Réforme des retraites : où sont les femmes ?
Lâcheté ou courage : Economie de mots ou cynisme économique…
A partir d’aujourd’hui, les ministres « techniquement concernés » par la réforme des retraites vont participer à ce débat marathon. On peut s’en réjouir ! Cette question va enfin sortir du huis-clos de l’exécutif Premier Ministre/Président de la République/Delevoye Bis/, entrouvert de temps en temps aux organisations syndicales. La discussion va donc s’enrichir du Travail, des Transports, de la Santé, de l’Education, de la Fonction Publique…
Une grande absente, toutefois : « les Femmes » ! Pourtant !
L’enjeu féministe, patent dans cette affaire, serait-il soigneusement dissimulé de la réforme des retraites ?
Madame Schiappa,
Vous qui êtes si prompte à vous emparer de tout ce qui est de nature à menacer le statut des femmes, avez-vous mesuré la régression économique, morale et sociétale que contient, pour les femmes, le projet de réforme de la retraite de votre gouvernement ?
Je dis bien « projet », car à ce stade, il paraît qu’il est encore temps de débattre de son contenu et de sa portée.
Le Collectif « Nos retraites » * s’est récemment exprimé sur le sujet en en détaillant point par point, les incidences sur la situation financière et sociétale des femmes.
Outre le principe du calcul de la retraite « par point », la question du régime des pensions de réversion, allouées, on le sait, majoritairement aux femmes, du fait d’une réalité démographique, n’a pour l’instant jamais été abordée, ou de façon très lacunaire. On s’abstient en effet de préciser que celles-ci ne seront versées que bien plus tard que ne le permet le système actuel et… non dues pour les veuves ingrates qui auraient précédemment divorcé ! Quel est le fondement de cette restriction ?
Plus moral que juridique en tout cas puisque, dans le régime actuel, la notion de durée de vie commune préside au versement de toute prestation à caractère compensatoire, afin de réduire la perte de revenus découlant de la rupture du lien conjugal (par divorce ou décès) et que cette dernière se poursuit par- delà la mort de l’époux (le plus souvent) redevable…
Ainsi, l’épouse qui divorce perdrait son droit à la pension de réversion de son ex ! Normal ! Comme chacun sait, le mariage est un « placement » ! Rompre ce contrat, c’est renoncer à la rente à laquelle on a souscrit ! Et puis, de nos jours, avec l’indépendance économique des femmes qui se sont engagées dans des carrières professionnelles aussi lucratives que leurs pairs (égalité professionnelle oblige), plus rien ne justifie cette « prothèse » !
Et quand on aime, on ne s’en va pas ! Même si c’est devenu insupportable ! Même si on risque, pour certaines, sa peau ! On reste ! Et on meurt, prématurément. De quoi faire faire des économies sur le budget des minima sociaux (solidarité et minimum vieillesse).
Et puis, et surtout ! Quand on aime… on ne calcule pas ! Car quand on n’aime plus, on redevient calculateur(rice)
Alors, madame Schiappa, qu’avez-vous fait de votre « vervulence » et de votre omniprésence, madame la secrétaire d’Etat chargée des ( affaires ( ?) de femmes ?

*Extrait du blog Médiapart de « Collectif nos retraites » daté du 8 décembre 2019
« …La question de la retraite est un enjeu féministe crucial et souvent peu abordé. Elle met en effet en jeu non seulement la question des inégalités économiques de genre, mais aussi plus fondamentalement, la question de l'autonomie financière des femmes. Le projet du gouvernement, en faisant de la retraite un strict reflet de la carrière, y compris dans ses périodes les plus précaires, en conditionnant les droits familiaux et en réduisant le niveau général des pensions, menace encore davantage une autonomie déjà insuffisante. »