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Billet de blog 30 août 2013

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J - 6: Un peu de poésie...

Aujourd'hui Le Kezako se plonge dans l'univers des femmes rroms, de la poésie et de la roulotte...

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Aujourd'hui Le Kezako se plonge dans l'univers des femmes rroms, de la poésie et de la roulotte...

Rromni, féministe et antifasciste : le combat de Borka Vasić

Être une femme rrom n’est jamais facile : aux discriminations issues de la société environnante, s’ajoutent les difficultés particulières liées aux traditions patriarcales des communautés rroms. Leader des mobilisations des Rroms de Belgrade, Borka Vasić casse les clichés.

Violences conjugales, mariage précoce et forcé des petites filles : d’innombrables exemples renvoient l’image de sociétés figées dans leurs archaïsmes. Ce tableau « folklorique », qui conforte le regard porté sur les Rroms par la société environnante, renvoie pourtant moins à des particularités « ethniques » qu’à la réalité sociale de communautés souvent peu éduquées et socialement défavorisées.

Militante féministe rrom de Belgrade, membre de l’association antifasciste des Femmes en noir (Žene u crnom), Borka Vasić rappelle qu’à l’époque de la Yougoslavie de Tito, de telles discriminations n’avaient pas cours : les mariages « mixtes » étaient naturels, et l’accès à l’éducation était garanti pour tous. C’est avec la montée des nationalismes et l’éclatement de la Fédération que le retour en arrière s’est opéré.

Victime de la violence conjugale dans son second mariage, Borka a pu divorcer en 2006, après avoir rencontré le mouvement féministe serbe, mais elle s’est alors retrouvée à la rue. Une responsable des services sociaux lui avait lancé : « on ne peut rien pour toi, va donc chez les tiens dans les bidonvilles ». Les Rroms du camp de Belvil, à Novi Beograd, les quartiers modernes de la capitale serbe, l’ont alors accueillie. Borka vit toujours dans ce bidonville.

« C’est dans ce camp que j’ai pris conscience qu’il fallait que je me batte pour mes droits et ceux des autres femmes. En effet, je me suis vite aperçue qu’il se passait de drôles de choses dans ce camp. En 2008, un groupe, lié à la mafia mais aussi à la mairie de Belgrade et au promoteur immobilier Miroslav Mišković, semait la terreur : des jeunes femmes et des enfants disparaissaient, victimes de réseaux de trafiquants. Les rares femmes qui osaient protester étaient menacées de viols collectifs. Borka a réussi à organiser la résistance.

« En 2009 », raconte Borka, « les autorités ont décidé de raser le bidonville, de détruire nos baraques, tout ce que nous avions. Les Femmes en noir, une association de femmes qui ont dénoncé les guerres de Bosnie et du Kosovo, ont été les premières à s’engager pour nous défendre. Depuis je suis devenue moi aussi une Femme en noir. Personne ne pouvait accéder au camp, caché des regards par de grandes barrières, mais nous avons diffusé des photos de la destruction du camp sur YouTube, d’autres ONG nous ont alors aidé, Amnesty International et bien d’autres.  Les gens des autres camps sont venus me voir, il y a au moins 160 bidonvilles à Belgrade ».

Aujourd’hui, Borka est une militante des droits des femmes. Si les hommes tentaient de s’opposer à la police, aux vigiles de sécurité ou aux « gros bras » de la mairie de Belgrade, mené par un Rrom du Kosovo, Enver Kovaći, ils risquaient d’être arrêtés. Borka a compris qu’il serait plus facile que les femmes prennent elles-mêmes la tête de la résistance. 53 familles l’ont suivi, et leurs baraques n’ont pas été détruites, même si le relogement promis se fait toujours attendre.

Avec les femmes en noir, Borka multiplie les actions. « Nous venons en aide aux femmes Rroms en difficulté. Elle sont souvent illettrées et ne connaissent pas leurs droits. Nous sommes très actives en Voïvodine, où 70% des femmes rroms ont fait des études. Nous intervenons partout en Serbie, à Niš, à Vranje ou à Preševo, dans le sud du pays. Les jeunes femmes sont  très réceptives. Nous allons dans les écoles et les lycées pour parler de l’égalité entre hommes et femmes, que cela concerne les Rroms, les Serbes ou les Albanais…

Pour Borka, le combat féministe et celui pour les droits des Rroms sont indissociables. « Les luttes pour les droits des uns et des autres ne doivent pas être séparées », conclut-elle. « Au contraire, elles prennent tout leur sens en se rejoignant, et il y a une chose que la vie m’a apprise : les femmes doivent être fortes parce que les hommes ont peur des femmes fortes ».

