Bolloré, capitaliste prédateur sans patrie ni conscience
Vincent Bolloré s’est imposé comme l’incarnation d’un capitalisme financier de prédation, un ogre de la finance sans honneur ni conscience. Son empire économique et médiatique illustre une contradiction hypocrite d’une rare indécence, qu’il convient de dénoncer avec la plus grande virulence. Sous des airs respectables de champion national, Bolloré agit en réalité en prédateur apatride, tout en sponsorisant bruyamment un discours ultra-nationaliste et identitaire. Cette duplicité toxique en fait le symbole d’un système capitaliste à deux visages, où le cynisme le dispute à la cupidité.
Les deux visages d’un empire hypocrite
- D’un côté, un fonctionnement cosmopolite et déraciné, fondé sur des montages offshore et des paradis fiscaux, délocalisant ses profits loin de toute attache nationale. Bolloré globe-trotter de la finance, navigue entre holdings opaques et comptes au Luxembourg, optimisant sans scrupule sa fortune sur le dos des États.
- De l’autre, la promotion tapageuse d’un discours d’« enracinement » identitaire et nationaliste, via les médias qu’il contrôle. Son empire médiatique (CNews, C8, Europe 1, JDD, maisons d’édition, etc.) sert de caisse de résonance aux idées réactionnaires – grand remplacement, xénophobie, ultra-conservatisme – et soutient activement son poulain politique Éric Zemmour, chantre de la « France éternelle ».
Cette schizophrénie organisée relève d’une hypocrisie majeure. Car qui incarne mieux le « cosmopolitisme financier » honni par Zemmour et consorts que Vincent Bolloré lui-même ? Tandis que les thuriféraires de l’extrême droite fustigent à longueur d’antenne les « élites apatrides » – ciblant des figures comme Glucksman – Bolloré pratique exactement ce qu’ils prétendent combattre. Il agit en prédateur sans attaches, tel un oligarque nomade ne reconnaissant aucune frontière à sa soif de profit. Ironie mordante : Bolloré instrumentalise ses médias pour dénoncer le prétendu “pillage de la France par l’immigré” qui menacerait la nation, alors que lui-même est accusé d’avoir pillé l’Afrique en toute impunitélinsoumission.fr. On atteint là des sommets de duplicité cynique.
Spéculation, rentes et offshore : la fortune sans scrupules
Le succès de Bolloré n’a rien d’une épopée industrielle exemplaire – c’est une fable qu’il entretient volontiers. En réalité, « la fortune de Vincent Bolloré et de sa famille n’a pas son origine dans le développement d’une entreprise industrielle solidement implantée et axée sur le long terme. Elle provient surtout de coups boursiers et de la captation de rentes, notamment en Afrique »multinationales.org. Autrement dit, Bolloré a bâti son empire par une suite de coups spéculatifs et de prédations opportunistes, engrangeant des profits rapides sans jamais créer de valeur durable. Ce financier-raider des années 1980 a sans cesse recomposé et démembré son empire au gré des occasions et des batailles financières gagnées ou perduesmultinationales.org. Sa carrière est émaillée de paris boursiers audacieux, de prises de contrôle hostiles, de reventes juteuses – bien loin du patriotisme économique dont il ose parfois se réclamer.
Le portrait du “self-made man breton” relève donc du pur storytelling. Bolloré n’a rien du capitaine d’industrie visionnaire parti de zéro : il a eu pour principal mérite de naître riche et bien entouré, puis d’exploiter sans vergogne les arcanes de la haute finance. Dès ses jeunes années, héritier d’une grande famille bourgeoise, il profite des réseaux de l’élite parisienne. Une fois aux commandes, il use de méthodes brutales et amorales – rachats hostiles, ententes opaques, pressions politiques – pour grossir son patrimoine. La vérité derrière la légende dorée, c’est que Bolloré « a patiemment bâti un empire colonial en exploitant et pillant l’Afrique » plutôt que par le génie entrepreneurialdesarmerbollore.net. Sa richesse ne vient pas d’innovations ou d’investissements d’avenir, mais d’une prédation pure et simple des ressources existantes.
Sur le plan financier, Bolloré est un apatride assumé. « Son centre de gravité n’est pas du tout la Bretagne, mais le Luxembourg »multinationales.org – havre fiscal discret où se nichent nombre de ses holdings. C’est là, et dans d’autres paradis fiscaux, qu’est accumulée sa fortune, bien à l’abri de l’impôt et des responsabilités nationales. Le groupe Bolloré a ainsi « accumulé des milliards dans des paradis fiscaux grâce à une structure et des mécanismes complexes » hérités de l’ère colonialelinsoumission.fr. Ce capitalisme sans attaches ni loyauté territoriale maximise les profits pour le clan Bolloré, au mépris du bien commun. Optimisation fiscale, délocalisation du profit, opacité offshore : telles sont les devises réelles de Vincent Bolloré, quelles que soient ses envolées patriotiques de façade.
