Ouf ! C'est dans un grand élan de soulagement, même modéré, que tous les politiques, hormis le FN, ont commenté les élections d'hier. Le FN n'a gagné aucune région, tout le monde est sauvé. La démocratie a encore triomphé.
Et, à part Nicolas Sarkozy qui semble toujours autant loin de la réalité en s'applaudissant pour la "victoire" de la droite, avant d'aller voir dans la précipitation un match de foot car il ne fallait surtout pas rater le début et que c'est plus important que des élections ou la vie de son parti, tous les politiques de gauche et de droite ont reconnu qu'ils n'avaient pas été élus, pour la plupart, pour ce qu'ils représentaient, mais bien parce qu'il ne fallait pas élire quelqu'un d'autre de pire qu'eux.
Remarquez, il aurait été bête de tenir un autre discours puisque toute la campagne des régionales, y compris avant la vague FN hautement prévisible du premier tour, n'a été qu'une succession de bagarre entre candidats, à coup de méprise pour l'adversaire, quel que soit son camp, avant même de penser à un quelconque programme pour la région.
Mais bref, puisqu'on nous le dit, on nous a compris, nous électeurs ou non-électeurs. Oui, puisque les élus ont fait une volte-face assez impressionnante entre le premier et le second tour. Autant le premier tour a été source d'innombrables commentaires des politiques, médias et même citoyens sur la flemmarde abstention ou le honteux vote FN, le soir du second tour a été le moment de déclarations qui, au contraire, indiquaient que ces flemmards et ces honteux, ainsi que les citoyens votant par défaut, avaient été compris. On ne sait pas trop comment ce miracle a pu avoir lieu entre les deux tours, mais il a eu lieu.
Certains élus de droite, comme Xavier Bertrand et Christian Estrosi, ont été même jusqu'à remercier les électeurs de gauche d'avoir voté pour eux et ainsi d'avoir empêché le FN d'être sous les projecteurs régionaux. Enfin, surtout de les avoir propulsés sur le trône régional.
Alors, c'est bien gentil tous ces petits mots d'affection pour nous les électeurs, quel que soit notre bord, mais quelle sera la suite de ces événements ? Les politiques vont-ils prendre en compte cette part de gauche, ou de droite, qui a voté pour eux ? Les politiques vont-ils enfin se poser les questions de l'abstention et du vote FN, sans les stigmatiser et s'en servir comme programme ? Va-t-on voir un changement dans le visage politique et démocratique de la France ?
C'est dommage pour ceux qui croient aux miracles, mais il n'en sera rien, ou très peu. On oubliera vite que les élections ne deviennent de plus en plus qu'une farce où les citoyens doivent décider de voter pour un candidat par défaut, la plupart du temps pour éviter que le pire n'arrive, plutôt que par conviction, pour les idées qu'ils aimeraient être portées haut et fort par un représentant ou par tout autre sorte de régime démocratique. On oubliera les abstentionnistes qui ne redeviendront que de simples flemmards et on continuera de conspuer le vote FN. En somme, on continuera de crier sur les conséquences en faisant semblant d'oublier les causes avec, en plus, l’accord de beaucoup de citoyens. Ce n’est pas demain que le système changera, ce serait la fin des partis politiques tels que nous les connaissons si c’est le cas et ça leur fait peur.
Oui, on vous a compris et on vous remercie disent les politiciens, mais le temps d'une phrase dans une interview ou dans un discours postélectoral. Et ça recommencera à chaque élection jusqu’à ce que quelque chose change.
Ce qu'ils pensent vraiment, vos élus, c'est qu'ils ont été élus démocratiquement, alors que ce n'est pas le cas, mais ils vont pouvoir faire ce qu'ils veulent maintenant qu’ils ont les rênes.
A commencer par Jean-Yves Le Drian, qui s'assoit tranquillement sur les valeurs républicaines en disant qu'il va rester au chaud au ministère de la Défense en laissant la région aux mains de sa liste. Félicitations chers amis bretons, vous venez d'élire quelqu'un qui n'en a rien à faire de votre région et qui n'a même pas honte de le dire.
Mais, en conclusion, avant de se demander qui va se souvenir le plus que c’est grâce à des citoyens qui ne voulaient pas forcément qu'il soit leur chef de région qu’ils ont été élus, posez-vous cette simple question : entre les deux tours des élections, parmi vos candidats, dons votre région, lesquels ont vraiment mis la région au centre du débat ?
Si déjà la région n'est qu'accessoire à leurs yeux, vous croyez que vous êtes plus importants ?