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Le Festival de cinéma de Douarnenez est né en 1978 à l’époque de grands rassemblements qui ont secoué l’histoire de la Bretagne et renforcé un vaste tissu associatif et militant. Ces luttes ont alors aiguisé l’intérêt et la solidarité envers les combats, les résistances d’autres peuples. Ce que l’on nommait « les minorités nationales ».
La notion de diversité culturelle, l’autre dans ses ailleurs, avait déjà tout son sens dès les premières projections, bien avant les longues négociations qui ont poussé un grand nombre de nations à signer la charte du même nom à l’Unesco il y a seulement quelques années.
Dès son origine le Festival s’est interrogé sur les revendications linguistiques, culturelles et politiques des minorités d’ailleurs, en écho au contexte de lutte pour la survie de la culture et de la langue bretonnes.
Cette notion de patrimoine des humains, celui de l’humanité, des langues, des cultures, des expressions singulières des peuples et des communautés, a traversé le festival, que ces peuples soient minorisés ou exclus, démantelés ou déportés, assiégés ou réduits au silence, parqués ou désocialisés, colonisés de tant de manières : soumis contre leur gré (les exemples sont légions) ou insoumis (ils le sont tout autant).
Beaucoup, parmi ces peuples, sont en reconstruction. Beaucoup tentent et parviennent à raconter leur propre histoire, par la littérature, par l’image et le film, par la musique, par les réseaux du type Internet.
Voilà la genèse du Festival de Douarnenez. Sa place singulière dans le concert des événements cinématographiques nationaux et internationaux.
36 ans plus tard, presque deux générations plus loin, la clameur du monde est toujours centrale et Douarnenez n’a pas cessé d’être un rendez-vous majeur du cinéma quand celui-ci convoque la création et la pensée collective, l’exploration du vacarme mondial, l’art et la critique.
Lors de la première édition, Douarnenez invite le cinéma du Québec, et découvre que la minorité francophone, majoritaire dans la province du Québec, stigmatise elle-même d’autres minorités : la seconde édition sera donc dédiée aux… amérindiens d’Amérique du Nord.
C’est ainsi que, de bobine en bobine, les éditions successives se sont construites. Par étapes, par encerclement des sujets, thèmes, géographies vivantes.
Rencontres, solidarités naissantes, passions, réflexions sur les cinématographies peu ou jamais diffusées, le festival a invité les peuples voisins (Pays celtiques, Pays Basque, Catalogne) et les peuples lointains (Tibet, Aborigènes d’Australie, Maoris), voisins et lointains à la fois (Berbères, Balkans, Caucase). Au-delà des frontières, il s’est préoccupé également de mettre en lumière des peuples sans territoires (Yddishland, Palestine, Kurdistan) tout en se penchant sur des thématiques plus transversales liées à l’état du monde et des sociétés (l’immigration, la mondialisation, les colonisations, les Sourds).
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Au coeur du Festival, le Festival se déroule à Douarnenez, port de pêche de 16 000 habitants à l’ouest de la Bretagne, à 15 minutes de Quimper.
Le coeur de la manifestation c’est la « Place du festival », où sont situés l’accueil du public et l’accueil des professionnels.
C’est une place chaleureuse et conviviale où se côtoient cinéastes, festivaliers et organisateurs. C’est là aussi que se tiennent des débats et que l’on trouve la librairie du festival, la restauration en plein air, et qu’ont lieu les animations de la semaine.
Les films/Les sections
Sur une semaine, sont programmés en moyenne 150 longs métrages ou courts métrages, fictions, films d’animation ou documentaires, cinéma ou vidéo.
C’est à Douarnenez que le cinéma en tant que moyen d’expression privilégié, en tant qu’art de création, est tribune pour donner la parole et l’image, le son et le mouvement à un peuple à travers des singularutés d’artistes. Tout le vocabulaire cinématographique se trouve projeté dans ce que le festival souhaite devenir, être, servir, autant dans le cadre que dans le hors champ du film et du monde, le récit filmique devenant le récit des Autres, la lumière utilisée rejoignant l’éclairage des humains, le montage parfait d’une séquence servant au démontage des mécanismes de survie d’une communauté d’humains comme des mécanismes qui l’asservissent.
