Pour un nouveau "Siècle des Lumières"
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Chapitre 1 : La Primaire populaire 2022
L’arrivée, l'an dernier, à la tête de la Municipalité de Perpignan d’une liste conduite par M. Aliot, membre des instances dirigeantes du parti du Rassemblement National fut la chute narrative de la chronique de cette résistible ascension locale annoncée (et peut-être nationale !) des idées d’une droite extrême.
L’essentiel ici n’est pas de commenter davantage la « réussite » de M. Aliot dans son accès au pouvoir local, sauf à ajouter qu’il n’a pas gagné Perpignan mais que la gauche l’a perdu. En fait les idées du RN ne sont portées peut-être que par un tiers de la population. C’est tout de même beaucoup ! Cependant si l’on ajoute les résultats des deux candidates de la gauche au premier tour, cette somme est supérieure au résultat du candidat LR ; notre propos ne met ici en cause aucune des deux candidates dont la légitimité pour chacune à participer à cette élection est indiscutable. Cependant, une candidature unique de gauche dès le premier tour se plaçait en seconde position, était présente au second et peut-être l’emportait. Ce qui pourrait laisser quelque espoir tout de même ! ou quelques rêves ! Cette réflexion est tout à fait anecdotique voire enfantine par certains aspects ; et en même temps capitale si on veut bien la prendre au sérieux. Pourquoi perdons-nous ? Qui est ce nous ?
Le premier numéro de la revue La Révolution surréaliste du premier décembre 1924 annonçait : « Il faut aboutir à une nouvelle Déclaration des Droits de l’Homme ». On devrait nécessairement préciser aujourd’hui : « Il faut aboutir à une nouvelle Déclaration des Droits du Genre Humain et de ses Diversités », mais les enjeux que portaient les surréalistes mutatis mutandis sont toujours les nôtres, à savoir mener plus haut encore et plus loin les perspectives universalistes des Lumières, les perspectives poétiques de Rimbaud et Lautréamont, celles de Marx, Freud etc. ! Celles qu’ont déjà à nouveau portées plus haut et plus loin la Révolution espagnole et Walter Benjamin bien sûr ! Celles qu’ont aussi à nouveau portées plus haut et plus loin Guy Debord et les situationnistes et d’autres encore, le combat des féministes et des homosexuel-le-s, celui des Droits Civiques…
Peut-être pourrait-on dire que ce nous pourrait désigner toutes ces personnes qui inscrivent leur exigence d’équité et de salut public dans cette sorte de Constellation des gauches multiples, écologistes, socialistes, communistes, féministes et post-féministes, homo, trans, hétéro, anti-colonialistes, antirascistes, libertaires et post-libertaires… Bien sûr, nous en oublions ! et bien sûr aussi nous pressentons déjà le sourire de chacun.e de nous ! Ah ! le bel équipage qu’une telle Constellation des gauches multiples ! Passons ! Nous n’en sommes pas encore à compter les divisions au sens du rapport de forces mais celles des divisions au sens de fractions et frictions. Cependant, cette gangrène de la pensée et de la conversation est toujours la maladie de l'Autre. Que faire de cette aporie?
N’oublions-pas : c’est bien nous qui perdons et non les autres qui gagnent. Il faut, au moins en esprit pour l’instant, opérer cette sorte de changement de paradigme : mettre l’accent sur ce qui nous rapproche et non ce qui nous sépare ! Et là-dessus nous sommes tou.te.s d’accord et nous sommes tou.te.s d’accord pour en débattre ! (sourires). Expérimentons une sorte de laboratoire de tous les possibles ! A nous de voir (on ne sourit plus !). La seule solution est bien cette Constellation des gauches multiples qu’il faut construire y compris avec sourire et méta-ironie : on sait la chose politique trop sérieuse pour être "laissée" aux femmes et aux hommes politiques.
