Ce collectif, né sur les réseaux sociaux tels que Discord, TikTok et Instagram, reflète une génération en colère contre l'état des services publics, notamment la santé et l'éducation. Les manifestations ont éclaté après la mort tragique de six femmes enceintes à l'hôpital Hassan II d'Agadir, à la suite de césariennes effectuées dans des conditions jugées catastrophiques.
Le mouvement se veut une réponse à un constat partagé : les jeunes marocains, qui représentent plus du tiers de la population, sont trop souvent marginalisés dans les décisions politiques, économiques et sociales. Ce mouvement propose donc de redonner une place centrale à cette génération, non pas seulement comme force de contestation, mais surtout comme moteur de réforme pacifique et responsable.
Liberté, Dignité, Justice sociale
Les appels à la liberté, dignité et justice sociale avaient marqué l'espace public, mais beaucoup de jeunes estiment que les promesses de réformes n'ont pas abouti aux changements espérés. GENZ212 prend acte de ces limites, tout en affirmant une nouvelle voie : une stratégie de dialogue, il ne s'agit pas d'un discours abstrait, mais d'un programme concret répondant à des besoins quotidiens de la population marocaine.
Les revendications sont claires : une réforme en profondeur du système de santé, une éducation de qualité accessible à tous, la lutte contre la corruption et une meilleure gestion des fonds publics. Les manifestants dénoncent également les dépenses colossales allouées à des événements sportifs internationaux, comme la Coupe du Monde 2030, alors que les infrastructures de base se détériorent.
Le constat alarmant de la jeunesse
Le collectif pointe du doigt les fractures profondes de la société marocaine. Dans l'éducation, il dénonce des classes surchargées et des programmes à la traîne, et propose de moderniser les cursus avec le numérique, l'intelligence artificielle et l'anglais, tout en construisant des écoles dans les zones rurales, là où la jeunesse est la plus isolée. Dans la santé, le constat est tout aussi alarmant : hôpitaux débordés, manque de médecins, inégalités criantes d'accès aux soins. La modernisation des structures régionales et le soutien à l'industrie pharmaceutique locale apparaissent comme des impératifs pour garantir à chaque Marocain un service de santé digne et accessible. Les revendications touchent aussi à la vie quotidienne, telles que le logement social, les transports publics fiables, l'accès à l'eau potable et l'intégration des personnes handicapées.
Enfin, sur le plan économique, le mouvement appelle à plafonner les prix des produits de première nécessité, porter le SMIG à 4 000 dirhams, combattre les monopoles et soutenir les PME. Une critique directe d'un modèle économique qui profite à une minorité tout en laissant une jeunesse surqualifiée et au chômage.
Entre vitrine internationale et réalité sociale
Le mouvement se distingue par son caractère apolitique et sa structure décentralisée. Les organisateurs insistent sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une opposition à la monarchie, mais d'une demande légitime pour des conditions de vie décentes. À l'approche du Mondial 2030, que le Maroc co-organisera avec l'Espagne et le Portugal, le pays redouble d'efforts pour soigner son image à l'international. Entre campagnes de communication, projets d'infrastructures et discours officiels, il se présente comme une nation moderne et ambitieuse. Mais derrière cette vitrine, la réalité sociale reste marquée par des inégalités profondes et des difficultés quotidiennes que dénonce le mouvement.
C'est précisément cette contradiction que le mouvement GENZ212 met en lumière. Porté par une jeunesse consciente et connectée, il rappelle que derrière les vitrines officielles, la population marocaine continue de faire face à des difficultés structurelles : des écoles surchargées, des hôpitaux débordés, des inégalités territoriales criantes et un chômage des jeunes qui reste massif. Le mouvement souligne que tant que ces réalités ne seront pas prises en compte, le Maroc ne pourra prétendre à une véritable modernité.
La dignité ne doit pas être un privilège, mais un droit pour tous.
Il est essentiel de voir une jeunesse qui ne se contente plus de ce décalage entre l'image dorée que le Maroc projette au monde et la réalité que ses citoyens vivent au quotidien. Ce n'est pas un mouvement de contestation violente, mais une voix qui appelle à la dignité, à la justice sociale et à une réforme sincère.
En cela, il révèle un paradoxe central : un Maroc qui cherche à séduire la planète, mais qui doit d'abord convaincre sa propre jeunesse qu'elle a un avenir digne dans son pays.