Le site des Femmes en noir de Belgrade : http://www.zeneucrnom.org

Entre oralité et écrit : La littérature tsigane

Aujourd’hui se tenait la Journée Littérature autour de la relation entre écrit et oral dans la culture Rrom et Manouche. 

Christian Ryo, animateur de la journée pose, d’entrée de jeu, l’écrit comme une forme de domination. Notre Constitution indique que « nul n’est censé ignorer la loi ». Par cette phrase on comprend mieux les campagnes répétitives de lutte contre l’illettrisme visant à « un contrôle des citoyens par le pouvoir ». Le terme d’illettrisme est créé dans les années 70 par l’association catholique ATD Quart-Monde et repris dans les années 80 sous le gouvernement Mitterrand avant de faire son entrée dans le dictionnaire. Si le terme « illettré » est bien plus ancien, il définit à l’origine les clercs ne sachant ni lire, ni écrire en latin. De plus, l’écrit est souvent associé à la pensée ; les Tsiganes, distants de l’écriture, sont donc régulièrement mis au ban de l’univers de la pensée. On leur prête par contre volontiers une tradition orale. « La tradition orale est un concept fleuve, martèle  Jean-Luc Poueyto. Parlerait-on de tradition orale chez des illettrés non-tsiganes ? »

Le poème, des mots en musique

La littérature tsigane est essentiellement constituée de biographies et de récits. Matéo Maximoff fait exception. Né d’une mère manouche et d’un père kalderash, il est l’auteur d’une douzaine de fictions. Sa fille reprend le flambeau, comme conteuse. « Mon père écrivait en français d’abord, pour être lu, puis traduisait ses romans en rromani. Il était aussi un excellent conteur et orateur. » Après la mort de son père en 1999, Nouka découvre des poèmes. « Il en avait publiés dans les années 70-80, mais ceux-là datent d’après-guerre. Certains sont en français, d’autres en bilingue, sans doute pour qu’ils puissent être lus par des Rroms ». Ses écrits, personnels, amoureux, ne visaient pas à être publiés. « C’est pourquoi je les transmets à travers une lecture », précise Nouka Maximoff. En exclu, voici un extrait du poème « Les Fantômes »

« Mon fantôme il est poète

Il déteste la rime

Il aime la liberté

Et préfère la noirceur de la tombe

A la chaîne du château »

Lecture de poèmes de Matéo Maximoff, vendredi, à 17h, à la librairie du festival

LA ROULOTTE, LE LIEU TSIGANE PAR EXCELLENCE

Maison mobile aux horizons sans cesse renouvelés, la roulotte est LE lieu par excellence pour les tsiganes, les gitans, les forains, les circassiens, les voyageurs...Même quand ils ont opté, de gré ou de force, pour la sédentarité ou pour la modernité d'une caravane rutilante Fendt ou Tabbert, ils gardent dans la tête et le cœur les roulottes et chariots d'antan. Les premiers chariots utilisés comme habitations n'apparaissent réellement qu'au 19ème siècle en Europe, la roulotte de bois ne devenant commune qu'à la fin de ce même siècle. Les maisons sur roues varient en fonction des pays et régions et du statut social des occupants, car la roulotte est signe extérieur de richesse ou de pauvreté: verdines aux couleurs vives en tôle galvanisée ou en bois sculpté comme la mythique Pont-du-Château des années 1950, Baroques anglaises Readings et Burtons, Bow Tops d'Irlande en forme de tonneaux, Charrettes bâchées du Portugal, modeste camping de ferrailleur ou "palace" de forain aisé... Elles sont tirées par des chevaux puis par des vans d'artisans ou des Mercedes.
Les roulottes à l'ancienne sont fabriquées par des carrossiers spécialisés, connus pour leur habileté pour les sculptures extérieures et l’ingéniosité des aménagements intérieurs, le châssis étant construits à part. Chaque recoin de l'espace compte. On trouve notamment un lit surélevé en alcôve, les enfants dormant parfois dans le coffre situé en dessous et des poêle à bois ou à charbon permettant de se chauffer et de faire la cuisine. Mais pour les habitants de roulotte ou de caravane, la vie quotidienne se passe bien souvent à l'extérieur, quand le temps le permet. Ainsi on dort à l'extérieur, les enfants s'enroulent dans de gros édredons, trop heureux d'être à l'air. La cuisine se fait au feu de bois, les discussions et les repas se déroulent aussi bien souvent entre les roulottes ou caravanes. Et si un gitan ou un forain meurt dans sa roulotte ou sa caravane, celle-ci peut être brûlée et en tout cas, par respect pour le mort et par superstition, elle ne pourra être revendue à un autre membre de la communauté, seulement à un gadjé. De nos jours, alors que le monde de la route peine à survivre, les roulottes ont presque totalement disparu. Vestiges d'un monde englouti sous le rouleau compresseur des sédentaires, quelques unes ont été figées dans le monde des gadjé (non-tsiganes) en étant transformée en chambres d'hôtes ou louées tractées par des chevaux pour des tournages ou à des touristes en mal d'exotisme.
Isabelle Ligner, Dépêches Tsiganes

Rromni, féministe et antifasciste : le combat de Borka Vasić

Être une femme rrom n’est jamais facile : aux discriminations issues de la société environnante, s’ajoutent les difficultés particulières liées aux traditions patriarcales des communautés rroms. Leader des mobilisations des Rroms de Belgrade, Borka Vasić casse les clichés.

