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Billet de blog 23 octobre 2024

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Lecture consternée de « Itinéraire » de François Ruffin

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Le 11 septembre, Ruffin donnait une interview à l’occasion de la sortie de son dernier livre dans laquelle il affirmait avoir mené une “campagne au faciès” durant les législatives. Nombreuses sont les personnes qui ont été choquées de cette pratique et ont fait part de leur indignation. Ruffin et ses soutiens ont alors répondu qu’il était nécessaire d’avoir le contexte de ces propos en lisant son livre. Nous l’avons fait ! Voici donc une note qui reprend le fond politique et la stratégie préconisée par Ruffin dans “Itinéraire”. Nous ne revenons pas ici sur le récit qu’il fait de ses relations interpersonnelles avec Jean-Luc Mélenchon ou ses états d’âme à l’égard de ses anciens collègues de la France Insoumise qui, bien qu’ils constituent le fil directeur de son ouvrage, n’ont aucune pertinence politique.

Une analyse électorale par le seul prisme du libre-échange 

La critique du libre-échange mondial est centrale dans l’analyse politique de Ruffin. En fait, ce seul prisme explique selon lui la paupérisation des classes populaires et la “droitisation” de cette dernière. Mais le raisonnement dérape quand il sert à mettre en scène une division structurelle des milieux populaires. Et surtout une division qui met dans un même camp des catégories sociales du capital et du travail pourtant opposées dans la répartition de la richesse produite. Voyons ce qu’il dit d’abord à propos de la division populaire: 

« La mondialisation a, à partir des années 80, tracé comme un fil à couper le beurre entre les vainqueurs et les vaincus. [...] Et cette fracture économique va bien sûr devenir politique : les “prolos” et les “profs”, les deux pôles de la gauche, se séparent. Les uns sont frappés de plein fouet. Les autres passent à travers les gouttes, d’où “le passivisme des éduqués”. » (p.22)

Le “député-reporter” explique que le “déclassement économique” des classes populaires débute dans les années 80 avec les délocalisations et les fermetures d’usines. La gauche, alors attachée à ses valeurs internationalistes, ne se serait pas opposée à la mondialisation et aurait de fait abandonné les “prolos” (le mouvement altermondialiste n’ayant donc jamais existé). Les ouvriers se seraient alors dirigés vers l’extrême droite, seule force politique qui aurait défendu leurs intérêts économiques en prônant le protectionnisme. Son analyse socio-électorale est vite résumée. L’électorat de gauche se serait scindé en deux pôles. Les “prolos” sacrifiés sur l’autel de valeurs abstraites comme l’internationalisme se seraient éloignés de la gauche. De leur côté les “profs”, n’ayant pas été impactés par le libre-échange, seraient devenus « des fans de “la mondialisation heureuse” » (p.22).

On voit bien le réductionnisme caricatural de cette thèse. Elle laisse de côté l’essentiel. Ici, la mondialisation de la production n’oppose plus le capital et le travail. Pourtant la baisse des salaires est le premier objectif des délocalisations. A partir de cet “oubli” une part essentielle de la réalité échappe à Ruffin. Il ne peut plus relier l’ensemble des aspects qui résultent du nouveau modèle d’organisation capitaliste alors même qu’ils affectent profondément la vie des salariés toutes catégories confondues, “profs” comme “prolos”. Il ne peut plus voir de quel phénomène global vient le nivellement non moins global du niveau de vie des Français. La mondialisation cesserait d’être un projet du capitalisme pour accélérer sa capacité d’accumulation. Elle cesserait d’organiser une forme de concurrence au moins sociale entre les sites de production. Elle ne pousserait plus les États à abaisser leurs prélèvements pour financer des services publics. Mais comment expliquer alors la détérioration de la vie quotidienne par les suppressions de postes dans les services publics ? Comment expliquer qu’elles soient infligées à des secteurs non délocalisables tels que le bâtiment ? Comment expliquer le saccage des acquis sociaux par la création de nouveaux statuts tels que celui d’auto-entrepreneur dans certains secteurs de services (non délocalisables) également ? Certes le libre-échange n’est pas la seule cause du déclassement des peuples soumis à cette pression. Mais invisibiliser ses causes et ses objectifs conduit à une aberration d’analyse. La focalisation de Ruffin sur les usines est un passéisme anachronique et une fétichisation de l’ouvriérisme. De qui et à qui parle-t-il dans une société où le secteur des industries se réduit et la part de ses ouvriers y décroît ?

