ilionorlouis

Professeur de Sociologie, Chercheur

Abonné·e de Mediapart

1 Billets

0 Édition

Billet de blog 18 mars 2024

ilionorlouis

Professeur de Sociologie, Chercheur

Abonné·e de Mediapart

Comprendre la dynamique des gangs à Port-au-Prince

Les gangs assiègent Port-au-Prince depuis le 29 février dernier. Leurs chefs se proclament révolutionnaires voulant transformer une société haïtienne ravagée par la mondialisation capitaliste. Qui sont ces chefs de gang ? Peuvent-ils vraiment faire une révolution? Quels liens existe-t-il entre la formation de ces bandes et le néolibéralisme ? L'article analyse ces questionnements.

ilionorlouis

Professeur de Sociologie, Chercheur

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 29 février de l’année en cours, des gangs armés conduits par Jimmy Chérizier alias Barbecue commencèrent ce qu’ils appellent une révolution en vue de changer de système en Haïti. Ces gangs se sont fédérés en une coalition dénommée Vivre Ensemble (VA). Les membres de cette coalition gagnent les rues, mitraillette en bandoulière, pistolet à la ceinture et passe-montagne au visage de la majorité d’entre eux.

Leur objectif déclaré est d’obtenir la démission du Premier ministre de facto, Ariel Henry, désigné par le Président Jovenel Moïse avant son assassinat dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021. À défaut d’un Parlement, Monsieur Henry a reçu confirmation de son poste à travers un tweet des membres d’un groupe de diplomates accrédités en Haïti connu sous le nom de CORE GROUP. Selon la Constitution de la République, il faut un Président et un Premier Ministre à la tête de l’exécutif haïtien. Mais le CORE GROUP imposa un Premier ministre au grand mépris de la loi-mère.

Arrivé au pouvoir après l’assassinat de Jovenel  Moïse, Ariel Henry avait signé un accord selon lequel, il organiserait des élections générales avant la fin de 2023 afin de passer le pouvoir à un président élu, le 7 février 2024. Ces élections n’ont pu avoir lieu. Le 7 février dernier, le Président refusa de démissionner malgré des protestations populaires.

Depuis son arrivée au pouvoir, M. Henry a adopté un train de mesures qui ont fait flamber le coût de la vie. Il a fait augmenter le prix du carburant à plus de 300%. Il faut plus de 5 US$ pour acheter un galon d’essence tandis que le salaire minimum journalier d’un ouvrier ou d’une ouvrière de la sous-traitance est inférieur au prix d’un gallon. Depuis son accession à la tête du gouvernement, il n’a rien fait pour garantir la sécurité de la population. Si avant l’assassinat du Président Moïse on pouvait  se rendre sans crainte dans le Sud et le Nord du pays en transport public ou privé, sous le gouvernement de M. Henry, les gangs ont assiégé la capitale. Il faut payer des droits de passages aux membres des gangs pour se rendre  n’importe où dans le pays à partir de Port-au-Prince. Kidnapping, viols, braquage, massacres, incendie de maisons par les gangs ont augmenté.

La population haïtienne, spécialement les habitants de Port-au-Prince ont souffert et continuent de souffrir pendant la période de gouvernance d’Ariel Henry. Pourtant, à la réunion de la CARICOM, il a déclaré vouloir rester au pouvoir pour organiser des élections le 31 aout 2025. Ce qui lui donnerait un mandat présidentiel de presque cinq ans, alors qu’il n’a pas été élu. Les gangs en ont profité pour déclencher un mouvement armé exigeant la démission d’Ariel Henry.

Origines des gangs en Haïti

Dans une perspective historique, certains font remonter l’histoire des gangs en Haïti à l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, fondateur de la patrie. Ady Jean Gardy affirme que « les gangs ont commencé à se manifester après l’assassinat du père fondateur de la Patrie, Jean-Jacques Dessalines. L’un des premiers gangs serait connu sous le nom de Malfait et Malfou qui avait semé la terreur dans le Sud[i]». Selon Ady Jean Gardy, tous ces chefs d’État haïtiens, Jean-Pierre Boyer,, Soulouque, Hyppolite et Salomon, au 19ème siècle, avaient combattu des gangs. Et même au début du 20ème siècle, durant l’occupation américaine d’Haïti, des gangs s’étaient confondus avec les Cacos[ii]. Jean Gardy qualifie Jean-Baptiste Goman de chef de gang, ce qui peut soulever des questionnements sur sa conception de ce que c’est un gang, car Goman était un chef rebelle, un homme politique.

Selon un dossier mis en ligne par Haïti Libre, un média en ligne, « le modèle historique des gangs d’aujourd’hui trouve son origine, en 1959, dans les milices des Volontaires de la Sécurité Nationale (VSN), plus connues sous le nom de « Tonton Makout[iii] ». Ces milices seraient responsables de la mort d’environ 60 000 personnes, en 28 ans de dictature[iv]. Après la chute des Duvalier suivie de la dissolution du corps des « Tontons Makout », il y a eu d’autres gangs communément appelés « Attachés » ayant commis des crimes abominables contre la population[v].

Certains auteurs ( Francisque, 2021), Global Initiative (2022) font remonter, dans une perspective plus récente, l’histoire des gangs au retour du Président Aristide notamment avec sa décision de dissoudre l’armée et au cours de son deuxième mandat de 2001 à 2004. En effet, le Président Aristide était populaire dans les  bidonvilles. Selon David Baker (cité par Jameson Francisque) « Aristide avait fourni des armes en grand nombre à des jeunes, en échange de leur support.

Ces armes ont par la même occasion  donné l’opportunité à des groupes de s’impliquer dans des actions violentes et des crimes. Après le départ de « Titid[vi]», chassés par des groupes armés, les asayan, ces gangs impliqués dans des crimes divers, ont accentué leur contrôle dans leurs zones d’influence[vii] ». Outre la distribution d’armes à certains de ses partisans, « l’action du gouvernement sur les questions des pensions militaires et de la reconversion des soldats sans emploi incite un nombre croissant de personnes à rejoindre les groupes armés[viii] ».

