chaos doux, ma fierté de perdre du temps sur des lignes qui n’ont aucune conséquence, et mon plaisir absolu à célébrer l’inintérêt. Le vide est mon allié, l’absurde mon royaume, et moi je souris au milieu de tout ça, heureuse de participer au grand cirque inconsistant de l’inutile.
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