Violences conjugales, mariage précoce et forcé des petites filles : d’innombrables exemples renvoient l’image de sociétés figées dans leurs archaïsmes. Ce tableau « folklorique », qui conforte le regard porté sur les Rroms par la société environnante, renvoie pourtant moins à des particularités « ethniques » qu’à la réalité sociale de communautés souvent peu éduquées et socialement défavorisées.

Militante féministe rrom de Belgrade, membre de l’association antifasciste des Femmes en noir (Žene u crnom), Borka Vasić rappelle qu’à l’époque de la Yougoslavie de Tito, de telles discriminations n’avaient pas cours : les mariages « mixtes » étaient naturels, et l’accès à l’éducation était garanti pour tous. C’est avec la montée des nationalismes et l’éclatement de la Fédération que le retour en arrière s’est opéré.

Victime de la violence conjugale dans son second mariage, Borka a pu divorcer en 2006, après avoir rencontré le mouvement féministe serbe, mais elle s’est alors retrouvée à la rue. Une responsable des services sociaux lui avait lancé : « on ne peut rien pour toi, va donc chez les tiens dans les bidonvilles ». Les Rroms du camp de Belvil, à Novi Beograd, les quartiers modernes de la capitale serbe, l’ont alors accueillie. Borka vit toujours dans ce bidonville.

« C’est dans ce camp que j’ai pris conscience qu’il fallait que je me batte pour mes droits et ceux des autres femmes. En effet, je me suis vite aperçue qu’il se passait de drôles de choses dans ce camp. En 2008, un groupe, lié à la mafia mais aussi à la mairie de Belgrade et au promoteur immobilier Miroslav Mišković, semait la terreur : des jeunes femmes et des enfants disparaissaient, victimes de réseaux de trafiquants. Les rares femmes qui osaient protester étaient menacées de viols collectifs. Borka a réussi à organiser la résistance.

« En 2009 », raconte Borka, « les autorités ont décidé de raser le bidonville, de détruire nos baraques, tout ce que nous avions. Les Femmes en noir, une association de femmes qui ont dénoncé les guerres de Bosnie et du Kosovo, ont été les premières à s’engager pour nous défendre. Depuis je suis devenue moi aussi une Femme en noir. Personne ne pouvait accéder au camp, caché des regards par de grandes barrières, mais nous avons diffusé des photos de la destruction du camp sur YouTube, d’autres ONG nous ont alors aidé, Amnesty International et bien d’autres.  Les gens des autres camps sont venus me voir, il y a au moins 160 bidonvilles à Belgrade ».

Aujourd’hui, Borka est une militante des droits des femmes. Si les hommes tentaient de s’opposer à la police, aux vigiles de sécurité ou aux « gros bras » de la mairie de Belgrade, mené par un Rrom du Kosovo, Enver Kovaći, ils risquaient d’être arrêtés. Borka a compris qu’il serait plus facile que les femmes prennent elles-mêmes la tête de la résistance. 53 familles l’ont suivi, et leurs baraques n’ont pas été détruites, même si le relogement promis se fait toujours attendre.

Avec les femmes en noir, Borka multiplie les actions. « Nous venons en aide aux femmes Rroms en difficulté. Elle sont souvent illettrées et ne connaissent pas leurs droits. Nous sommes très actives en Voïvodine, où 70% des femmes rroms ont fait des études. Nous intervenons partout en Serbie, à Niš, à Vranje ou à Preševo, dans le sud du pays. Les jeunes femmes sont  très réceptives. Nous allons dans les écoles et les lycées pour parler de l’égalité entre hommes et femmes, que cela concerne les Rroms, les Serbes ou les Albanais…

Pour Borka, le combat féministe et celui pour les droits des Rroms sont indissociables. « Les luttes pour les droits des uns et des autres ne doivent pas être séparées », conclut-elle. « Au contraire, elles prennent tout leur sens en se rejoignant, et il y a une chose que la vie m’a apprise : les femmes doivent être fortes parce que les hommes ont peur des femmes fortes ».

Le site des Femmes en noir de Belgrade : http://www.zeneucrnom.org

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.