Selon Global Initiative, c’est au début des années 2000 qu’Aristide forma ses propres groupes armés appelés Chimères. Ces groupes travaillent de concert avec la Police Nationale d’Haïti (PNH). En 2001, le régime Lavalas, avec Jean-Bertrand Aristide, tenta de désarmer les milices et de réprimer les anciens soldats. Cette initiative se solda par un échec car en 2003-2004, un Front National Révolutionnaire  pour la Libération et la Reconstruction, un groupe armé, prend naissance ralliant des groupes armés anti-gouvernementaux et d’anciens soldats de l’armée haïtienne.

Cela donnera naissance à l’armée cannibale ou Front de Résistance de l’Artibonite qui allait s’emparer des Gonaïves qui jusque-là étaient aux mains du gouvernement. Ce mouvement a été à la base du coup d’État qui reversa Aristide le 29 février 2004[ix]

L’approche focalisée sur des groupes  armés ou des paramilitaires à la solde ou en face de politiciens prête à confusion en ce qui concerne la finalité et certaines actions des gangs telles qu’elles opèrent aujourd’hui. Les milices, par exemple, sous Duvalier et sous le gouvernement putschiste issu du coup d’État de 1991, traquent, enlèvent des opposants, incendient des quartiers pour le compte d’un régime. Elles ne se disputent pas des territoires tandis que les gangs d’aujourd’hui, même si elles sont de connivence avec des politiciens, vivent généralement de braquage, de la traite des personnes, du narcotrafic entre autres. Ils ont en commun avec les milices ou paramilitaires d’assassiner des individus, de massacrer des villages ou quartiers, d’incendier des maisons. Cependant, il faut éviter de confondre milice, paramilitaire avec des gangs. Ce n’est pas la même chose.

Port-au-Prince et ses gangs

En ce qui concerne la situation à Port-au-Prince, la formation des gangs correspond plutôt à l’application des politiques néolibérales qui a provoqué un exode rural massif vers les grandes villes notamment vers Port-au-Prince, après la chute de la dictature des Duvalier et le retour au pouvoir de Jean-Bertrand Aristide, en 1994. Les bidonvilles de Port-au-Prince sont passés du statut de « …quartiers de pauvreté à des zones de marginalité extrême[x] ». Il a été prévu que la population de Port-au-Prince passerait d’un demi-million au début des années 1980 à un million en 1986, avec un rythme de croissance[xi] de 7%.

Aujourd’hui, la population de Port-au-Prince est estimée à trois millions d’habitants[xii], ce qui a porté Jean Goulet[xiii] à parler des pauvres qui construisent la ville. L’application des politiques d’ajustement structurel coïncide aussi avec la corruption des élites politiques et économiques, ce qui a contribué à aggraver la situation des populations marginalisées vivant dans les bidonvilles des grandes villes d’Haïti. Ces espaces sont assimilables à des lieux de relégation avec une manière différenciée d’accéder aux services de base notamment l’eau et l’électricité[xiv].  

À juste titre, les habitants de ces quartiers les appellent ghettos, pour traduire la précarité des conditions de vie et la marginalisation socio-économique dont ils sont victimes. Le concept de ghetto est relayé par des médias  au point que des journalistes en font une rubrique dans leur émission de Nouvelles[xv].

Les conditions de vie sont très difficiles, constituant ainsi un terreau fertile pour la formation de bandes criminelles. Sur la page d’accueil d’une de ces milliers d’ONG qui aident à gérer la misère de la population dans les bidonvilles de Port-au-Prince, on peut lire ceci : « Pas d’eau courante, pas ou peu d’électricité et pour la plupart pas de latrines. Pas de tout-à-l’égout, pas de commerces, un accès aux soins de santé et à l’éducation des plus sommaires, la population de Cité Soleil survit tant bien que mal [xvi]». Les bidonvilles se trouvent dans une situation d’oubli par rapport à l’Administration Publique haïtienne. Village de Dieu, Cité de l’Éternel, Caridad, Fort-Mercredi, Savane Pistache, Cité Gabriel, Cité Georges, Cité Lucien, Fort National, pour ne citer  que celles-là font partie de ces bidonvilles se trouvant dans une situation d’abandon.

Les parents doivent se débrouiller pour donner à manger aux enfants, payer les scolarités, les soins de santé, le transport entre autres. Tôt, les enfants de ces quartiers abandonnent la formation classique pour se démêler eux-mêmes afin de survivre. L’État n’apporte aucune assistance. Il n’y a pas de politique publique en matière de prise en charge de l’institution familiale, notamment des familles nombreuses avec très peu de revenu ou des familles dirigées seulement par des femmes pauvres. C’est l’une des raisons pour lesquelles les membres de gangs sont recrutés, très jeune, dans ces espaces. C’est leur deuxième famille où le père est le chef de gang avec droit de vie et de mort sur chacun d’eux.

Injonctions néolibérales, protestations populaires et Gangs armés

Le FMI conditionne ses prêts à des pays comme Haïti, la Guinée et l’Égypte. Ce « scénario ressemble comme deux gouttes d’eau à celui du début des années 1980[xvii] ». Le FMI n’est pas seule. « Banque mondiale, Club de Paris, Institut de la finance internationale (qui a pris de facto la place du Club de Londres pour les créanciers privés), tout ce petit monde est à la manœuvre pour imposer de nouveau ses règles, en tenant compte de la situation nouvelle ».

Ces institutions posent comme conditions d’abandonner les mesures sociales telles que les subventions et les compensations permettant au classes populaires d’accéder à des services de base, même précaires.  Le maintien des subvention constituerait, selon les institutions financières internationales,  un obstacle au remboursement de la dette. C’est dans cette optique que le FMI a imposé à Haïti depuis 2018 l’abandon des subventions des prix du carburant.