Le glissement des problématiques économiques aux "problémes identitaires"

Une erreur tout aussi significative fait confondre en permanence la libre circulation des marchandises avec celle des flux humains et culturels. Dans son analyse socio-électorale, il “explique” sur ce mode un improbable attachement de la gauche et des “profs” à la mondialisation.  

« On a habillé la mondialisation pour la gauche : on lui a vanté le “libre-échange des cultures” pour qu’elle épouse “le libre-échange des marchandises”. On a encensé l’ “ouverture à l’autre et au monde” pour que PDG et banquiers profitent d’une plus concrète “ouverture au monde” à leurs capitaux. » (p.22-23).

Comme si cette confusion avait jamais existé dans la compréhension de ces milieux instruits ! Nous sommes ici à la frontière de l’habituel mépris pour les intellectuels dans les milieux ouvriéristes les plus exaltés. C’est une rhétorique souvent exploitée par Ruffin. Sa critique socio-économique de la mondialisation s’accompagne toujours en filigrane d’une critique d’un prétendu « multiculturalisme » engendré par la mondialisation des échanges. Selon lui, il y aurait les grands perdants de la mondialisation, à savoir les ouvriers Français méritants qui subissent les fermetures d’usine et qui seraient critiqués pour leur rejet légitime du libre-échange mais aussi pour leur attachement à leurs traditions locales. Cette vision ne craint pas l’outrance. « C’est l’heure du “village global”, écrit-il, avec la division entre les “modernes”, les “multiculturalistes” - ceux qui franchissent les frontières : businessmen éclairés, étudiants en Erasmus, voyageurs chez les Dogons, et même, en sens inverse, les immigrés qui arrivent à Roissy, les sans-papiers qui occupent l’église Saint-Bernard, voilà les “ouverts” au monde, les “métissés” dans leur sang ou leur cultures - et de l’autre côté, les “fermés”, les “archaïques”, qui demeurent “comme des moules accrochées à leur rocher, à leur clocher”, avec leurs existences rétrécies, leurs esprits étroits aussi. Au mieux, on les néglige. Au pire, on les dénonce, avec leurs traditions, leurs accordéons, même le foot est moqué ! » (p.7) A tout le moins, au-delà du mépris pour les intellectuels "mondialistes" le fond de ce point de vue est une erreur : la libre circulation des marchandises et des capitaux se serait accompagnée d’une libre circulation des hommes et des cultures. Alors aux ouvriers perdants s’opposeraient les grands gagnants que sont les capitalistes, les pays émergents qui profitent des délocalisations et…. les immigrés. Oui les immigrés ! C’est une première que ces affirmations sans équivalent hors de l'extrême droite.

Oui, par ignorance ou calcul politique, Ruffin place les migrants (et les sans-papiers) dans la catégorie des grands gagnants au même titre que les businessmen. La cause des migrations ne résiderait donc pas dans les rapports Nord-Sud, l'impérialisme occidental, les guerres ou les catastrophes climatiques. Ce serait le résultat du joyeux cosmopolitisme exalté de tous. Bien qu’il s’en défende et qu’il ne le nomme jamais explicitement, Ruffin mêle inlassablement sa critique de la mondialisation à un nationalisme réduit à une fermeture de l’espace physique et culturel. En résumé, si l’on suit sa pensée politique, les migrations humaines seraient a minima un cheval de Troie. Il lie et associe étroitement le libre échange des marchandises et des capitaux à une prétendue libre circulation des hommes. Ici le Capital est parvenu à se prévenir de toute critique de la mondialisation par la gauche, et les immigrés sont devenus les agents volontaires de la stabilisation du Capital.