En somme, l’ogre Bolloré prospère hors-sol, en parasite des économies nationales. Il capte des rentes plutôt qu’il ne crée de la richesse, il pille et privatise plutôt qu’il n’investit dans l’intérêt général. Ce n’est pas un hasard si « Vincent Bolloré doit sa fortune à un système économique financiarisé, rentier et prédateur », système qu’il s’acharne à perpétuer en s’alliant même à l’extrême droite pour le défendremultinationales.org. Son parcours illustre jusqu’à la caricature un capitalisme de coups et de spoliation, où l’on s’arroge les gains et socialise les pertes, où l’avenir est sacrifié sur l’autel du profit immédiat.
Pillage néocolonial de l’Afrique
Le cœur le plus sombre du système Bolloré réside sans doute dans son entreprise de prédation en Afrique. C’est là que l’héritier breton a trouvé l’or noir de sa fortune, en reproduisant et modernisant les méthodes de la colonisation économique. Dès les années 1980-90, profitant des vagues de privatisations imposées aux pays africains, Bolloré a racheté à vil prix des infrastructures stratégiques : chemins de fer, ports, plantations. S’appuyant sur les vestiges de l’empire colonial français, il a mis la main sur les voies de transport et d’exportation de toute l’Afrique de l’Ouest et centrale. En 2011, 80 % des profits du groupe Bolloré provenaient déjà du continent africainlinsoumission.fr – preuve que l’essentiel de sa richesse s’est bâti en terre africaine, et non en Bretagne.
Ports, rails, plantations : Bolloré a constitué un maillage logistique tentaculaire, du Golfe de Guinée aux rives du Cameroun. Son entreprise Bolloré Africa Logistics a contrôlé jusqu’à 16 ports africains, 7 000 km de voies ferrées, d’innombrables terminaux et entrepôtslinsoumission.fr. Des pays entiers ont été placés sous tutelle économique de cet empire privé : du port de Lomé au Togo à celui de Conakry en Guinée, de Cotonou au Bénin à Douala au Cameroun, de Dakar au Sénégal à Abidjan en Côte d’Ivoire, rares sont les points névralgiques qui lui échappaient. Tenir les ports et les rails, c’est tenir la clé du continent – qui contrôle les grues contrôle les échanges, et prélève sa dîme au passagedesarmerbollore.net.
Pour s’emparer de ces actifs stratégiques, tous les moyens ont été bons. Bolloré a tissé des liens troubles avec les élites politiques locales, n’hésitant pas à corrompre, coopter, ou manipuler pour obtenir des concessions juteuses. Son groupe a profité de la faiblesse et de la complaisance de nombreux régimes autoritaires africains. En retour, il a soutenu dans l’ombre des dictateurs corrompus, garantissant la perpétuation de systèmes kleptocratiques qui servaient ses intérêts. Comme l’a documenté Le Monde diplomatique, Bolloré s’est imposé en acteur incontournable de la Françafrique, appuyant des dirigeants tels que Charles Taylor au Liberia ou Paul Biya au Cameroun afin de sécuriser ses positionslinsoumission.fr. Ses réseaux d’influence allaient jusqu’à conseiller ces autocrates : son bras droit Stéphane Fouks, par exemple, a orchestré la propagande du président ivoirien Laurent Gbagbo en 2010 et assure la communication du régime Biya, au pouvoir depuis 1982linsoumission.fr. Derrière chaque coup tordu de l’empire Bolloré, on retrouve la même logique néocoloniale : s’allier aux potentats locaux pour mieux piller le pays.
Les conséquences pour les peuples africains ont été désastreuses. En confisquant ports et rails, Bolloré a siphonné pendant des décennies des ressources vitales qui auraient dû profiter aux budgets publics. Ses monopoles privés ont entraîné une saignée financière colossale pour les États concernés. Ainsi, au Ghana, un arrangement secret autour du port de Tema a provoqué une perte nette de 4,1 milliards de dollars pour l’État ghanéen – autant d’argent envolé qui ne financera ni écoles ni hôpitauxlinsoumission.fr. Au Cameroun, un rapport anticorruption a révélé que le groupe Bolloré a gardé 60 millions d’euros de redevances et d’amendes qui auraient dû revenir au trésor public camerounais (et ghanéen)linsoumission.fr. C’est un manque à gagner dramatique pour les services publics locaux : autant de dispensaires non construits, de routes non entretenues, d’enseignants non payés. Partout où Bolloré passe, les caisses de l’État trépassent.