Les protestations populaires avaient porté Jovenel moïse à faire marche arrière. Ariel Henry a foncé sans tenir compte des conséquences de la suspension des subventions dur les populations. « Entre décembre 2021 et septembre 2022, les prix de l'essence ont augmenté dans ces pourcentages : essence +183,5%, diesel +296,5%, kérozène +307,9%. De plus, le carburant n’est plus accessible dans les stations-service, mais uniquement sur le marché informel ; les prix ont explosé, passant de 353 à 30005 gourdes pour 4,4l de diesel, si l'on arrive encore à en trouver. Cela provoque une augmentation énorme du prix des produits de première nécessité et un appauvrissement presque total de la population[xviii] ». Le feu s’allumé en Haïti après l’adoption de ces mesures.

Colette Lespinasse, Els Hortensius et Isabelle Franck accusent le FMI et la Banque Mondiale : « Dans le contexte de la hausse vertigineuse des prix de l’énergie au niveau mondial, la fin de la subvention du carburant par l’État haïtien met le feu aux poudres de la colère populaire. Si l’État porte une lourde responsabilité dans la misère qui est le lot de la majorité de la population haïtienne, la pression des Institutions financières internationales y joue un rôle non négligeable.

Tout comme au Soudan, en Indonésie ou aux Philippines, les conditionnalités imposées par le FMI et la Banque mondiale en échange de leurs prêts ont un effet catastrophique sur les droits humains[xix] ». Ces deux institutions, responsables de la misère des peuples du tiers-monde, « poursuivent la promotion du néolibéralisme et du capitalisme qui ont causé des ravages sociaux, économiques et écologiques à l’échelle planétaire[xx] ». La Banque Mondiale et le Fonds Monétaire international à les impositions faites aux pays endettés sont à la base de facteurs tendant à déstabiliser ces pays[xxi]. Elles sont responsables, à travers les programmes d’ajustement structurel imposés  de la baisse considérable des dépenses de santé et d’éducation, des privatisations, de l’ouverture des pays des Suds à la libre circulation des capitaux et de marchandises dans un contexte de mondialisation capitaliste.

En Haïti, cette accentuation de la misère et de la pauvreté favorise la montée en puissance des gangs armés qui ont des connexions non seulement avec les classes dominantes et des professionnelles de la politique, mais aussi avec le système. Cependant, avec le temps, les gangs ont acquis une certaine autonomie en perfectionnant leurs pratiques à travers des enlèvements contre rançon,  des extractions de ressources dans les communautés dont ils contrôlent « Les gangs, devenus plus indépendants, ont voulu accroître leur richesse et leur pouvoir en menant des actions violentes de plus en plus brutales afin d’asseoir leur contrôle sur les communautés dont ils extraient des ressources[xxii] ».

Selon Alex Johnson, « la violence omniprésente des gangs et les enlèvements, ainsi que la corruption bien ancrée de la classe dirigeante haïtienne, servent à maintenir le régime capitaliste en Haïti, dont les principaux maîtres, les impérialismes américain et européen, utilisent depuis des décennies ces forces pour imposer un climat d’inégalité sociale brutale, d’oppression politique et de misère[xxiii] ». Dans la dernière partie de cet article, j’analyse les liens existant entre les guerres civiles, l’application des politiques néolibérales et l’apparition des bandes criminelles dans quelques pays d’Amérique centrale.

Les gangs ,en Haïti, peuvent-ils faire la révolution ?

La réponse est négative : les gangs, en Haïti, ne peuvent faire aucune révolution. Ils ne sont qu’un instrument aux mains des politiciens corrompus, des classes dominantes et de l’empire. Imaginez des jeunes gens lourdement armés comme eux, posant des actions révolutionnaires guidés par leurs croyances idéologiques progressistes, remettant en question la domination impérialiste à seulement 1558 kilomètres de Port-au-Prince. Une intervention ou une tentative d’intervention militaire des États-Unis serait inévitable comme c’était le cas quand Fidel Castro et ses hommes faisaient la révolution à Cuba. Armes et munitions des bandes armées haïtiennes proviennent des États-Unis. Aucun effort n’est fait du côté des dirigeants pour couper l’alimentation de ces bandes en armes et munitions.

Pa rapport aux attitudes et comportement de ces soi-disant révolutionnaires,  la plupart d’entre eux, non seulement portent des casquettes ou des mouchoirs à l’effigie du drapeau des États-Unis, mais dans leur parler quotidien, ils empruntent des vocables à l’anglais américain (Yeah, Ever, But, So). Ils adorent la devise américaine. Ainsi, ils exhibent sur les réseaux sociaux, comme butin de leurs actions criminelles, des liasses de billet vert.  Ils sont aussi fascinés par un style de vie fondé sur un mode de consommation se traduisant par la construction de maisons de luxe (à même le bidonville), de grandes piscines, l’organisation de grandes fêtes de réjouissance, l’hyper sexualisation du corps de la femme entre autres.

En termes de relations de complicité avec l’Empire, l’une des fonctions des gangs est d’étouffer les révoltes populaires, spécialement celles qui exigent un vrai changement de système, une rupture avec la domination  impérialiste. Sans le consentement des chefs de gangs dans les quartiers populaires, il ne peut y avoir ni organisation populaire ni participation des populations aux manifestations populaires antisystème. Les chefs de gangs se comportent comme des caïds dans leur territoire, voulant tout contrôler. Ils « réalisent un substitut de travail social, assurent un contrôle du territoire et un réservoir de votes auprès d’hommes politiques et de membres de l’oligarchie[xxiv] ». 

Selon Alex Johnson, Jimmy Chérizier, le porte-parole de la Plateforme Vivre-Ensemble des bandes armées, « a des liens de longue date avec une section de la bourgeoisie haïtienne représentée par le Parti haïtien Tèt Kale (PHTK), qui inclut le régime fantoche soutenu par Clinton de l’ancien président Michel «Micky le doux» (Sweet MickeyMartelly et Moise, ce dernier connu pour avoir déchainé ses forces dans des répressions violentes contre l’opposition populaire à sa présidence ».

