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Billet de blog 26 août 2013

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2010 - 2013, Hélène Lee : les jeunes m’empêchent de prendre ma retraite !

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Août 2010 : Hélène Lee présente son film Le Premier Rasta à Douarnenez. « Pour nous, c’était miraculeux. Nous avions eu tant de peine à financer ce film, on nous avait systématiquement tourné le dos dans tant d’institutions... Le sujet des Rastas n’avait jamais été traité autrement que sous l’angle du pittoresque, de la dérision. Les gens ne connaissaient d’eux que le cliché dreadlocks et ganja. Or nous décrivions l’histoire d’une communauté des années 40, décidée à vivre à l’écart d’un monde en pleine dérive de surproduction et de sur-consommation, à l’écart du colonialisme. C’était un combat complètement actuel et fédérateur. Beaucoup de gens s’y sont reconnus, même s’ils ne fument pas de joints et n’écoutent pas de reggae ! » Les deux séances du festival avaient affiché complet, rendant un peu d’optimisme aux producteurs…

Aujourd’hui, Hélène Lee, journaliste et critique musicale depuis 30 ans, notamment au sein de Libération, continue à s’interroger sur les enjeux de la culture rasta.

« Il peut paraître curieux que personne, en Jamaïque, ne se soit jamais penché sur cette histoire. On ne peut espérer de la bourgeoisie jamaïcaine qu’elle  s’intéresse à la minorité rasta, qu’elle persécute et tourne en dérision depuis qu’elle existe. à ce problème s’ajoute celui de la Caraïbe : le marché de chaque île est trop petit pour supporter une industrie cinématographique indépendante. Malgré l’essor de la culture et des arts de la Jamaïque, il y a très peu de films produits par des Jamaïcains. « The Harder They Come », le film de Perry Henzell présenté à Douarnenez en 2010, archétype du cinéma jamaïcain, reste le seul grand film de fiction à l’échelle internationale, parmi une poignée de productions plus médiocres et basées toutes, plus ou moins, sur la musique et une image stéréotypée des Rastas (Rockers, Countryman, Dancehall Queen...) »

Mais ces dernières années ont vu cependant l’émergence d’une production jamaïcaine plus aventureuse, qui ne se contente pas des clichés pittoresques. Il y a maintenant des films qui traitent de la violence dans les ghettos (« Third World Cop » de Chris Browne), de l’esprit d’entreprise des Jamaïcains (« Out of Many One People » de Justine Henzell) et l’on a enfin sorti le beau film posthume de Perry Henzell, « No Place Like Home », qui traite du sujet délicat des touristes étrangères déstabilisées par la sensualité tropicale. Sans omettre un documentaire remarquable d’une chercheuse jamaïcaine, traitant du massacre des Rastas par l’armée en 1963 (« Bad Friday ») mais - il fallait s’y attendre – le financement en est étranger.

« Quant au Premier Rasta, après quelques 10 000 entrées en salle, il continue sa carrière de festival en festival, d’association en association, porté par la curiosité du public dans le désert médiatique  qui entoure le sujet de la culture rasta. D’autant que les derniers témoins de cette histoire sont tous presque centenaires – quatre des interviewés du film ont disparu depuis sa sortie...

Depuis 2010, je n’ai jamais cessé de tourner et de débattre, tant sont fascinantes les réactions des gens, tant sont diverses les projections. Récemment, 11 spectateurs à Montréal, 500 à St Félix de Paillhères, un petit village des Cévennes… Un public jeune, en quête d’alternatives. J’ai l’impression d’apprendre avec tous ces jeunes, je voudrais prendre ma retraite, mais je ne peux pas ! »

Pour ceux qui voudraient continuer le voyage en Jamaïque avec Le premier rasta : http://www.rootsblogreggae.com/

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