Si l’on part du postulat de Ruffin, à savoir que la gauche a failli à défendre les classes populaires blanches en leur préférant la défense des immigrés (comme s’il s’agissait d’un jeu à somme nulle), c’est qu’il existe une divergence d’intérêts fondamentale entre la classe des “prolos” blancs et la classe des immigrés (et par extension des racisés) intrinsèquement irréconciliables. Dans ce cadre, le thème de l’alliance de la France des bourgs et la France des tours change de sens et devient le contraire de ce qu’il affiche. Au lieu d’une alliance, c’est un fossé qui est institué en sous-entendant une différence structurelle. 

L'affect comme programme politique

Plus surprenant encore est le reproche fait à LFI de mettre en avant seulement son programme et donc de manquer de sentimentalisme dans sa stratégie électorale. Selon lui, la stratégie électorale gagnante pour les présidentielles de 2022 aurait dû être de dénoncer "ceux qui se gavent" et "placer les travailleuses, les travailleurs au cœur". Une ligne à un laborieux mélange de populisme primaire et de fétichisation "sensuelle" du travail . Il explique également que pour gagner "la bataille du populaire", il n’est pas utile d’avoir un programme qui permettrait aux électeurs de faire un choix éclairé, il suffit d’une ligne simple, voire simpliste.

 « Je l’avais énoncé avec rudesse : “On ne doit pas être prisonnier du premier cercle”. Sans quoi, la bataille du populaire s’était perdue avant d’être menée…

- Si on néglige le programme, c’est quoi l’important alors ?

- La ligne. Et la ligne était simple, c’est “nous” contre “eux”

» (p.82). 

« Il y avait de quoi mener campagne, à nouveau, contre “ceux qui se gavent”. Et surtout, placer les travailleuses, les travailleurs au cœur. Pas seulement par des propositions, par un catalogue de mesures, par une liste de revendications, mais physiquement, sensuellement, en les donnant à voir, à entendre, en les héroïsant. [...] Quand les a-t-on écoutés, quand a-t-on porté leur voix, pas seulement leurs colères, leurs luttes, mais aussi leur fierté, leur fierté du travail accompli, leur fierté de porter le monde ?» (p.95)

Le "eux contre nous" qu’il évoque était déjà central en 2010 dans le livre de Mélenchon "Qu’ils s’en aillent tous" et puise ses sources chez Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, fondateurs de cette version moderne du populisme de gauche. Mais mettons de côté la manie d’emprunter des mots à la doxa Insoumise pour la retourner contre ses porte-paroles et distinguons le fond de la forme. Si les discours de la présidentielle ne furent jamais une seule fois prononcés sans référence à la condition de vie des salariés, ils tombèrent à plat en dépit du score final faute de sentiments selon Ruffin. Car pour lui, les “démonstrations d'amour” sont une véritable stratégie politique à elles seules. Et son livre veut en être une démonstration. Tel un personnage de roman, il décrit son parcours “amoureux” avec la France, le mépris de classe auquel son capital culturel le destinait, sa décision de s'en extraire et d'aimer “la France en entier”, son militantisme entièrement dévolu à la défense des plus précaires et son engagement politique désintéressé et altruiste. Ici le propos tourne à la caricature.

« De mes origines “ploucs”, “péquenots”, “bouseux”, que je porte sur moi, les moqueries subies au collège, jusqu’à, ensuite, mon entrée à l’université, la maison de la Culture d’Amiens, l’abonnement à Charlie Hebdo. Comment mes études supérieures me rendent supérieur, me conduisent à un snobisme, vers du mépris à l’égard de ma famille, de mes oncles chasseurs, des gens qui jouent à la pétanque, partent en camping, matent le foot à la télé… Et là, à cet instant, j’ai fait un choix : le choix du peuple.

- C’est grandiloquent !

- Tant pis. J’ai fait le choix d’aimer le peuple, parfois même malgré tout.

