Voici quelques images des lieux stratégiques du centre de conférence: la terrasse du café central, une interview télévisée sous les palmiers, des discussions à l’ombre, ou encore le Pavillon Chinois, d’où je sors d’un remarquable Side Event «Comment avoir un développement vert dans les villes chinoises, qui ne cessent de croitre à très grande vitesse». (sur notre blog durban2011.wordpress.com)
Aujourd’hui, c’est l’effervescence à Durban. J-3 avant la fin de la conférence et il est hors de question que ces deux semaines se soldent par un échec. Les ministres de l’environnement des 194 pays sont arrivées, les textes doivent être maintenant finalisés.
J’ai le sentiment que trois choses doivent être sérieusement prises en compte :
D’abord le prolongement du protocole de Kyoto, mais pas à n’importe quel prix. La question des excédents de quotas carbone sur le marché européen doit être abordée. En effet, certains pays, notamment la Russie et l’Ukraine, n’ont pas utilisé tous les quotas affectés par le Protocole de Kyoto. Il ne faut pas que les crédits non utilisés lors de la première phase puissent être reportés dans la deuxième période du protocole de Kyoto. Cela pourrait limiter considérablement l’impact qu’aurait une deuxième période d’engagement.
Deuxième point, les questions concernant le Fonds Vert. Ce fonds a été créé à Copenhague afin de financer l’adaptation des pays en développement au changement climatique et la lutte contre le changement climatique.
Ce fonds doit absolument être géré par les autorités publiques qui encadrent le secteur privé, afin qu’il ne devienne pas une grande banque d’investissement focalisé sur les segments rentables uniquement. Il y a aussi un gros enjeu actuellement sur la question de la répartition entre la lutte contre les changements climatiques et l’adaptation : il faut que ce partage se fasse de manière équitable (moitié, moitié) afin de les pays les plus vulnérables aient vraiment les moyens de faire quelque chose.
Je viens de rencontrer notre ministre Nathalie Kosciusko-Morizet, fraichement arrivée à Durban, elle a pris le temps de recevoir les ONG de développement et environnementales. Notre but était de faire passer les messages clés sur la question de la forme légale du traité (il faut un protocole ratifiable plutôt qu’une énième déclaration politique), du niveau d’ambition de réduction des émissions qui est trop faible (il faut qu’a minima soit reconnu le fossé aujourd’hui entre ce qui est sur la table et ce que la science recommande) ainsi que les autres sujets que j’ai abordés plus haut.
La Ministre nous a fait savoir qu’elle était plutôt encourageante sur l’avancée des négociations et sur les avancées de la position chinoise (qui est prête à considérer un engagement contraignant). La France est très proactive pour pousser l’adoption des financements innovants pour le Fonds vert : taxe sur les transactions financières (celles-ci représentent aujourd’hui plus de 13 fois la taille de l’économie réelle !), sur le fuel des bateaux et avions. Les négociateurs français sont aussi fermes sur la question du non-report des quotas alloués pour la première période dans la seconde période. Nous n’avons pas eu de réponse très claire sur le trou qui existe aujourd’hui entre les financements immédiats promis jusqu'à 2012 et les financements à plus long terme d’ici à 2020.