Le Festival de Cinéma de Douarnenez consacré cette année aux Rroms, Tsiganes et Voyageurs se termine aujourd'hui. Si les réjouissances sont justifiées au vu de la grande réussite de cette semaine, une question primordiale se pose cependant. Que se passera-t-il pour les voyageurs une fois le chapiteau démonté ? De l’avis des voyageurs, ce Festival aura réveillé des consciences sur les aires d’accueil où des associations devraient voir le jour pour défendre la cause des gens du voyage. Mais l’avenir est encore incertain. Aujourd’hui sur la radio « Vos gueules les mouettes », Nara Ritz revenait sur ses inquiétudes concernant la proposition de loi du député PS Dominique Raimbourg, présenté le 17 juillet 2013 à l’Assemblé Nationale. Celle-ci propose entre autres d’abolir la loi de 1969 sur les titres de circulation et le seuil des 3% fixant le nombre de voyageurs pouvant être rattaché à une commune. Elle devait être examinée à la rentrée parlementaire, mais les voyageurs s’inquiètent d’un possible report de l’examen de cette loi après les municipales. L’échéance municipale, selon le souhait de Nara et des associations de voyageurs, pourrait servir à porter les revendications sur la scène publique, par leurs propres voix et loin des clichés qui circulent actuellement dans ce climat délétère en France. Afin de montrer leur bonne volonté, Nara et les voyageurs ont tenu aujourd’hui à aller remercier le Maire de Douarnenez pour le retrait de la barrière.
Merci à tous, et pour retrouver des articles du Kezako, le journal du Festival, mais aussi des interviews et autres billets d'humeur:
La webradio douarneniste "Vos gueules les mouettes" propose en podcast ses émissions consacrées au Festival, avec interviews, musique, humour,... www.vosgueules-lesmouettes.com/
Le Courrier des Balkans, partenaire du Kezako et du Festival, spécialiste des Balkans: balkans.courriers.info/
Pour tout savoir sur les gens du voyage, Dépêches Tsiganes, partenaire du Kezako et du Festival: www.depechestsiganes.fr/
Et pour reécouter les enregistrements réalisés dans le taxiphone d'"Etrange miroir" sur la place du Festival: http://etrangemiroir.org/
J’ai même rencontré des gens, comme vous et moi !
Dernière nouvelle... Une vraie !
Des gens de partout et même de n’importe où. Tsiganes ou Gadjé, Roms de Bohême et de Moldavie, Gitans et Manouches, enfin des gens d’ailleurs, de là-bas, de très loin, voire d’ici même, de chez nous. Oui, je vous assure, j’en ai rencontré et croyez-le bien, pas tout seul. Ni pour rien. Pas seulement pour se croire, à peine se dévisager, ne faire que s’entrevoir, à peine se voir. Non ! Pour se regarder vraiment, les yeux dans les yeux ou presque, se prêter attention, apprendre à se parler, avec de vraies paroles, ni sourdes ni muettes. Confronter des points de vues et partager de bons moments. Se rendre compte enfin, qu’on est tous - même différents - un peu semblables. Tous frères. Nous sommes pareils ! Vous, moi, nous, tous. Allons ! Il est temps de se tendre la main. Ou la joue. L’Autre est chacun de nous.
Pierre Favre
Un lieu, une histoire
Montreuil et Saint-Denis : six siècles de présence rrom
C’est michto ! À Montreuil-sous-Bois, ville d’un peu plus de 100.000 habitants accrochée au sud-est de Paris, tout le monde connaît cette expression argotique venue du rromani. Pour les non-initiés, ça veut dire « c’est bien ». Il faut dire qu’ici, les Rroms sont chez eux, installés depuis le début du XVe siècle. Le 17 août 1427, 100 à 120 hommes, femmes et enfants, qui disent être des pèlerins pénitents originaires d’Égypte, recommandés par le pape, se présentent à Paris. On les autorise à séjourner à la Plaine-Saint-Denis. Ces étranges voyageurs, qui portent des anneaux à l’oreille, disposent également de lettres de recommandations signées du Roi de Bohème, ce qui leur vaut le surnom de bohémiens. Intrigués par leur peau mate et leurs curieux atours, les curieux se précipitent, d’autant que les nouveaux venus excellent dans l’art de lire l’avenir dans les lignes de la main.
Six siècles plus tard, la municipalité de Seine-Saint-Denis dirigée par Dominique Voynet (EELV), est en pointe dans l’intégration des migrants rroms venus des Balkans, principalement de Roumanie et de Bulgarie. En 2010, Montreuil a mis en place une Maîtrise d’œuvre urbaine et sociale (Mous), un dispositif transitoire qui permet d’assurer un hébergement d’urgence sur deux sites avec l’objectif de faire entrer ces nouveaux arrivants dans le « droit commun » : accès aux soins, scolarisation des enfants, accompagnement vers l’emploi et obtention d’un logement pérenne. Contrairement aux autres villages d’insertion, il n’y a pas de filtrage des entrées et sorties. Du côté du Front de Gauche, on regrette néanmoins une action qui « ressort plus de la charité que de la solidarité républicaine ». Une réserve que partage le directeur de la Fnasat, Laurent El Ghozi. « Il est difficile de montrer du doigt » la Mous, explique-t-il avant de juger qu’il s’agit cependant d’une « fausse bonne solution ». Parce que « ce genre de projet consacre l’ethnicisation ».
Actualité
Enfin la vérité sur les enfants rroms d’Albanie « disparus » en Grèce
En 2004, alors qu’Athènes se préparait à organiser les Jeux Olympiques, 502 enfants rroms originaires d’Albanie, hébergés dans un centre dépendant du gouvernement grec, ont « disparu ». Aucune information n’a jamais été donnée sur le sort de ses enfants, mais la députée Maria Yannakaki, du petit parti de la Gauche démocratique (Dimar) a interpelé le mois dernier le ministre de la Justice, Charalambos Athanassiou, qui vient d’indiquer qu’une enquête allait être relancée.
Trafic de bébés. Les parquets d’Ajaccio et de Marseille ont ouvert une information judiciaire sur un trafic présumé de bébés roms, ont indiqué, vendredi 30 août, des sources judiciaires. Plusieurs personnes impliquées à Marseille dans ce trafic présumé devraient être déférées dans la journée au parquet de Marseille, qui a ouvert une information judiciaire en juillet.
Discriminations en Bosnie-Herzégovine. Depuis 2009, la Bosnie-Herzégovine dispose d’une loi anti-discriminations. Toutefois, selon une étude récente, seuls 36% des citoyens du pays connaissent l’existence de cette loi, alors que 86% estiment que les discriminations sont le principal problème de la Bosnie. Les principales victimes des discriminations sont les Rroms et les personnes avec handicap.