De là, à se poser une question : le renversement d’Ariel Henry est-il vraiment l’œuvre des gangs armés ? Ou bien est-ce une diversion du système pour se débarrasser de M. Henry devenu un colis encombrant qui n’a pu livrer d’autre résultat que la hausse des prix des produits pétroliers après plus de trente mois de règne ? Tout porte à croire que les chefs de gang ne sont pas libres de leurs actions malgré leur prétendue autonomie proclamée par  leur porte-parole lors de ses prestations publiques. Les gangs ne sont qu’une émanation du système qui ont probablement besoin d’une révolution sociale pour les effacer.

Principales actions posées par les gangs dans l’actuelle conjoncture

Les principales actions des gangs dans la conjoncture actuelle consistent à monter aux barricades pour empêcher les interventions policières, défiler dans les rues lourdement armés, piller des magasins, vandaliser des succursales de banques en emportant les caisses et tout ce qu’ils y trouvent, violer des femmes et des filles, kidnapper des individus, incendier des maisons, attaquer des commissariats et sous-commissariats de police, y mettre le feu entre autres. Ils attaquent des prisons en libérant leurs pairs, injustement incarcérés, selon eux. Ainsi, ils ont quasi détruit le principal centre de détention du pays dénommé : Pénitencier National. À la commune de Croix-des-Bouquets, située à vingt (20) kilomètres au Nord de Port-au-Prince, ils ont détruit un autre centre de détention. Auparavant, des membres de gangs de Canaan avaient mis le feu à la prison des femmes située à Cabaret.

Outre les prisons, ils s’en sont pris à l’Aéroport International Toussaint Louverture de Port-au-Prince. Mais ils ont buté sur la résistance des membres de la jeune armée de la République en processus de refondation. Ils ont dû faire marche-arrière. Au moment où j’écris ces notes, ils viennent de piller l’Autorité Portuaire Nationale (APN) emportant  beaucoup de marchandises gardées dans des containers.

Ils promettent de continuer les mêmes actions tant que leurs objectifs ne sont pas atteints. Si la démission du Premier Ministre de facto, Ariel Henry n’est pas obtenue, ils prédisent un génocide qu’ils rejettent déjà sur la responsabilité de la Communauté internationale, spécialement, les États-Unis,  accusés de protéger Ariel Henry. On dirait que leurs objectifs, par cette déclaration, se réduisent  à la démission du Premier Ministre de facto. Avant d’entrer dans l’analyse des dernières actions posées par les gangs, voyons comment se sont formés les gangs dans l’histoire récente du pays et les relations entretenues avec certains secteurs.

Les gangs et leurs relations à Port-au-Prince

Contrairement à l’hypothèse selon laquelle l’application des politiques néolibérales et la corruption des élites politiques et économiques constituent des déterminants de la formation des gangs à Port-au-Prince, d’autres auteurs pensent que  l’histoire des gangs est étroitement liée à l’évolution de la situation politique dans le pays[xxv] c’est-à-dire à la faillite de l’État. la prolifération des groupes armés en Haïti est la conséquence directe de l’absence de l’État dans les quartiers précaires.

Les citoyens pour la plupart, sont à la merci des chefs de gangs qui s’érigent en bienfaiteurs, et bénéficient de l’assentiment de la population de leurs zones de domination. Cette multiplication des bandes armées s’inscrit également dans une logique de « pouvoir ». Il est un fait indéniable que certains de ces groupes sont réputés proches du pouvoir en place, d’autres sont proches de certains hommes politiques de l’opposition[xxvi]. Donc, l’utilisation des gangs, en Haïti, devient, depuis une vingtaine d’années, une stratégie de lutte pour la conquête du pouvoir, le renversement, mais aussi, le maintien du pouvoir. Par conséquent, les gangs sont aujourd’hui inhérents au pouvoir en place, qui, naturellement, les soutient en munitions et en argent ». Outre des membres de la classe politique haïtienne, les gangs développement des relations avec :

  • des non élus mais ayant des rapports avec les élus. Les non élus sont des ministres[xxvii] ou des représentants de partis politiques au pouvoir. Ils sont utilisés par le pouvoir pour alimenter les gangs en argent, armes et munitions. Les témoignages de certains leaders de gangs arrêtés et emprisonnés sont éloquents en ce sens[xxviii]. Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) dénonce les liens entre le chef de gang Vitelhomme Innocent, des hauts gradés de la Police Nationale Haïtienne (PNH) et des membres du gouvernent de facto en Haïti[xxix]
  • des ONG, des associations de quartiers ou des fondations. Les relations des ONG avec les gangs sont basées souvent sur la négociation en vue de permettre l’intervention de l’ONG sur le terrain ou bien sur la confrontation si l’ONG ne coopère pas. La négociation implique l’attribution d’une part du budget du projet de l’ONG au chef de gang. Certaines ONG intervenant dans la commune de Cité Soleil peuvent en témoigner en ce sens. Des gangs ont essayé de se métamorphoser en association non lucrative pour faire ce qu’ils appellent « le social » c’est-à-dire distribuer de la nourriture à des familles nécessiteuses, organiser des journées de nettoyage dans leur quartier ou organiser des soirées festives entre autres.. L’association sert de parapluie au gang pour se blanchir des activités délinquantes ou illégales mais également pour adresser des demandes aux entrepreneurs propriétaires de magasins ou d’usines dans le quartier des gangsters.
  • des entrepreneurs ( de grands entrepreneurs surtout). Avec les entrepreneurs, les gangsters développement des rapports mécaniques fondés sur la reconnaissance de la capacité de nuisance du gang. En conséquence, ils entrent dans le stratagème de la métamorphose du gang en accordant des subventions moyennant la sécurité de leur entreprise. Si pour les gangsters l’entrepreneur et son entreprise constituent une opportunité de création du capital économique, pour l’entrepreneur lui-même, le gangster et sa fondation constituent une garantie de la sécurité de son entreprise. Dans le rapport du groupe des experts de l’ONU, de grands entrepreneurs sont accusés d’utiliser les gangs pour faire passer leurs marchandises et pour disperser des manifestants[xxx]. Il existe, donc, entre les gangs et des entrepreneurs un besoin réciproque en matière d’acquisition et d’accumulation de capital.
  • des journalistes. Les relations des gangs avec des journalistes sont controversées. D’une part les gangs ont assassiné et persécuté plusieurs  journalistes  à Port-au-Prince[xxxi]. D’autre part, ils développent des relations avec des journalistes vedettes  de certaines émissions d’actualité pour soigner leur image, parfois pour vanter leur puissance ou capacité de nuisance. De leur côté, les journalistes sont en quête de recherche d’augmentation de leur audimat à travers l’inédit, le sensationnel. Ils ont le numéro de téléphone du leader de gang, peuvent l’appeler au moment de l’émission pour l’inviter à prendre la parole tandis que celui-ci est soi-disant recherché par la police. Ceci a porté Rebecca Bruny à affirmer ceci « même dans les médias établis, les bandits influencent l’information en Haïti[xxxii]». Des chefs de gangs se plaisent à inviter les médias pour donner des conférences de presse, à Port-au-Prince.

