« De la Mancha »
Je diffuse ici habituellement

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mes caricatures car je les crois, vaniteusement, atypiques et que dessiner des "personnages", plus que des "personnes, me donne infiniment de plaisir.
Il m'arrive aussi de faire des portraits de personnes... mais, là, je les "peins" véritablement, dans toute l'épaisseur de l'émotion dont ils m'ont gratifiée.
Ainsi, sur fond de soulèvements sociaux qui font sortir les "pauvres" de leur caniveau, il y a quelques jours, un soir, j'ai vu ce jeune homme (une vingtaine d'années, pas plus) tout neuf dans sa misère (il était encore gras et semblait avoir honte), mendier à la sortie d'un hypermarché, à moitié dans la nuit de la rue. Cette scène m'a bouleversée, d'autant que j'étais moi-même démunie de monnaie. Il pleurait de honte en cachant le moignon de sa main droite. J'ai pu trouver une pièce de 2 euros, ai posé ma main riche sur son épaule sanglotante et me suis permis un baiser sur sa joue inondée de larmes. En m'éloignant, j'ai vu un autre homme, visiblement plus aguerri dans ce métier qu'est la mendicité, le rejoindre et j'ai compris l'ignominie d'un scénario possible : l'exploitation du handicap d'un "pauvre" par un autre "pauvre". J'ai raconté cette anecdote à mon voisin, flic de son état et par conviction. Il m'a répondu, le sourire en coin : "Et vous êtes sûre qu'il avait vraiment un moignon ?".
C'est vrai, je ne m’étais pas une seconde posé la question.
Mais, est-ce vraiment la question à se poser ?