- Parce que d’autres ont fait le choix de le détester ?

- Oui, ou du moins de le mépriser, de l’ignorer

» (p. 6, 7)

« Mais comment s’y réimplanter, dans cette France des bourgs ?

- Par l’amour !

- Non mais, sans déconner ?

- Je ne blague qu’à moitié. Jean-Luc nous avait conseillé : “Faites-vous aimer !”

- Même s’il fait tout, d’après toi, pour vous faire détester !

- Eh bien, on doit se faire aimer. Dans les villages, on doit être au comité des fêtes, porter les tables et les chaises. On doit tracer les lignes sur les trottoirs, au petit matin, avant la braderie. On doit beurrer les tartines des croque-monsieur au club de foot. On doit participer à la course du Téléthon. J’en ferais une obligation, quasiment: un engagement pour chaque militant, mais un engagement pas directement militant. Se faire aimer, mais aussi : aimer. Trouver de la beauté, chez les gens, à leurs côtés…

- Il faut parfois se forcer !

- Parfois, oui. Mais dans l’âme de l’homme, de la femme, il y a toujours un bout qui brille, par où se sauver…

» (p.145, 146)

On reconnaît dans ce scénario de l’amour auquel il "faut parfois se forcer" et l’évocation de ce "bout" d’autrui qui brille quand même et permet de "se sauver", la forme du salut telle que la décrit la religion catholique. Mais dans ces conditions, combien de préjugés de classe sont aussi validés ! Les électeurs populaires comme êtres de passion dépourvus de raison voteraient en fonction du degré d’amour que leur porterait tel ou tel candidat.

 Le portrait d’un peuple infantilisé se prolonge avec le mépris pour les programmes politiques qu’il qualifie de "catalogue".  

« Certes, on proposait d’augmenter les petites retraites, de relever le Smic à 1500 euros, d’en finir avec le travail détaché, etc., mais ce qu’on offrait surtout, c’était une attitude : “On leur tiendra tête. » (p.83)

Les citoyens n’auraient pas la conscience politique (ou les outils intellectuels) nécessaire pour voter rationnellement pour des projets et des visions qui se rapprochent des leurs, ils peuvent tout au plus s’en remettre à d’autres plus qualifiés (et plus aimants). Une phrase résume cette vision désormais à l’opposé de sa prémisse initiale : « Je veux une élite, mais une élite qui protège le peuple » (p. 32)

La France des tours et la France des bourgs

L’ambition affichée médiatiquement par Ruffin d’allier “la France des tours et des bourgs” est pourtant un sujet accessoire dans son livre. Il est évoqué seulement comme réponse aux critiques contre lui et pour combattre la stratégie de LFI.

Au-delà de ses sorties médiatiques sur la campagne au faciès et la comparaison entre le meurtre de Thomas et l’agression raciste de Mourad, la lecture du livre de Ruffin montre son incapacité à comprendre l’enracinement populaire de la résistance antiraciste. Ici c’est parfois caricatural. Par exemple, quand il explique comment son "affaire Dreyfus" est la mort d’un jeune homme congolais à la suite d’un accident du travail. La réification de l’antisémitisme d’État du XIXe siècle est comparée à un accident du travail pour la seule et unique raison que la victime était noire

« Mon affaire Dreyfus à moi, tu la connais, c’est Hector Loubota : un jeune garçon, congolais, mort écrasé par un mur sur un chantier d'insertion, à la Citadelle… [...] Pendant quatorze années, avec la famille, je me suis bagarré contre la ville d’Amiens, contre la presse locale, contre la Justice aussi. Mais jamais je n’ai pensé : “Je le défends parce qu’il est Noir.” J’ai dénoncé le racisme qu’il subissait, puisque son chef l’appelait “Bamboula”, “va chercher les bananes”, et que le pauvre Hector, lui, faisait semblant d’en rigoler. » (p.147) Mais l’auteur lâche vite la motivation qu’il énonce. Car dans le même passage il avoue avoir « fait au maximum comme si sa couleur de peau n’existait pas » (p.147) ! Contradiction. Ainsi finit-il par disqualifier lui-même la comparaison faite quelques lignes plus haut avec l’affaire Dreyfus. Dans la même veine, il explique mener depuis vingt ans des luttes aux côtés de personnes racisées, comme si le fait de ne pas les exclure de son militantisme était à soi seul un gage d’antiracisme. 