Les archipels du festival.
Différentes sections viennent arborer cette semaine de festival : La Grande Tribu est un hors champ du festival , libre, un chemin de traverse pour aborder des fronts en leur donnant une tribune.
Un Coup de chapeau à un réalisateur ou à une personnalité engagée
Une section qui existe depuis dix ans, consacrée à un invité – cinéaste, écrivain ...- reconnu pour ses engagements, son implication dans des luttes.
1999 : René Vautier
2000 : Jean-Michel Carré
2001 : Christophe de Ponfilly
2002 : Rithy Panh (Cambodge )
2003 : Malek Bensmaïl (Algérie )
2008 : François Maspero
2009 : Robert Kramer et hommage à Stéphane Hessel
2010 : Aung San Suu Kyi (Birmanie )
2011 : Frantz Fanon
2012 : FrançoisTosquelles
La culture des Sourds, nous intéresse dans un monde menacé d’uniformisation, où être sourd, c’est être différent. Depuis 4 ans, nous accueillons les Sourds au Festival, avec une volonté ferme d’inscrire ce rendez-vous dans la durée.
Notre projet est orienté d’une part vers l’accessibilité, là où les Sourds peuvent voir des films sous-titrés et assister à des débats interprétés. En clair, découvrir d’autres cultures au même titre que chaque festivalier. De plus, nous veillons à préserver un cadre de rencontres, de découvertes et d’échanges autour de la culture sourde pour tout le public du festival. Un trait d’union entre Sourds et Entendant, sans mise à distance ni différences…
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Un Festival pluriculturel, outre la programmation de films, d’autres expressions, en lien avec la thématique, sont aussi privilégiées.
La litterature , une journée littérature est organisée durant la semaine avec interventions d’écrivains et chercheurs spécialisés. Sous forme de stage, elle s’adresse non seulement aux professionnels mais aussi à un large public littéraire ou passionné de littérature.
Et durant toute la semaine, une librairie, avec une grande sélection d’ouvrages pour adultes et enfants, toujours en lien avec le thème, s’installe sur la place du festival.
Les expositions photographiques, pour explorer aussi l’image fixe. Regards, portraits, reportages... des photographes aux visions artistiques et/ou documentaires sont là pour temoigner, interpréter, explorer.
Les musiques
Parce que la musique est une autre façon de découvrir un peuple, nous organisons des concerts, et des rencontres musicales tout au long de la semaine : fest-noz et musiques actuelles.
Le concert final étant celui qui clôt l’hommage au peuple invité.
L’agora ou l’universite populaire, dès le matin, avec les petits déjeuners-débats de 10h à la MJC, face à la baie de Douarnenez.
Rencontres informelles avec les invités de la semaine.
Puis les débats incontournables et animés à 18h sur la place du festival, chaque jour de la semaine. Viennent y témoigner cinéastes, chercheurs, militants ou politiques selon le sujet.
Et enfin des rencontres, à chaque fois que c’est possible, avant et après les projections dans les salles et sur la place du festival.
Les animations enfants, une animation pour enfants et adolescents : une équipe mise en place en partenariat avec la Maison des Jeunes et de la Culture de Douarnenez propose, quotidiennement, des ateliers de création, et un accompagnement aux séances de cinéma.
Un festival convivial, au fil des ans, nous avons multiplié les accueils : salon de thé, bars à vins de petits producteurs, bar Diwan, restauration aux saveurs du pays invité, recettes du monde, accueil chez l’habitant, en particulier de nos invités !
Le festival... pendant l’annee organise également tout au long de l’année des projections, des débats, des rencontres, des tournées de films. Elle met également à la disposition de ses adhérents 4000 films et 1000 livres sur les minorités, dans le cadre d’un centre de ressources constitué au fil des ans.