Dernier marché "ouvert" ce matin dans mon quartier. Dernier avant bien longtemps. Il n'y avait que des étals alimentaires, et moins nombreux que d'habitude. Les chalands semblaient très conscients des règles : pas de regroupements, pas de petits groupes. En outre la municipalité avait installé des limites visibles pour éloigner clients et marchands.
J'ai eu le temps d'échanger avec deux d'entre eux. Ils sont consternés. Ce sont des producteurs locaux de fruits et légumes. Leur dernier marché... Pourtant les produits abondent : salades, radis etc. vous connaissez. Produits pour l'un et l'autre à 15 km de là.
Ils sont prêts, la mort dans l'âme, à abandonner tout ça, et à se mettre devant l'ordinateur, pour déclarer aux impôts et autres administrations le préjudice subi, comme beaucoup d'autres artisans ou petits entrepreneurs.
Mais ce qui provoque la colère, la leur et la mienne, c'est que les supermarchés voisins (appartenant à de grands groupes internationaux) sont accessibles. Là, on accepte le risque, alors que la densité est finalement assez forte, dans un lieu confiné. Sur le marché de plein air, on est... en plein air, moins concentrés.
Et dans ces supermarchés, devinez : on ne vend pas la production locale ! les producteurs de mon coin, même bio, n'ont pas je ne sais quelle habilitation qui leur permettrait de vendre leurs produits à la grande distribution. Laquelle n'en voudrait certainement pas, à mon avis, préférant les fruits et légumes d'Espagne ou d'ailleurs : prix imbattables, volumes assurés avec très peu de fournisseurs...
Et, cerise sur le gâteau (si j'ose dire...) ils vendent de tout ! Produits de première nécessité, les chaussettes ? les salons de jardin ? la vaisselle ? les ordis ? les télés ? etc. ? Ben voyons... Ils vendent même leurs livres, alors que mon petit libraire local est fermé.
Mais tout ça s'explique finalement... Les grands groupes de distribution sont en bourse, avec des PDG qui sont tous des copains de Roux de Bézieux, de Le Maire, de Macron himself ! On ne chagrine pas ces gens-là ! Après tout, ils ont soutenu politiquement votre élection ! Il y a des dividendes à la clé !
Tandis que mon maraîcher local, tout le monde s'en fout ! il n'est pas coté en bourse, il peut disparaître sans que personne dans notre monde politique s'en aperçoive !
Donc, on ferme les marchés de plein air. Et les citoyens vont défiler encore plus nombreux chez la grande distribution. C'est toujours un plaisir de faire plaisir aux copains, quand les circonstances s'y prêtent !