Enfin, pour revenir aux politiciens, les gangs développement avec eux surtout des rapports occasionnels comme avec les journalistes. Si l’homme politique n’a pas de pouvoir ou n’est pas au pouvoir, les relations avec les chefs de gangs tombent immédiatement. Tandis que ces relations peuvent être plus durables avec des entrepreneurs. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que les politiciens contrôlent les gangs. Les élites économiques, non plus. Les bandes criminelles sèment la terreur et tiennent la capitale haïtienne en état de siège. Selon Robenson Geffrard du Journal Le Nouvelliste[xxxiii] « les différents gangs auraient plus de 3000 soldats et autant d’armes, selon les autorités haïtiennes ». Citant la Stratégie Nationale pour le Désarmement, le Démantèlement et la Réinsertion (SNDDR), « en 2019, environ 162 groupes armés avaient été répertoriés sur le territoire national dont la moitié opère dans l’aire métropolitaine[xxxiv] ». Mais à ce nombre, il faut absolument ajouter des  bases latentes peu connues mais qui sont aussi potentiellement dangereuses, selon la SNDDR. Ainsi, ils représentent une grande menace pour la sécurité des vies et des biens dans la Cité compromettant ainsi le vivre-ensemble. Ils assiègent aujourd’hui la zone métropolitaine de Port-au-Prince

Paramilitaires, gangs et néolibéralisme

Je voudrais, pour terminer, reprendre la thèse selon laquelle les gangs, à Port-au-Prince, sont un produit du néolibéralisme dans l’état actuel des choses ainsi qu’un dérivé de la corruption qui gangrène les élites politiques et économiques. Ils sont à la fois conséquence et outils d’un système qui recourt à chaque fois  à des groupes armés contre les classes populaires. Mais paradoxalement, ceux qui incendient les quartiers populaires, violent des femmes et des filles, assassinent des jeunes gens, rançonnent de petites marchandes, vandalisent des écoles et des hôpitaux entre autres, sont issus des masses. Ils le font dans le contexte actuel, en Haïti,  au nom d’un mot, un concept si mal galvaudé, incompris de ceux-là même qui ne se lassent de le répéter : la RÉVOLUTION.

Ce n’est pas la première fois que des groupes, ennemis du peuple, dont les membres sont recrutés au sein du peuple, se disent révolutionnaires. Après le coup d’État du 30 septembre 1991 qui a couté la vie à plusieurs milliers d’haïtiens vivant surtout dans les quartiers populaires, Emmanuel « Toto » Constant fonda une organisation paramilitaire dénommée Front Révolutionnaire Armé pour le Progrès d’Haïti (FRAPH). Cette organisation, appuyée par des militaires qui ont fait le Coup, est responsable de plusieurs massacres perpétrés dans les quartiers populaires. À l’instar des paramilitaires, les gangs sont les ennemis du « gros peuple » notamment des populations reléguées dans les bidonvilles de Port-au-Prince.

Soit à Port-au-Prince (en Haïti), soit en Amérique latine (particulièrement l’Amérique centrale) le système a toujours recours à des paramilitaires pour dissuader ou écraser des mouvements populaires ou bien des guérillas de gauche au temps des dictatures militaires. Au Guatemala, au beau milieu du XXème siècle, « le Président Harry Truman autorise la CIA à entreprendre, avec le support du dictateur Anastasio Somosa, une opération visant à renverser le régime d’Arbenz[xxxv] ». Le coup a eu lieu finalement sous le gouvernement de Dwight Eisenhower, en juin 1954.  Arbenz dut partir en exil. Il s’en suivit une guerre civile qui dura 36 ans et fit près de 200 000 morts et disparus particulièrement dans la population indienne[xxxvi]. La guerre civile prit fin dans ce pays par la signature d’un accord de paix, le 29 décembre 1996, entre le président Alvaro Arzù et la guérilla.  

En Amérique centrale, le Guatemala est considéré comme « un terrain privilégié des conflits de guerre froide et un laboratoire de pointe pour des « traitements psychologiques » issus des expériences des États-Unis au Vietnam[xxxvii] ».  Les gangs vont commencer à s’installer au Guatemala, à partir des années 1980 avec des immigrés clandestins venus du Honduras et du Salvador fuyant des conditions de vie difficiles[xxxviii]. La situation s’est empirée dans le pays avec la construction d’une démocratie fragile, des réformes structurelles ayant jeté beaucoup de familles dans la misère. «  le Guatemala est un pays qui fait face en 2023 à des défis socio-économiques tels que la pauvreté, les inégalités et la criminalité. Celle-ci est un problème majeur, avec des taux élevés d’homicides, de vols et de trafic humain.

Les facteurs contribuant à la criminalité comprennent la pauvreté, le chômage, la faiblesse des institutions de l’État, la corruption et le trafic de drogue en raison de la position géographique du Guatemala». Ce pays est aujourd’hui classé par les 20 pays les plus violents du monde avec 4078 meurtres seulement en 2021 soit une augmentation de 16’5% par rapport à 2020. Plus de 60% des homicides étaient dues à des blessures par balles[xxxix] Après la guerre civile, la transition vers le néolibéralisme avec son cortège de  violences, des homicides, du trafic humain, du narcotrafic semble aussi criminelle que la guerre civile. On pense même qu’il y a un lien entre la guerre civile et la criminalité au Guatemala.

