Donald Trump ou le Père Ubu de la Silicon Valley
On croyait Ubu enfermé dans les pages jaunies de Jarry. Il est revenu coiffé d’une casquette rouge, grimé en pilote de Top Gun dans une vidéo générée par intelligence artificielle — et cette fois, il n’épand plus sa « merdre » sur les courtisans, mais sur la foule lucide, sur ceux qui refusent la servitude joyeuse.
L’image est d’une précision cruelle : nous voici entrés dans l’ère où la farce se confond avec le pouvoir, où la technologie elle-même devient la pompe à merde du Père Ubu.
Car ce nouvel Ubu n’est pas un pantin isolé ; il est porté par l’immense infrastructure logistique, médiatique et numérique de l’Amérique. Là où Jarry moquait la stupidité d’un tyran de papier, nous voyons aujourd’hui la bêtise investie de moyens quasi divins.
L’IA, censée libérer l’esprit humain, sert désormais de miroir aux pulsions les plus viles, amplifiées jusqu’à l’hystérie.
Et derrière cette caricature planétaire, il y a un autre visage : celui de Bill Gates. Non pas le prophète clairvoyant du désastre, mais l’illuminé enthousiaste d’une ère technologique sans conscience. Il a libéré des forces sans jamais penser qu’elles puissent dévorer l’humanité qu’elles prétendaient éclairer.
De fil en aiguille, la machine s’est mise à fonctionner seule, sans frein moral ni garde-fous éthiques. Et le résultat, c’est Trump : un monstre algorithmique né de nos contradictions, Ubu numérisé, roi grotesque d’un empire de données et d’images.
Le progrès, disait-on, devait nous émanciper. Il nous a rendus spectateurs de notre propre abaissement.
Ce n’est plus le rire de la satire, mais le hoquet d’une civilisation qui se découvre ridicule.
Billet de blog 21 octobre 2025
Le progrès sans conscience : quand la Silicon Valley enfante le Père Ubu
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