Dans un autre passage, le racisme est bien confirmé comme réalité. « Bien sûr que le racisme existe. Et même, dans les témoignages que je recueille, dans les années 70, c’était affiché, proclamé. À Honeywell, me racontait un cégétiste, “la doctrine du directeur, c’était « pas d’Arabe ici »“. Chez Carbone, “on en dénombrait 4 pour 1200 employés ! Et encore, ils occupaient quoi comme poste ? Des balayeurs.” Et d’après lui, “il fallait entendre des réflexions, tous les jours : « Le temps est gris, mais il n’y en aura pas chez nous », « c’est du travail de bougnoule, ça », « les ratons, il faut les faire sauter », pas une journée ne s’écoulait sans ces trucs.” Lui habitait “au quartier nord, c’est comme si je faisais la guerre d’Algérie !”. [...] Ma conviction, c’est que la France est moins raciste, toujours trop, bien sûr, mais c’est moins affiché, moins proclamé. En revanche, c’est devenu un déterminant du vote. [...] On doit combattre ça, directement, par de la boxe : non au racisme, pied à pied, tous les jours. Par du judo aussi : en ouvrant par le haut… » (p.25, 26). Après quoi on cherchera en vain une démonstration de méthode ou de pratique de lutte effective. En revanche, on y trouve un modèle parfait d’apprentissage de l’auto-assignation.

Ainsi quand il évoque les violences policières. Il explique : « Il y a deux manières de le raconter. Soit on le tend comme un miroir aux quartiers : “Regardez comme vous êtes victimes !” Soit, ce reflet, on le montre à la société, à Flixecourt et ailleurs : “Est-ce que vous trouvez ça normal ? Est-ce que vous accepteriez ça pour vos enfants ? Vous voyez, c’est une mère qui a peur, peur pour son fils, peur de la police… Est-ce qu’on est d’accord pour que ça change ? » (p.148)

Selon Ruffin, le traitement politique des violences policières ne peut se faire que par deux options antagonistes et exclusives : s’adresser aux quartiers ou s’adresser à la “société” (blanche ?). Dans son mode de pensée, les personnes racisées ne sont pas des acteurs politiques qui mènent depuis des décennies des luttes, parfois autonomes, contre le racisme et les violences policières. Il les conçoit uniquement comme des victimes incapables de transformations sociales et qui auraient besoin d’un miroir pour découvrir leur statut. Ainsi, même sur une problématique spécifique aux personnes racisées, il choisit de disqualifier le dialogue avec les premiers concernés et préfère se tourner vers “Flixecourt” : la lutte pour l’égalité des droits se fera pour eux, mais sans eux. C’est le pendant charitable de « je veux de élites mais de élites qui protègent ».

Une politique de conquête nationale depuis Flixecourt

Pour se défendre des reproches sur son manque de considération pour les luttes antiracistes, il explique privilégier traiter « le commun, l’océan du commun » (p.146) avant le particulier. Cependant, son essai (qu’il a sous-titré « La France en entier ») est entièrement situé et tourné vers sa circonscription, “sa Picardie”, “sa Somme”. Les mentions d’autres zones géographiques de la France sont rares et viennent simplement en miroir de ses observations dans la Picardie. À l’image du nom de son parti, Ruffin qui a des ambitions présidentielles semble penser que les spécificités de sa région sont transposables à l’identique à toute la France, hexagonale ou ultramarine. Peut-être lui devrait-il se questionner sur son particularisme et constater qu’il institue un clientélisme électoral avant de le reprocher à d’autres.

Imane Hamel

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