Il ne faut pas se bercer de l’illusion d’un éventuel programme partagé dans l’élaboration duquel les ego et les stratégies partisanes trouveront toujours au moins une virgule qu’ils-elles qualifieront de baleine pour n’avoir pas à conclure. Le programme de cette Constellation sera de porter plus haut et plus loin toutes les valeurs de l’universalisme revisité telles qu’évoquées ci-dessus. Et pour chacune de ces valeurs, tournant le dos à la culture de la division, rendre possible un échange, une conversation et un accord pragmatique au regard des circonstances (évacuons le mot "débat" : le sens des mots est toujours pour quelque chose dans les comportements!). Quand on regarde au plus près chaque personne qui s’inscrit dans cette Constellation, on doit comprendre que souvent, au delà de l’effet de manche des ego et du troisième chiffre après la virgule, pourrait s’engager, dans la durée d'un quinquennat, un processus qui, d’accord provisoire en accord provisoire, dans cette perspective pourrait porter plus haut les valeurs d'un universalisme revisité.
Nous proposons donc dès aujourd’hui la création pragmatique d’un gouvernement provisoire des possibles en exil, qui s’annoncerait dès maintenant et qui partirait dès maintenant en campagne ainsi constitué sous les couleurs de son président ou sa présidente. Il faut éviter les marchés de dupes, les fausses promesses, les tractations de couloir. Cette fable de la rencontre d'un homme ou d'une femme avec le peuple n'est qu'une fable ; il s'agit toujours de tout autre chose. Même si le charisme et/ou le talent ne comptent pas pour rien! C'est un gouvernement que le peuple pourrait élire! Gouvernement qui prendrait en charge les besoins et mettrait en oeuvre les pratiques sociales et sociétales, de production, de lutte contre toutes les inégalités, de partages et d'attention aux autres et à la Planète que portent ces gauches multiples. Là où nous en sommes, la personne autour de laquelle devra se constituer ce gouvernement provisoire des possibles en exil sera celle que désignera la Primaire Populaire (primairepopulaire.fr), à laquelle nous participerons, initiée par un groupe de personnes dynamiques et imaginatives qui ne se résolvent pas à l'absence d'une "gauche" au deuxième tour des élections présidentielles et que nous saluons. Tout cela pouvant permettre de mettre en perspective des hypothèses institutionnelles nouvelles! Autre modalité de résistance parmi toutes celles nombreuses qui existent dans le maquis de la quotidienneté contemporaine!
En tout cas pour notre part, et cela va avec notre proposition, nous nous engageons à ne voter pour personne au premier tour autre que la candidate ou le candidat qui représentera l’expression majoritaire de ce processus dont elle ou il portera les couleurs "arc-en-ciel" (noir compris!) à l’élection présidentielle. A l’inverse, si "malheureusement" (nous nous refusons à dire "probablement") la barque des espoirs s'échoue contre les anfractuosités de la politique courante et, contrairement aux Cassandre de ces derniers mois, nous voterons au second tour pour ne pas avoir à nous reprocher le pire !
Certains moments de l’Histoire de l’Humanité montrent que des sauts qualitatifs importants se sont parfois manifestés dans la mise en œuvre du Jeu dans le sérieux des affaires du Monde. Alors jouons avec sérieux ! Que cette proposition puisse faire sourire ou rire même, d’une certaine façon tant mieux ! Peut-être nous permettra-t-elle d’éviter d’avoir à pleurer !
Nous pensons pour finir à nos ami-e-s réfractaires à toute participation à ces procédures de représentation dans le cadre de nos démocraties parlementaires qui, dans tous les cas, seront à l'écart de ces "pleurs" ou de "ces joies". Qu'ils-elles se rassurent : le temps passe et nous passons avec lui! Et pour celles et ceux qui pensent qu'il est trop tard, nous leur rappelons :
"Chaque jour suffit à peine"
(à suivre…) (et à faire suivre…)
Collectif "Pour un nous des possibles en exil"