Sur le terrain, la prédation du groupe a souvent rimé avec dégradation sociale et environnementale. L’exploitation forcenée des plantations (palmier à huile, hévéa) a accaparé des terres et ruiné des communautés rurales. Les concessions ferroviaires, obtenues à prix cassé, ont vu leur entretien sacrifié sur l’autel du profit – jusqu’à causer des accidents tragiques. Les opérations portuaires sous Bolloré ont été marquées par des tarifs élevés, une opacité financière et des retombées locales minimes. Comme le résume amèrement un bilan indépendant, l’emprise de Bolloré s’est traduite par « des catastrophes environnementales, sanitaires et sociales, la destruction de l’agriculture locale et l’effondrement des services publics » dans les pays concernéslinsoumission.fr. C’est le néo-colonialisme à l’état pur : les richesses s’envolent vers Paris ou Luxembourg, tandis que la misère et le sous-développement restent au pays.
Fidèle à sa logique du coup d’après, Vincent Bolloré n’a même pas daigné conserver longtemps les actifs africains qui l’ont tant enrichi. Une fois le citron pressé, il l’a vendu au plus offrant. En 2022, flairant sans doute le vent du boulet judiciaire, il a cédé la quasi-totalité de son empire logistique africain à l’armateur MSC, empochant au passage un chèque faramineux de 5,7 milliards d’euroslinsoumission.fr. Tel un rat quittant le navire avec son magot, le prédateur breton s’est éloigné des projecteurs, laissant derrière lui un champ de ruines et d’enquêtes en cours. Car la justice, elle, ne l’a pas oublié : en 2024, le parquet national financier a requis le renvoi de Vincent Bolloré en procès pour corruption liée à l’obtention frauduleuse des ports de Lomé et Conakrylinsoumission.fr. Pendant des années, Bolloré aurait utilisé sa filiale Havas (ex-Euro RSCG) pour influencer clandestinement les élections togolaises et guinéennes de 2010 en faveur de candidats complaisants – une faveur échangée contre les concessions portuaireslinsoumission.fr. Pris la main dans le sac, le magnat a tenté un accord de plaider-coupable (CRPC) pour éviter le scandale d’un procès, mais le tribunal l’a heureusement refusélinsoumission.fr. Le voilà désormais rattrapé par ses propres manœuvres. Que lui reste-t-il, sinon ses médias pour clamer son innocence et accuser quiconque ose le critiquer ?
La vacuité morale d’un capitalisme cynique
Au terme de ce réquisitoire, une conclusion s’impose : Vincent Bolloré est le symbole achevé d’un capitalisme sans foi ni loi, sans vision ni âme. Son empire n’a produit ni progrès social, ni développement durable, ni innovation porteuse d’espoir. Il n’a semé que la division, la régression démocratique et le pillage, ne laissant derrière lui que misère et silence. C’est un capitalisme prédateur à l’état brut, décomplexé, qui ne connaît d’autre moteur que la cupidité familiale et d’autre horizon que l’enrichissement personnel.
Bolloré prétend défendre la patrie et les racines françaises à travers ses tribunes médiatiques ; mais il a lui-même renié toute attache morale, toute responsabilité envers la nation et l’humanité. Sa patrie à lui, c’est son compte en banque. Son honneur, il l’a vendu au diable du profit. Sa conscience, il l’a étouffée sous des monceaux de dividendes. En glorifiant un passé fantasmé tout en pillant le présent, en prêchant la vertu nationale tout en pratiquant le vice transnational, Bolloré incarne le triomphe du cynisme sur la cohérence, du calcul sur la conscience.
Il faut le dire sans détour : un tel système est moralement vide, incapable de produire la moindre dignité humaine ou le moindre bien commun. Il se nourrit de la misère qu’il engendre et du silence qu’il impose aux victimes. Vincent Bolloré, dans sa brutalité froide et son double discours, apparaît comme le pur produit de ce capitalisme-là – un prédateur intégral, dépourvu d’âme, qui confond puissance et destruction. En dénonçant son œuvre, nous dénonçons plus largement une dérive du pouvoir économique prêt à tout, y compris à s’acoquiner avec l’extrême droite, pour perpétuer ses privilègesmultinationales.org. Il est plus que temps de mettre un coup d’arrêt à cette féodalité financière qui menace nos démocraties et pille les plus faibles à son seul profit.
En définitive, le cas Bolloré doit nous ouvrir les yeux : derrière les sourires de façade et les promesses d’“investissement”, c’est un système prédateur et cynique qui prospère, un système dont Vincent Bolloré n’est que le visage le plus caricatural. Le dénoncer haut et fort est un devoir. Opposons au silence qu’il affectionne la clameur de la vérité, et à la résignation qu’il impose la révolte de la conscience. Ce n’est qu’à ce prix que l’on pourra enfin tourner la page de ces nouveaux seigneurs féodaux et redonner un sens aux mots honneur, progrès et dignité.
Non, Monsieur Bolloré, la France et l’Afrique ne vous disent pas merci. Vous resterez dans l’histoire non comme un capitaine d’industrie, mais comme un profiteur colonial moderne, un fossoyeur de services publics, un homme qui a tout eu et qui n’a rien laissé – sinon l’amère leçon de votre propre vacuité. linsoumission.frlinsoumission.fr