 Au Salvador, contre le Front Farabundo Marti de Libération nationale (FMLN), soutenu par Cuba et Nicaragua, le gouvernement militaire appuyé par les États-Unis, mena une guerre sans merci. La guerre Civile éclata en 1979 pour terminer avec la signature des accords de paix en 1982. Jusqu’à l’arrivée de Nayib Bukele au pouvoir, les gangs faisaient régner la terreur au Salvador à travers les trafics, les agressions, les menaces et l’extorsion. Ce qui est à la base de l’explosion des gangs au Salvador est la pauvreté et la faiblesse étatique outre l’expulsion par les États-Unis des milliers de détenus issus des réseaux de délinquants à Los Angeles (États-Unis) à la fin des années 1990.

 De même , au Nicaragua, les Contras[xl], luttaient contre le gouvernement sandiniste. Les États-Unis, à travers la CIA, appuyèrent publiquement ces groupes armés.  Sous le régime sandiniste, toute une série de programmes sociaux ont été adoptés au cours des années 1980, ce qui a « fait rêver beaucoup de monde tant au Nicaragua qu’à l’étranger[xli] ». Benjamin Bastida et Maria Teresa Virgili[xlii], faisant référence au Nicaragua de 1979 à 1989, qualifient le programme sandiniste de « programme socialiste utopique ». Il n’y avait pas de place pour les gangs mais le système alimentait des paramilitaires pour combattre le régime sandiniste. Les sandinistes perdirent le pouvoir en 1990. « Depuis lors, (le Nicaragua) est rentré dans le rang, appliquant avec diligence les politiques néolibérales du Consensus de Washington, s’appauvrissant toujours plus d’année en année, à tel point qu’il fut l’un des trois bénéficiaires latino-américains du programme des Pays Pauvres Très Endettés[1] ». La voie s’est ouverte aux gangsters.

Aujourd’hui, les temps ont changé. On est plutôt à l’ère de «l’épuisement des modèles guerriers et la découverte de schèmes démocratiques[2] ». Cependant, la transition démocratique n’a pas eu lieu dans tous les pays dirigés par des dictatures. Si au temps des guérillas l’empire appuyait des paramilitaires, à l’heure des régimes démocratiques fragiles, de l’instabilité politique, de la pauvreté massive, naissent des gangs ou des groupes terroristes susceptibles d’être utilisés par l’empire, malgré les fameux slogans ( on ne négocie pas avec les terroristes) pour combattre voire renverser des gouvernements. S’il existe des différences entre des gangs et des paramilitaires, ils ont des points communs : massacrer des quartiers populaires, violer des femmes, trafiquer des humains, faire régner la terreur. Il n’y a plus de guérilla de gauche, la voie est libre. Les gangs peuvent compter sur la bourgeoisie locale (des oligarques), des politiciens véreux, la mafia internationale. Leurs armes et munitions sont des  made in USA . Ils n’en manquent jamais pour commettre leurs forfaits. Plus besoin d’avoir une armée ou de bien de mieux équiper la police pour les réprimer parce qu’ils ne représentent aucune menace réelle pour le système. Ça finira seulement quand les masses comprendront qu’il faut s’organiser pour les combattre. Pour que cela arrive, il faudra que des intellectuels, des universitaires, des étudiantes et étudiants comprennent la nécessité urgente de combler le fossé entre eux et les masses.

NOTES

[1] Hazen J. M. et D. Rodgers (eds.), Global Gangs: Street Violence across the World, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2014. Cite par Denis Rodgers (2018) Op. Cit. P.63

[2] Bataillon Gilles (2005). « De Sandino aux Contras. Formes et pratiques de la guerre au Nicaragua », dans Annales. Histoire, sciences sociales (60ème année) Pages 653-688.

[i] Radio métropole (2023). « Les gangs jalonnent l’histoire d’Haïti » interview de Ady Jean Gardy accordée à Radio Métropole. Article disponible sur le site https://metropole.ht/gles-gangs-jalonnent-lhistoire-dhaiti/#:~:text=Les%20gangs%20ont%20commenc%C3%A9%20%C3%A0,loi%20dans%20la%20Grand%20Anse. Site consulté le 11 mars 2024

[ii] « Les Cacos sont des paysans révolutionnaires Haïtiens du Nord ayant émergé en groupes divers dans la deuxième moitié du 19e siècle. Ils sont un peu les homologues des « piquets » du sud, paysans insurgés dans les années 40 autour de Jean-Jacques Acaau. Mais c’est vraiment pendant l’occupation US que les Cacos prirent toute leur ampleur historique et légendaire » Jean Métellus (2012). Les Cacos, nrf Gallimard, Page 365.

[iii] Haïti Libre (2024). « Haïti-Histoire : Évolution des gangs depuis leurs créations en 1959 » article disponible sur le site https://www.haitilibre.com/article-41657-haiti-histoire-evolution-des-gangs-depuis-leurs-creations-en-1959.html consulté le 11 mars 2024

[iv] Haïti Libre (2004). Ibidem

[v] Par exemple,  les 1er  et 2 octobre, 1991, lors du Coup d’État militaire, à Martissant, un quartier de Port-au-Prince, pendant les deux jours qui suivirent le Coup d’État, des soldats et des attachés paramilitaires terrorisent la population locale et tuent au moins sept individus, dont un mineur… ». Selon la Commission Nationale de Vérité et de Justice, le 27 décembre 1993, « 37 personnes sont tuées par les FRAPH et 26 autres sont victimes de disparition forcée, dans le bidonville de Cité Soleil. Plus d’un millier de maisons auraient été détruites dans un incendie provoqué par les paramilitaires qui voulaient venger la mort de l’un des leurs dans ce quartier. Selon des témoins, les FRAPH auraient empêché les habitants de fuir leurs maisons en flammes.  (Voir Sciences Po (2009). Violence de masse et résistance-Réseau de recherche, note disponible sur le site https://www.sciencespo.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/fr/document/liste-chronologique-des-massacres-commis-en-haa-ti-au-xxe-siacle.html site consulté le 11 mars 2024.

