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Toujours cette émotion contenue mais vive qui arrive là, quelque part à l’intérieur, en votant. Un acte de liberté que certains payent de leur vie pour espérer, ne serait-ce qu’un jour, l’essayer. Je suis allée voter en compagnie de mes parents. Eux qui m’ont fait grandir dans une intelligence de l’autre, dans une humanité partagée, dans l’écoute et surtout dans la considération de l’autre dans ce qu’il est. En cette fin de journée électorale, l’émotion est brutale, épineuse. Le sentiment d’être dans un temps que l’on ne comprend plus. Malgré cette épine, ne jamais céder à la résignation. L’enlever, faire front, tenir tête et tenir bon.
Pour Amnesty International, j’écris au quotidien sur les violations des droits humains. J’ai écrit récemment sur la loi « asile et immigration » votée en France contre les personnes exilées. La pire depuis des décennies. Une loi proposée par la « majorité » à bout de souffle s’obstinant à tenir tête pour prouver son existence. Leur plan de lumière : draguer les abysses des extrêmes.
La loi « asile et immigration » a fait passer des mesures de l’extrême droite, piétinant le droit du sol, menaçant les droits de celles et ceux venus chercher un parfum de liberté en guise de protection, guérison et reconstruction. Les mesures proposées par la majorité étaient anti-constitutionnelles. Une loi écrite à deux mains. À ce moment là, déjà, j’ai eu peur. 2027 n’était plus qu’une « simple » crainte lointaine, elle prenait soudain corps dans l’hémicycle.
La menace de 2027 qui planait hier encore pourrait sortir de l’ombre dans 20 jours. Essayer le pire pour le révéler et l’enterrer, quel pari fou ! Plutôt que de l’essayer, allons convaincre, pour l’éviter. Éviter que nos lois soient xénophobes, homophobes, sexistes, éviter que le sujet crucial de notre génération, l’urgence écologique, soit asphyxiée, éviter que nos manifestations transpirent la haine. Nous ne pouvons faire société sur la base du rejet de l’autre. Nous ne pouvons faire société lorsque l’arrogance est portée haut. Les gens qui n’arrivent plus à se débrouiller avec la vie ont besoin de souffle, de répit, plus jamais de mépris. Il a trop été vu ces dernières années.
Pour faire ou du moins tâcher de (re)faire société, revenons aux idées et aux idéaux qui font que nous aimons tant la France. Du courage, du verbe haut, vibrant d’humanité commune et partagée. Il est bon de rappeler que la plupart de nos droits fondamentaux ont été obtenus par des voix de gauche. Ramenons-les, pour le bien des idées et du débat que nous aimons. Débattre d’idées de gauche sera toujours plus éclairant et sain dans une démocratie que de débattre sur les « idées » de pourvoyeurs de haine. Elles ne sont pas et ne seront jamais l’identité de la France. Nous avons donc 20 jours. 20 jours pour l’union. En ces temps incertains, l’union est le mot certain dont nous avons besoin. Et elle est plus belle populaire, non ?