ANOUKA
« Devant ces mots qui blessent, qui heurtent, qui taisent l'autre... Usure, lassitude ? Oui, légitimement.
Pourtant aucune soumission.
Pourquoi je manifeste mon désir d’écrire, de dire par un billet généreusement édité grâce à une abonnée elle-même en fin d’abonnement ?
Peut-être est-ce une ultime manière de signifier à quel point je ne conteste l’intérêt de la parole, de la liberté d’expression, en respect – toujours à défendre…- des mots de l’autre, du travail journalistique, de la complexité à couvrir l’actualité en résistance aux opinions si ravageuses du prêt -à-penser, et questionnements afférant aux sujets traités.
L’usure ressentie à répondre aux commentaires confondant l’échange d’idées, la confrontation d’idées avec un rapport de forces où l’esprit du dominant doit l’emporter. Usure de finalement comprendre que tout se répète, en circuit fermé de « trollages » et de harcèlement jusqu’au dernier mot du « gagnant ». Se désabonner, donc, pour se déshabituer à ressentir cette violence le plus souvent niée. En somme, assainir son environnement numérique devenu, hélas, toxique.
J’aurais aimé une version offerte (abonnement exigible, à l’évidence) avec lecture d’articles uniquement, sans accès aux commentaires… Une protection, pour souffler un peu. Difficile de ne s’en tenir qu’à la responsabilité des lecteurs/trices… Si cela était, le respect de la charte irait de soi. Est-ce le cas ? Non"
"Abject, l’abjection ou la puissance émotionnelle et délétère des mots…
Les synonymes convoqués pour tenter d’entendre l’étendue du sens : « abominable, affreux, atroce, avilissant, bas, dégoûtant, dégradant, déshonorant, détestable, écœurant, hideux, honteux, horrible, ignoble, immonde, inavouable, indigne, infâme, infect, innommable, lâche, laid, méprisable, nauséabond, odieux, ordurier, puant, répugnant, répulsif, révoltant, scandaleux, sordide, vilain. ».
Oui…Via google. Surprise à lire et surprenante cette liste ?
Pourquoi donc n’en choisir qu’un seul, de mot « Abject ».
Contient-il toutes ces odieuses nuances, à lui seul ? Ou bien… ou bien par sa sonorité fait-il entendre ce vomissement à peine est-il lu et silencieusement prononcé ? Une flèche empoisonnée ? Justifiée par une offense insupportable à nos raisons, à nos émotions ?
Comme si l’on était au bord du précipice de l’audible, de « l’entendable »…Le rejet physique de l’inacceptable. Jusqu’où l’acceptable ? Jusqu’où nos limites ? Subjectivement, collectivement ?
N’est-ce pas pourtant le centre névralgique d’une atteinte au sens ? Là où se situent toutes les résonances dues aux semblants de l’ego meurtri des meurtrissures d’une vérité malmenée, aux couches et sous-couches « historistiquement » noyées dans le temps long, l’ego perdu dans les brouillards des faits dont le sens ne peut plus émerger ?
L’avant, long et indicible, malgré les faits répertoriés, inscrits, écrits et si souvent oubliés, controversés… L’ici maintenant qui n’en peut, qui n’en peut plus de douleurs à ne plus pouvoir exister.
Et l’on poursuit cette immonde traque à poursuivre le vrai. Quand tout se détruit pour que les traces des morts disparaissent, que les journalistes disparaissent, que les images filmées soient l’occasion d’une guerre médiatique où les sources sont contestées, manipulées…
Qui croire ? Les victimes ne pourront plus, n’auront plus à dire… L’après, toujours l’après quand l’ici-maintenant se poursuit en destruction lente ou de fatales exécutions… Oublier les uns pour défendre les autres… Oublier les autres pour ne pas oublier les unes et les uns…
Responsabilité totale et immonde de ces faiseurs de haine que sont devenues les animateurs/trices de fausses nouvelles, d’opinions haineuses, décidées unanimement pour justifier ce que les Français et Françaises pensent ou doivent penser…
Oui, pas le temps d’aller voir ou entendre ailleurs… Pas le temps, non. Vite entendu, vite convaincu ? Même avec un raisonnable recul, il reste cette appréhension émotionnelle… Qu’ils savent ce qu’ils et elles disent… ça ne peut être véritablement des fakes. L’abjection de jouer sur les peurs ? Oui, là est l’abject bien rentable, bien efficace… Ici, ailleurs aussi. Pas le monopole du sordide. Non.
L’après ? Qu’est-ce que l’après ?
L’article de Fabrice Arfi – que je n’ai pu lire jusqu’au bout puisque désabonnée… ne nous laisse que peu d’espoir que les véritables coupables seront - archives bien fermées, politiquement fermées pour éviter la recherche d’une vérité, des faits – trop tardivement débusqués.
Le Rwanda, oui. Le déni est têtu. Et cet entêtement ne peut que nourrir le soupçon.
Cette « couverture » est usable… Un fil, puis un autre, puis un autre encore… Le tissu de camouflage n’est qu’illusoire. Pourtant, le temps si long d’un "débusquage" des coupables compromis ne tient qu’à la fatigue ou la disparition des tisserands du mensonge d’État.
Fatiguant de penser ? Fatiguant de réfléchir ? Fatiguant d’accepter le doute face à d’autres sources d’informations ? Fatiguant de ne plus savoir si l’on a tort ou raison ?
Fatiguant de se dire qu’il n’y aura jamais de raison valable audible, pour que meurent des innocents, pour que meurent autant d’enfants, de femmes, d’hommes, de familles…
De toutes ces guerres… Pour les intérêts de gouvernants, au pouvoir suprême de tolérer la vie et la mort, de la soutenir même, en catimini, en lâcheté. Une nouveauté contemporaine ? Absolument pas.
Jamais, non jamais, ce ne sera acceptable. Le penser est notre dignité. Si le sens de notre humanité persiste encore… "
Le dernier mot d’une ex-future abonnée repentie IDTFT-ROMANE :
Je tire ma révérence, je lâche le fil si fin, si emmêlé, si vain des réseaux sociaux.
Tête haute, en toute dignité et solidarité avec ANOUKA.