[vi] Pseudonyme attribué à Aristide par ses partisans

[vii] Francisque Jameson (2021). « D’Où viennent réellement les gangs qui terrorisent Haïti? » article disponible sur le site https://ayibopost.com/dou-viennent-reellement-les-gangs-qui-terrorisent-haiti/ consulté le 17 mars 2024

[viii] Glabal initiative (2022).Haïti : Évolution des gangs, des groupes armés et de la violence politique, dossier  disponible sur le site https://globalinitiative.net/wp-content/uploads/2022/10/Hai%CC%88ti-E%CC%81volution-des-gangs-des-groupes-arme%CC%81s-et-de-la-violence-politique-web.pdf  consulté le 17 mars 2024

[ix] Global Initiative (2022). Ibidem.

[x] Louis Ilionor (2015). Pertes Capitales. Essais sur les processus sociaux et le champ politique haïtien, Éditions de l’Université d’État d’Haïti, Port-au-Prince, P. 22

[xi] Louis Ilionor, ibidem

[xii] Port-Au-Prince's 2024 population is now estimated at 3,060,169. In 1950, the population of Port-Au-Prince was 133,278. Port-Au-Prince has grown by 72,714 in the last year, which represents a 2.43% annual change.These population estimates and projections come from the latest revision of the UN World Urbanization Prospects. These estimates represent the Urban agglomeration of Port-Au-Prince, which typically includes Port-Au-Prince's population in addition to adjacent suburban areas. Ces données sont disponible sur le site https://worldpopulationreview.com/world-cities/port--au--prince-population consulté le 11 mars 2024

[xiii] Goulet Jean (2004). Les pauvres qui construisent la ville. Réseaux et stratégies dans les bidonvilles de Port-au-Prince. Communication présentée  au colloque étudiant à l’occasion du 72ème congrès de l’ACFAS. Texte disponible sur le site https://idl-bnc-idrc.dspacedirect.org/server/api/core/bitstreams/9f7a379b-f555-4a6c-8bc2-ef20d22543bc/content consulté le 11 mars 2024.

[xiv] L’État établit un service spécial à la Direction Nationale de l’Eau potable et de l’Assainissement (DINEPA) dénommé : eau pour les quartiers défavorisés. Il en est de même pour l’électricité, on l’appelle : courant électrique pour les quartiers défavorisés (kouran pou katye defavorize yo).

[xv] Émission Matin-Débat sur Radio Télé-éclair avec le journaliste Luckner Désir, dit Louko Désir et ses associés

[xvi] SOS Enfants (2024). Le bidonville de Cité Soleil. La misère à ciel ouvert, article disponible sur le site https://sosenfants.fr/action-humanitaire-haiti/bidonville-cite-soleil/#:~:text=Pas%20d'eau%20courante%2C%20pas,survit%20tant%20bien%20que%20mal. Consulté le 11 mars 2024

[xvii] Quémar Claude (2018). Le FMI met le feu en Haïti, en Guinée , en Égypte, article disponible sur le site https://www.cadtm.org/spip.php?page=imprimer&id_article=16476 consulté le 17 mars 2024

[xviii] Lespinasse Colette, Els Hortensius et Isabelle Franck (2022). Haïti de nouveau en feu : l’UE et la Belgique doivent agir ! article disponible sur le site https://entraide.be/wp-content/uploads/sites/4/2022/11/2022-11_haiti_a_nouveau_en_feu.pdf consulté le 17 mars 2024

[xix] Lespinasse Colette, Els Hortensius et Isabelle Franck (2022). Ibidem

[xx] CADTM (2023). Appel à un contre-sommet mondial des mouvements sociaux aux assemblées annuelles du FMI-BM qui se tiendront  à Marakech du 9 au 15 octobre.

[xxi] CADTM (2023). Ibidem.

[xxii] Crisis gROUP (2023). «  les haïtiens recourent à la justice populaire alors que a menace des gangs s’intensifie » article disponible sur le site https://www.crisisgroup.org/fr/latin-america-caribbean/haiti/haitians-turn-mob-justice-gang-threat-festers consulté le 17 mars 2024

[xxiii] Johnson Alex (2022). Des manifestations contre la hausse des prix du carburant éclatent partout en Haïti, article disponible sur le site https://www.wsws.org/fr/articles/2022/09/22/hait-s22.html consulté le  17 mars 2024

[xxiv] Frédéric Thomas (2022). « Haïti. État des gangs dans un pays sans État », Centre  Tricontinental, article disponible sur le site https://www.cetri.be/Haiti-Etat-des-gangs-dans-un-pays consulté le 17 mars 2024.

[xxv] Bogmis Alex Sinhan (2023). Haïti : le paradis des gangs, disponible sur le site https://www.aa.com.tr/fr/monde/ha%C3%AFti-le-paradis-des-gangs-/2779783# consulté le 13 juillet 2023

[xxvi] Selon le rapport du groupe d’expert des Nations-Unies travaillant sur Haïti «  « Les politiciens et les élites économiques qui souhaitent obtenir des votes ou protéger leurs biens paient généralement les gangs en nature ou en espèce, une pratique qui a progressivement enrichi les gangs et leur a donné plus de pouvoir » extrait de l’artile de Junior Célestin (2023). «  Ces politiciens et acteurs financiers qui supportent les gangs en Ha¨ti, selon des experts de l’ONU, article disponible le site du Nouvelliste au https://lenouvelliste.com/article/244989/ces-politiciens-et-acteurs-financiers-qui-supportent-les-gangs-en-haiti-selon-des-experts-de-lonu consulté le 12 mars 2024

[xxvii] Jameson Francisque (2020). « Le gouvernement des gangs ». Selon Francisque les gangs sont » encouragés par l’impunité, jouissant de relations privilégiées avec les plus hautes autorités.(…) ils ont augmenté le nombre de kidnapping dans la capitale, et de massacres dans les quartiers populaires, article disponible sur le site https://www.connectas.org/especiales/haiti-el-gobierno-de-las-pandillas/fr/ consulté le 12 mars 2024

[xxviii] Rezo Nòdwès (2023).  « Vitelhomme : « j’ai beaucoup travaillé pour mettre ce gouvernement en place ». Depuis son fief, Vitelhomme a posté un clip qui était devenu viral sur les réseaux sociaux. Il dit avoir travaillé pour mettre en place le gouvernement d’Ariel Henry. L’article est disponible sur le site https://rezonodwes.com/?p=303538 consulté le 12 mars 2024.

