Un autre monde est nécessaire, urgent et possible.
Son avènement repose d’abord, certes, sur l’évolution des mentalités. Toutefois, si les transformations personnelles sont nécessaires, elles ne me semblent plus, tant l’urgence est grande, suffisantes. Le travail des collectifs, coordinations, convergences et de médias non révérencieux 😉 est indispensable. Les changements ne viendront pas d’élites autoproclamées et vouées au service du néolibéralisme. Mais cette dynamique citoyenne n’est pas suffisante non plus. Il en va de même, à l’échelle planétaire, de l’action obstinée et combative de nombre d’ONG. Car la puissance des forces de pouvoir et d’argent, leurs capacités d’inertie, de sabotage et de récupération sont grandes, comme l’est, quand il le faut, leur solidarité pour défendre leurs acquis face aux revendications des sociétés civiles.
Ainsi, malgré toutes les énergies de transformation à l’œuvre, les choses ne changent que très lentement, voire s’aggravent ou régressent. Faut-il attendre patiemment ? Que les “gouvernants“ (un terme pour désigner la majorité des détenteurs de pouvoir - politiciens, hauts fonctionnaires, financiers, grands industriels) aient une révélation ? Que le nombre des individus – des électeurs - aspirant à un autre monde atteigne la masse critique, c’est-à-dire supérieure à la masse qui préfère la servitude volontaire ? Patiemment ? Quand cela nous mènera-t-il ? En 2050 ? 2080 ? Des ruines de l’ancien monde, Vaclav Havel voyait émerger les débuts d’un nouveau monde. C’était en 1995. Y aura-t-il un long terme vivable ? De moins en moins probable. Le seul fruit de la patience – hélas ! - est souvent la patience.
Que faire ?
Voici une réponse. Il y en a sans doute d’autres, meilleures peut-être, mais celle-ci s’impose à moi.
Si la dispersion des forces de changement reste un frein majeur à la mise en œuvre d’actions de grande ampleur, propres à imposer des alternatives aux choix des gouvernants, alors le besoin est que ces forces s’associent, pour constituer un véritable contre-pouvoir face aux gouvernants, à l’échelle mondiale.
J’ai fait ce rêve : une centaine d’organisations constituent une Alliance. Le noyau initial a été composé de quelques ONG œuvrant pour la planète, la paix, les droits de l’enfant, de la femme, de l’homme en général et des animaux, contre la faim, contre la torture, pour la liberté, le logement, en bref, pour le Vivant. Conscientes d’avoir déjà réussi à mobiliser des énergies autour d’espoirs d’un monde meilleur, elles ont reconnu qu’en s’alliant, et en appelant d’autres collectifs et mouvements à s’allier avec elles, elles feraient naître une force capable de faire changer de cap à nos sociétés. C’est ainsi qu’elles ont créé l’Alliance pour le Vivant.
Nous en avons ébauché le programme. J’écris “nous“ parce que cela s’est passé dans mon rêve.
Programme d’une Alliance pour le Vivant
Ce programme s’appuie sur une finalité, une ambition, une stratégie, une stricte indépendance et un fonctionnement cohérent avec le projet.
Une finalité : la sauvegarde et la régénération du Vivant – c’est-à-dire l’humanité dans la nature.
Une ambition : que tout “gouvernant“ soit conduit à prendre des décisions donnant la primauté au Vivant, devant toute autre considération. Ce principe s’appliquera par exemple dans les domaines suivants : environnement, santé, énergie, éducation, information, travail, sécurité, justice.
Une stratégie : pour servir cette ambition, l’Alliance se propose d’inciter, d’aider, d’amener ces gouvernants à respecter ce principe de primauté au Vivant.
Actions envisagées, par exemple :
- Effectuer une veille dans les domaines mentionnés
- Mobiliser l’opinion en faveur de choix, de pratiques, de biens et de services donnant la primauté au Vivant
- Donner à l’opinion publique un pouvoir réel de contrôle et d’incitation des gouvernants
- Élaborer des Pactes proposés à l’engagement des gouvernants.
L’Alliance sera indépendante de tout intérêt privé, économique ou politique, de toute institution et de toute obédience religieuse. Chaque ONG conservant son indépendance, l’Alliance a le statut juridique approprié. L’origine de ses ressources garantira son indépendance.
Son fonctionnement sera à l’image de la société à construire: égalité, ouverture, pluralité, fluidité, collégialité, consentement.
Compagnons du rêve, Dominique Pressat et Thierry Groussin m’ont aidé à produire ce texte. En le publiant, ma seule ambition est de lancer l’idée. Si parmi les lecteurs de ce texte se trouvent des personnes susceptibles de joindre et mobiliser des responsables d’ONG, de Collectifs, de Mouvements, etc, j’échangerai volontiers avec elles. Merci de votre attention.
Pierre Miraillès. Le 1er juin 2020