[xxix] REZONÒDWÈS (2023). Le RNDDH dénonce les liens entre le chef de gang Vitelhomme, des hauts gradés de la PNH et des membres du gouvernement de facto en Haïti, Article disponible sur le site https://rezonodwes.com/?p=316257 consulté le 12 mars 2024.

[xxx] Selon Luckson Saint-Vil (2023) «Le groupe d’experts précise que « comme le G9 contrôle la zone autour du port de l’Autorité Portuaire Nationale et les routes qui y mènent, M. Deeb, à l’instar d’autres grands importateurs, paie les gangs pour que sa marchandise passe par leur territoire ».
Les experts qualifient « d’affairiste », Reynold Deeb qui, rapportent-ils, a profité de la forte demande de produits alimentaires, pour soudoyer des députés, qui ont ensuite payé des chefs de gangs pour que ceux-ci dispersent les manifestants, et débloquer les rues afin de permettre l’entrée de ses marchandises dans le pays. Ref. Saint-Vil Luckson (2023). « Financement des gangs en Haïti ». dans Haïti en marche, disponible sur le site https://haitienmarche.com/index.php?option=com_content&view=article&id=12777:financement-des-gangs-en-haiti&catid=15:en-bref&Itemid=280 texte consulté le 12 mars 2024

[xxxi] La liste des journalistes assassinée est longue : Selon Jean Allens Macajoux et Luckson Saint-Vil  «  À Carrefour-Feuilles, des bandits du groupe armé de Ti Lapli ont incendié des résidences de plusieurs confrères. D’autres, craignant pour leur vie ou celle des membres de leur famille, ont dû fuir. Ces travailleurs de la presse, désormais sans domicile fixe, vivent en grande difficulté ». Voir Jean Allens Macajoux et Luckson Saint-Vil (2023). Haïti : des journalistes victimes de gangs armés en difficulté » disponible sur le site https://vantbefinfo.com/haiti-des-journalistes-victimes-des-gangs-armes-en-difficulte/ consulté le 12 mars 2024. Sur le site de Le Monde, on peut lire ceci « Wilguens Louissaint et Amady John Wesley ont été pris dans une fusillade dans une zone sous contrôle de bandes armées… n troisième journaliste qui les accompagnait lors de leur reportage, portant sur « le climat sécuritaire de la zone », a pu s’enfuir, selon la même source ». Voir Le Monde (2022). Deux journalistes tués par un gang, article  disponible sur le site https://www.lemonde.fr/international/article/2022/01/07/deux-journalistes-haitiens-tues-par-un-gang_6108493_3210.html consulté le 12 mars 2024.

[xxxii] Bruny Rebecca (2021). Même dans les médias établis, les bandits influencent l’information en Haïti, article disponible sur le site https://ayibopost.com/meme-dans-les-medias-etablis-les-bandits-influencent-linformation-en-haiti/ consulté le 12 mars 2024

[xxxiii] Le plus ancien quotidien d’Haïti.

[xxxiv] Geffrard Robenson (2021). Affrontements des gangs armés. Les différents gangs auraient plus de 3 000 soldats et autant d’armes, selon les autorités haïtiennes, in https://lenouvelliste.com/article/230190/les-differents-gangs-auraient-plus-de-3-000-soldats-et-autant-darmes-selon-les-autorites-haitiennes site consulté le 15 juillet 2023.

[xxxv] Perspective Monde (SD). Renversement du président Jacobo Arbenz au Guatemala,  texte disponible sur le site https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve/357 consulté le 13 mars 2024.

[xxxvi] Selon. Karine VANTHUYNE « le rapport de la Commission pour l’éclaircissement historique du Guatemala (CEH)2 , paru en février 1999, estime que 83 % des 200 000 morts et « disparus » étaient des paysans d’origine maya et que 93 % des violations des droits humains avaient été perpétrées par l’armée dans le cadre de politiques anti-insurrectionnelles » ref.. Karine Vanthuyne (2007). « les contradictions d’une construction démocratique par le bas. Le Guatemala dans l’après-conflit civil armé, Dans Politix, Vol.20- No. 80. PP81-107.

[xxxvii] Henri Madelin (1999). « La vérité sur l’affaire pellecer. Guatemala après l’enfer » in Le Monde Diplomatique, Page 21. Artilce disponible sur le site https://www.monde-diplomatique.fr/1999/05/MADELIN/2952 consulté le 13 mars 2024.

[xxxviii] Oscar Martinez Penate (2018). Le soldat et la guérilla, une histoire orale de la guerre civile au Salvador, Sylepse. Page 35.

[xxxix] National Geographic (2019).  « Salvador : au pays des guerres de gangs » article disponible sur le site https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2019/03/salvador-au-pays-des-guerres-de-gangs consulté le 13 mars 2024

[xl] Un mot espagnol qui signifie « contre-révolutionnaire » ou «  résistance nationale » 

[xli] Rodgers Denis (2018). « Pour une ethnographie délinquante » : vingt ans avec les gangs au Nicaragua » in Culture et Conflits 110-11, Été /automne 2018. Ethnographier les gangs. Maras, pandillas et outsiders en Amérique Latine PP. 59-76. L’article est disponible sur le site https://journals.openedition.org/conflits/20235 site consulté le 14 mars 2024.

[xlii] Bastida Benjamin et Maria Teresa Virgili (1991). Nicaragua 1979-1989 : un programme socialiste utopique, Dans Revue d’études comparatives Est-Ouest, 22-2 PP.129-157. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.